Pour sa rentrée à Toulouse, La France insoumise se passe de Mélenchon
La France insoumise a pour la première fois lancé ses Universités d'été à Toulouse sans son leader charismatique Jean-Luc Mélenchon, resté au...

Pour sa rentrée à Toulouse, La France insoumise se passe de Mélenchon

La France insoumise a pour la première fois lancé ses Universités d'été à Toulouse sans son leader charismatique Jean-Luc Mélenchon, resté au...
Public Sénat

Par Baptiste BECQUART

Temps de lecture :

4 min

Publié le

Mis à jour le

La France insoumise a pour la première fois lancé ses Universités d'été à Toulouse sans son leader charismatique Jean-Luc Mélenchon, resté au Brésil pour rencontrer Lula, en prison. L'occasion de prouver que le mouvement peut "fonctionner" sans lui, assurent ses cadres.

Devançant les questions, le nouveau coordinateur Adrien Quatennens a lui-même abordé le sujet, vendredi en conférence de presse au Centre de Congrès Pierre Baudis où se tiennent les "Amfis" jusqu'à dimanche: "Il y a quelqu'un qui nous manque, et nous lui manquons".

"C'est l'occasion de faire, physiquement et en actes, la démonstration que Jean-Luc lui-même souhaite : qu'il n'y a pas besoin de son omniprésence pour que les choses fonctionnent", car "il a contribué à former d'autres générations militantes", a expliqué le responsable de 29 ans.

"Malgré son absence, nous savons qu'il est à la tâche pour le mouvement", a-t-il ajouté, en référence à la visite que M. Mélenchon va faire le 5 septembre à l'ancien président brésilien Lula, dans sa prison au Brésil.

Cette absence s'inscrit plus largement dans une prise de recul du chef de file insoumis, apparu marqué, au soir des élections européennes le 26 mai, par le score très faible de 6,3% de LFI - loin de ses 19,58% à la présidentielle -, malgré une campagne où il s'est beaucoup impliqué.

Le député LFI Adrien Quatennens le 16 juillet 2019 à l'Assemblée Nationale
Le député LFI Adrien Quatennens le 16 juillet 2019 à l'Assemblée Nationale
AFP/Archives

Il a passé l'essentiel de l'été en Amérique latine, rencontrant notamment le président mexicain de gauche Andrés Manuel López Obrador, puis y passant ses vacances en attendant la rencontre avec Lula, dont la date connue tardivement l'a fait renoncer à un aller-retour vers Toulouse.

La conférence que M. Mélenchon devait donner vendredi soir promettait d'être le temps fort des "Amfis", mais Adrien Quatennens a préféré mettre en avant des chiffres : 1.500 pré-inscrits, 130 conférences et ateliers, 250 intervenants.

"Ça fait 25 ans que j'écoute Jean-Luc Mélenchon faire des conférences", relativise aussi auprès de l'AFP Raquel Garrido, une proche de longue date. "J'adore Mélenchon, j'ai plaisir à l'écouter, mais c'est aussi bien qu'on montre ce qu'on sait tous en interne : qu'on n'a pas que lui", renchérit Victor, 25 ans, militant à Boulogne-Billancourt.

Pour preuve, selon lui, Adrien Quatennens a "assuré un discours de feu" jeudi soir au mot d'accueil adressé aux militants. Comme un symbole, la performance a été interrompue un court instant par le faux départ d'une vidéo de Jean-Luc Mélenchon enregistrée depuis le Mexique. "Même quand il n'est pas là, il est toujours là", a alors souri M. Quatennens.

- "Humilité" -

Car il ne faut pas voir dans ce retrait temporaire une passation de pouvoir au sein de LFI. Le nouveau coordinateur est l'un de ses plus fidèles lieutenants. "Ceux qui veulent la retraite de Mélenchon vont être déçus. Il a juste organisé sa propre liberté. Quand il va revenir d'Amérique latine, il va être désireux" de se réinvestir au premier plan, anticipe Raquel Garrido.

Déléguer son autorité à la relève "lui permet de se focaliser sur l'essentiel", car "il reste notre principal émetteur", décrypte Arnaud Le Gall, l'une des têtes pensantes du programme international.

"On aura toujours besoin de la figure, de ce qu'il incarne", estime Danielle Simonnet, co-coordinatrice du Parti de gauche, composante fondatrice de LFI. "Dans les quartiers populaires, les gens connaissent beaucoup plus Jean-Luc Mélenchon que La France insoumise", note-t-elle.

Reste que l'ambiance, en ces "Amfis" d'été 2019, est à l'humilité. L'événement se tient dans l'ombre de l'université d'EELV, organisée à quelques minutes à pied à Toulouse et forte de 2.000 participants. Après leur succès aux européennes (13,5%), les écologistes comptent profiter de leur dynamique pour remporter des mairies aux municipales de mars, et prendre le leadership de l'opposition à gauche. Une délégation insoumise s'est d'ailleurs déplacée, jeudi soir, à l'université Le Mirail.

L'édition 2018, pendant laquelle LFI mettait en avant ses invités d'ouverture et sa centralité à gauche, semble loin. "Il faut assumer le temps long", analyse Danielle Simonnet, qui estime : "On ne repart pas de zéro, car on a gagné une légitimité et de l'expérience dans les luttes, mais il faut l'humilité de reprendre le bâton de pèlerin".

Partager cet article

Dans la même thématique

Pour sa rentrée à Toulouse, La France insoumise se passe de Mélenchon
3min

Politique

« C'est 50.000 euros de manque à gagner » : un an après les Jeux, ce para-sportif dénonce le départ de ses sponsors

Un an après, quel est l’héritage des Jeux olympiques et paralympiques ? Inclusion, transports, infrastructures, sponsors… pour Sofyane Mehiaoui, joueur de basket fauteuil qui a représenté la France, si l’accès à la nouvelle Adidas Arena porte de Clignancourt à Paris est un vrai bénéfice, le départ de ses sponsors révèle le manque d’engagement durable des marques auprès de parasportifs. Il témoigne dans l'émission Dialogue Citoyen, présenté par Quentin Calmet.

Le

Pour sa rentrée à Toulouse, La France insoumise se passe de Mélenchon
6min

Politique

Agences de l’État, qui veut gagner des milliards ? 

La ministre des Comptes publics propose de supprimer un tiers des agences de l'État pour faire deux à trois milliards d’économies. Seulement, pour en rayer de la liste, encore faudrait-il savoir combien il en existe…Une commission d'enquête sur les missions des agences de l’État s’est plongée dans cette grande nébuleuse administrative. ARS, France Travail, OFB, CNRS, ADEME, ANCT, des agences, il y en a pour tous et partout ! Mais “faire du ménage” dans ce paysage bureaucratique touffu rapportera-t-il vraiment les milliards annoncés par le gouvernement et tant espérés par la droite ? Immersion dans les coulisses de nos politiques publiques…

Le

President Emmanuel Macron Visits the 55th Paris Air Show at Le Bourget
7min

Politique

Budget 2026 : « Emmanuel Macron a une influence, mais ce n’est pas le Président qui tient la plume »

Le chef de l’Etat reçoit lundi plusieurs ministres pour parler du budget. « Il est normal qu’il y ait un échange eu égard à l’effort de réarmement qui est nécessaire », explique l’entourage d’Emmanuel Macron. « Il laisse le gouvernement décider », souligne le macroniste François Patriat, mais le Président rappelle aussi « les principes » auxquels il tient.

Le

Bruno Retailleau public meeting at Docks 40 in Lyon.
5min

Politique

Tribune de LR sur les énergies renouvelables : « La droite essaye de construire son discours sur l’écologie dans une réaffirmation du clivage gauche/ droite »

Après la publication d’une tribune sur le financement des énergies renouvelables, le parti de Bruno Retailleau s’est retrouvé sous le feu des critiques. Pourtant, en produisant un discours sur l’opposition aux normes écologiques, LR semble revitaliser le clivage entre la gauche et la droite.

Le