Pour les politologues, Macron « retrouve un peu d’oxygène »
Une posture "présidentielle" pour une prestation jugée réussie: les politologues interrogés par l'AFP ont salué la conférence de...

Pour les politologues, Macron « retrouve un peu d’oxygène »

Une posture "présidentielle" pour une prestation jugée réussie: les politologues interrogés par l'AFP ont salué la conférence de...
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Par Paul AUBRIAT et Ambre TOSUNOGLU

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Une posture "présidentielle" pour une prestation jugée réussie: les politologues interrogés par l'AFP ont salué la conférence de presse d'Emmanuel Macron jeudi, qui pourrait lui permettre, selon eux, de "retrouver un peu d'oxygène" et de corriger une image d'arrogance jusqu'alors persistante.

"L'idée d'un affaiblissement d'Emmanuel Macron a été un facteur important de la crise des +gilets jaunes+. Là, c'est tout le contraire, et tout le contraire de l'intervention du 10 décembre, lors de laquelle on le sentait tendu", note le président de PollingVox, Jérôme Sainte-Marie.

Le sondeur estime que "le président de la République donne l'impression d'avoir retrouvé la liberté de manœuvre: c'est extrêmement important en terme de rétablissement d'image".

Même analyse pour Jean-Daniel Lévy, directeur du département Politique et opinion de CSA: Emmanuel Macron n'a "volontairement pas répondu à toutes les questions, pour mettre en avant le Premier ministre, ça lui permet d'avoir plus d'espace et de ne pas tout de suite être mis en porte à faux".

"C'est moins de +Macron, démission+ et davantage de +Philippe, ça suffit+", résume-t-il, en soulignant la différence du président avec son prédécesseur, François Hollande, dont les conférences de presse se voulaient davantage détaillées.

Car sur la forme, le chef de l'État devait en premier lieu se défaire d'une perception d'"arrogance", pointée depuis plusieurs mois par les études d'opinion.

"Là, d'une manière globale, on a eu une personne humble", relève M. Lévy, lorsque M. Sainte-Marie estime qu'Emmanuel Macron s'est montré "très à l'aise".

"Il a beaucoup employé le terme +humain+ pour montrer qu'il avait entendu le message", renchérit encore la directrice d'études chez BVA Opinion, Christelle Crapelet.

"Formellement, c'est une prestation remarquable", ajoute le patron de PollingVox.

De même, le choix d'être installé à un bureau, comme les présidents De Gaulle et Mitterrand, et au contraire de MM. Sarkozy et Hollande, a donné à Emmanuel Macron une posture "professorale, et en même temps, un aspect de plus grande proximité, une posture moins verticale", constate Jean-Daniel Lévy.

- "Aucune inflexion" -

Sur le fond, les politologues mettent en évidence "un message exprimé à la droite de l'échiquier politique", notamment quant à la question de la baisse de l'impôt sur le revenu.

"Le changement va se traduire par une accélération et une radicalisation du quinquennat, c'est-à-dire profondément libéral", considère Jérôme Sainte-Marie, qui ne voit "aucune inflexion ou tournant".

Outre la question fiscale, "dans laquelle l'électorat de François Fillon en 2017 peut trouver une résonance assez importante"; sur la question du temps de travail, ça séduit beaucoup les retraités, soit presque 50% de ceux qui votent aux Européennes", observe-t-il.

"On ne peut pas trouver qu'il ait été méprisant, ou dépréciatif envers une catégorie de Français", estime encore le sondeur, selon qui la prestation permet au président de "retrouver un peu d'oxygène".

Christelle Crapelet estime également que le président de la République "s'adressait moins à la frange critique des +gilets jaunes+ qu'aux autres qui sont encore attentistes".

Elle se veut toutefois davantage prudente: "Les Français veulent surtout voir concrètement en quoi ils vont profiter, ce qui va changer dans leur quotidien".

"Il peut y avoir de l'attente parce qu'il n'a pas précisé qui sera concerné par la baisse de l'impôt sur le revenu", poursuit-elle, en notant que "ce qui est intéressant, c'est qu'il ne répond pas directement aux mesures symboliques demandées par les +gilets jaunes+ comme le vote blanc, le RIC, ou le rétablissement de l'ISF".

"Il n'y a pas forcément tant de mesures que ça, mais des orientations générales", abonde le directeur de CSA.

Le président a-t-il réussi l'exercice? "Je ne sais pas", répond Jean-Daniel Lévy. "Ce qui est certain, c'est qu'il n'a pas ouvert beaucoup de fronts."

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