Pour Olivier Py, Emmanuel Macron « impose son rythme et rempli les silences ».

Pour Olivier Py, Emmanuel Macron « impose son rythme et rempli les silences ».

Quel regard pose l’homme de théâtre, Olivier Py sur l’homme politique Emmanuel Macron ? De la mise en scène de ses meetings pendant la campagne à ses premiers pas de président sur le tapis rouge de l’Élysée le jour de la passation de pouvoir, le rideau se lève sur le style « Emmanuel Macron » au travers de quelques séquences qui ont marqué cette année politique.
Public Sénat

Par Marie Lebon et Pierre Bonte-Joseph

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« Un président jupitérien » qui impose son rythme.

7 mai 2017, large victoire d’Emmanuel Macron à la présidentielle… Au Carrousel du Louvre, soudain, le nouveau président de la République apparaît, seul. Un moment solennel décrypté par Olivier Py. « J’ai trouvé ça très réussi sur le plan dramatique, l’homme qui marche seul, qui impose son temps ».

Si les commentateurs sur les chaînes de télévision et à la radio parlaient pour remplir ce moment, « ce n’était pas du vide » pour le metteur en scène, « c’était du plein et c’est parce qu’il ne se passait rien que c’était du plein ». Occuper l’espace, imposer trois minutes de silence aux médias, une séquence jusqu’alors inédite saluée par le directeur du Festival d’Avignon. Une capacité déjà relevée sur ses images

Une séquence qui en rappelle une autre beaucoup plus ancienne : sur les images Emmanuel à 15 ans vêtu d’un chapeau de paille, et n’est pas encore Emmanuel Macron. Nous sommes en novembre 1993 à Amiens et le futur président joue des extraits de la Comédie du langage. Il déclame un texte entrecoupé déjà silences.

Pour Olivier Py tout y est ou presque : « Il est lyrique, c’est déjà lui, c’est déjà sa voix, il a un rapport au temps. Ce que l’acteur fait c’est imposer à la salle son  rythme intérieur et ça il le fait déjà…Il est bon il prend son temps il remplit les silences »

Olivier commente les images de la présidentielle
Olivier commente les images de la présidentielle

Un homme « bon dans l’improvisation » qui doit contrôler sa voix.

10 décembre 2016, premier grand meeting parisien d’Emmanuel Macron… Fin de discours, le candidat s’emporte, il parle de plus en plus fort et finit en hurlant. Est-ce de l’exaltation ?

Pour Olivier Py « non, mais il fait une erreur vocale en allant au-dessus de ses capacités. Suite à cela, il prend un coach, un chanteur d’opéra ». Un moment raté donc pour l’homme de théâtre, mais qu’Emmanuel Macron considère comme réussi car il a le mérite de « faire parler de lui ».

Cependant, comme le confie le metteur en scène à Hélène Risser « je pense qu'il était dans une forme de populisme et c’est dommage car ce n’est pas lui ».

Comme les comédiens qui se produisent sur les planches du Festival d’Avignon, Emmanuel Macron est bon sur une scène car il a une qualité que tous les politiques n’ont pas : « rester naturel face à un prompteur, comme dans une situation d’improvisation ».

Pour Olivier Py, « il est cultivé donc n’a pas besoin de hausser la voix ». Et en cette année électorale inédite, « il a réussi à combler ce désir ambigu des Français, élire un homme à la fois président normal et président jupitérien ».

 

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