Selon un sondage Ifop, seuls 44 % des électeurs français prévoient de se rendre aux urnes le 9 juin. Dans un scrutin européen marqué par l’abstention, le vote des jeunes sera particulièrement scruté. En 2019, leur mobilisation tardive avait fait grimper le vote écologiste. Feront-ils mentir les sondages en 2024 ?
Pour le spécialiste de l’opinion Jérôme Sainte-Marie : « Un ministre n’est pas censé être le spécialiste de son domaine »
Par Prescillia Michel
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Une experte de l’édition mais pas de la Culture
7 mars dernier, Françoise Nyssen donne une interview sur France Inter. La ministre y est notamment interrogée sur la réforme de l’audiovisuel. Lors de cet entretien en direct, elle répète à de nombreuses reprises « il faut y réfléchir/ il faut réfléchir », donnant dès lors l’impression de ne pas maîtriser les modalités de cette réforme phare pour son ministère.
Pour Charlie Clarck, expert en communication orale, ce moment « traduit un malaise, avec ses mains qui viennent sans cesse se toucher l’une l’autre. Elle se sent très vite démunie face à la question ».
En revanche, quelques jours plus tard au Salon du Livre, la ministre semble beaucoup plus dans son élément, immergée dans un domaine qu’elle connaît bien : l’édition.
Mais pour le spécialiste de l’opinion Jérôme Sainte-Marie :
« De la voir aussi à l’aise dans ce rôle alors qu’elle ne l’est pas forcément tout le temps dans le reste de sa fonction, cela pose un vrai problème » : la légitimité de la fonction.
Les « cercles » d’amis de F. Nyssen et M. Schiappa
Autre ministre novice mais experte dans son secteur : Marlène Schiappa.
Dans son ministère, la secrétaire d’État s’entoure régulièrement de son « cercle » de startupeuses et d’entrepreneuses sur qui elle « teste » ses réformes.
Pour la politologue Isabelle Veyrat-Masson, Marlène Schiappa et Françoise Nyssen : « ont été choisies comme représentantes de la société civile, deux signes d’ouverture ». Un choix qu’elle ne juge pas judicieux car cela traduit pour cette spécialiste « une clôture : finalement, elles se referment sur leur monde à elles », à savoir l’édition et l’entreprenariat au féminin.
Ces deux femmes « sont des premières de cordées ». C’est en effet, le message d’Emmanuel Macron : « Elles symbolisent l’idée de la start-up nation, de l’exemplarité et si elles peuvent y arriver, tout le monde peut y arriver ».
L’austérité technocratique
Quant à la ministre de la Justice et celle des transports, elles sont jugées très compétentes par l’opinion comme le souligne Jérôme Sainte-Marie mais sur le terrain, dans les prisons pour l’une et avec les cheminots pour l’autre :
« elles manquent de langue de bois, elles n’ont pas la maîtrise du langage politique comme peut l’avoir des politiques plus aguerris. Elles sont donc démunies quand elles n’ont plus rien à dire » pour la politologue Isabelle Veyrat-Masson.
Mais alors qui s’en sort le mieux parmi ces novices ?
Pour Charlie Clarck, fondateur de Tartalacom, « il faudrait faire un mix entre la proximité de Marlène Schiappa et de Françoise Nyssen et l’autorité d’Élisabeth Borne et de Nicole Belloubet » car « le charisme, c’est de l’autorité et après on partage avec empathie ».
Retrouvez l’intégralité de l’émission Déshabillons-Les, Schiappa, Nyssen, Borne : Ministres en apprentissage, samedi 2 juin à 15h sur Public Sénat.