Le chef de l'Etat a prononcé jeudi 25 avril à la Sorbonne un long discours pour appeler les 27 à bâtir une « Europe puissance ». À l’approche des élections européennes, son intervention apparait aussi comme une manière de dynamiser une campagne électorale dans laquelle la majorité présidentielle peine à percer. Interrogés par Public Sénat, les communicants Philippe Moreau-Chevrolet et Emilie Zapalski décryptent la stratégie du chef de l’Etat.
Pour Olivier Py, Emmanuel Macron « impose son rythme et rempli les silences ».
Par Marie Lebon et Pierre Bonte-Joseph
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« Un président jupitérien » qui impose son rythme.
7 mai 2017, large victoire d’Emmanuel Macron à la présidentielle… Au Carrousel du Louvre, soudain, le nouveau président de la République apparaît, seul. Un moment solennel décrypté par Olivier Py. « J’ai trouvé ça très réussi sur le plan dramatique, l’homme qui marche seul, qui impose son temps ».
Si les commentateurs sur les chaînes de télévision et à la radio parlaient pour remplir ce moment, « ce n’était pas du vide » pour le metteur en scène, « c’était du plein et c’est parce qu’il ne se passait rien que c’était du plein ». Occuper l’espace, imposer trois minutes de silence aux médias, une séquence jusqu’alors inédite saluée par le directeur du Festival d’Avignon. Une capacité déjà relevée sur ses images
Une séquence qui en rappelle une autre beaucoup plus ancienne : sur les images Emmanuel à 15 ans vêtu d’un chapeau de paille, et n’est pas encore Emmanuel Macron. Nous sommes en novembre 1993 à Amiens et le futur président joue des extraits de la Comédie du langage. Il déclame un texte entrecoupé déjà silences.
Pour Olivier Py tout y est ou presque : « Il est lyrique, c’est déjà lui, c’est déjà sa voix, il a un rapport au temps. Ce que l’acteur fait c’est imposer à la salle son rythme intérieur et ça il le fait déjà…Il est bon il prend son temps il remplit les silences »
Un homme « bon dans l’improvisation » qui doit contrôler sa voix.
Pour Olivier Py « non, mais il fait une erreur vocale en allant au-dessus de ses capacités. Suite à cela, il prend un coach, un chanteur d’opéra ». Un moment raté donc pour l’homme de théâtre, mais qu’Emmanuel Macron considère comme réussi car il a le mérite de « faire parler de lui ».
Cependant, comme le confie le metteur en scène à Hélène Risser « je pense qu'il était dans une forme de populisme et c’est dommage car ce n’est pas lui ».
Comme les comédiens qui se produisent sur les planches du Festival d’Avignon, Emmanuel Macron est bon sur une scène car il a une qualité que tous les politiques n’ont pas : « rester naturel face à un prompteur, comme dans une situation d’improvisation ».
Pour Olivier Py, « il est cultivé donc n’a pas besoin de hausser la voix ». Et en cette année électorale inédite, « il a réussi à combler ce désir ambigu des Français, élire un homme à la fois président normal et président jupitérien ».