Présidentielle 2017 dans le rétro : La semaine « horribilis » de François Fillon

Présidentielle 2017 dans le rétro : La semaine « horribilis » de François Fillon

On rembobine la présidentielle. Septième épisode de notre série hebdomadaire consacrée à la semaine de campagne… d’il y a cinq ans. Cap sur la semaine du 27 février au 5 mars où les candidats font leur traditionnelle déambulation au Salon de l’Agriculture. Avec une convocation chez les juges en vue d’une mise en examen et des défections en pagaille, pour François Fillon ce sera la semaine horribilis. Emmanuel Macron présente enfin son programme. Marine le Pen refuse, elle, d’aller chez les juges. Et Benoît Hamon va au McDo.
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Désormais largement distancé par Marine Le Pen et Emmanuel Macron dans les sondages, François Fillon est en quête d’un second souffle en cette semaine du 27 février 2017. Une semaine particulière pour tous candidats à la présidentielle puisque c’est celle du Salon de l’Agriculture, un passage obligé pour tous les prétendants à l’Elysée.

François Fillon évoque « un climat de quasi-guerre civile »

Mais avant de parler de ruralité, le candidat LR veut parler de sécurité. Et il est bien décidé à taper très fort. Dans un communiqué, François Fillon « accuse solennellement » le Premier ministre, Bernard Cazeneuve, de « laisser se développer dans le pays un climat de quasi guerre civile ». « Tous les jours, une poignée de manifestants d’extrême gauche viennent perturber mes déplacements », se plaint-il en demandant au gouvernement de « prendre des mesures pour que les casseurs et les ennemis de la démocratie cessent de perturber cette campagne présidentielle ».

Bernard Cazeneuve y voit un contrefeu pour faire oublier les révélations du Canard enchaîné sur l’emploi présumé fictif de Penelope Fillon en tant que collaboratrice parlementaire. « Je peux comprendre que certains candidats soient tentés de dissimuler derrière des polémiques une difficulté à faire campagne », répond-il, prosaïque, dans les travées du Salon.

Première sortie pour le tandem Hamon/Jadot

Ce lundi-là est aussi marqué par la présence de Benoît Hamon, porte de Versailles. Jean-Luc Mélenchon a refusé de s’y rendre en signe de désapprobation « du modèle d’agriculture productiviste ». Benoît Hamon veut lui aussi « tourner le dos au modèle agricole intensif et productiviste » mais défend sa position devant les agriculteurs. Le candidat socialiste vient de sceller une alliance avec Yannick Jadot. Le mardi 28 février, les deux hommes choisissent un Macdonald du XXe arrondissement de Paris, pour leur premier déplacement commun, un lieu « symbolique » de la lutte sociale, pour l’environnement et contre l’évasion fiscale.

Ce même jour, à l’autre bout de Paris, Marine Le Pen défend le « patriotisme économique ». « Il faut arrêter de sous-traiter à l’Union européenne l’avenir de notre agriculture parce qu’on a vu ce que l’Union européenne a fait et les résultats sont dramatiques », lance-t-elle depuis le Salon.

Convocation par les juges : « Un assassinat politique » pour François Fillon

Le mercredi, c’est la deuxième étape d’une semaine qui s’annonce décisive pour François Fillon. Il est attendu Porte de Versailles. Et dans les rangs LR, on craint que le candidat soit accueilli par des bruits de casseroles. L’image serait désastreuse pour le parti qui a toujours eu la fibre agricole. Le matin même à 8H00, un communiqué tombe. François Fillon reporte sa venue et s’exprimera à midi. Sur le plateau de Public Sénat, Éric Woerth apprend la nouvelle en direct. « Je n’ai aucune information là-dessus, il faudra que vous vérifiiez quand même vos informations ».

Les vérifications sont faites. François Fillon vient d’apprendre une convocation par les juges le 15 mars prochain en vue d’une mise en examen. « Un assassinat politique » dénonce l’intéressé lors de sa conférence de presse. « Je ne me rendrai pas, je ne céderai pas, je ne me retirerai pas », martèle-t-il.

Bruno Le Maire, Catherine Vautrin, Thierry Solère ou encore Pierre Lellouche lâchent le candidat qui avait promis quelques semaines plus tôt qu’il renoncerait à se présenter en cas de mise en examen. Les centristes suspendent leur participation à la campagne. Patrick Stefanini, son directeur de campagne, envoie sa lettre de démission. L’eurodéputée, Nadine Morano demande au candidat d’arrêter sa campagne présidentielle.

Demandez le programme d’Emmanuel Macron

Dans la foulée de sa conférence de presse, François Fillon se rend finalement au Salon de l’Agriculture, sous bonne escorte policière. Il ne pourra éviter les sifflets et les « rends l’argent », pendant que son concurrent, Emmanuel Macron, sera, lui, la cible d’un jet d’œuf.

Visite tendue de François Fillon au salon de l'Agriculture
01:05

Le lendemain, le candidat d’En Marche fendra d’ailleurs la coquille en présentant son tant attendu programme. La moralisation de la vie politique y tient une place de choix, comme l’interdiction des emplois familiaux pour les parlementaires. « Ce projet intervient à un moment important et grave de notre campagne pour l’élection présidentielle parce que deux candidats […] ont décidé de s’attaquer délibérément à l’État de droit et à l’autorité de la justice en particulier », explique-t-il.

Dans son viseur François Fillon et Marine Le Pen. La candidate du Front national a fait savoir, cette semaine, qu’elle refusait de se rendre à la convocation des juges d’instruction du pôle financier, en vue d’une mise en examen pour abus de confiance dans l’affaire des assistants parlementaires de son parti.

Le plan B

La convocation de François Fillon chez les juges tombe deux jours avant la date limite de dépôt des 500 parrainages nécessaires pour se présenter. De quoi entretenir l’espoir d’un plan B pour une partie la droite. Dans un entretien à publicsenat.fr, le sénateur LR Jean-Pierre Grand appelle les élus de sa famille politique à parrainer Alain Juppé. Un sondage Odoxa-Dentsu Consulting crédite le maire de Bordeaux de 26,5 % d’intentions de vote au premier tour, devant le leader d'En Marche ! (25 %) et la candidate du Front national (24 %).

Gérard Larcher, le président du Sénat, et Bernard Accoyer, le secrétaire général du parti Les Républicains, s’entretiennent avec Nicolas Sarkozy afin de réfléchir à la manière dont il faudrait « s’organiser très vite », en cas de retrait de François Fillon.

Une hypothèse qui heurte les derniers soutiens de l’ancien Premier ministre. « Il n’y a pas de plan B », martèle le président du groupe LR au Sénat, Bruno Retailleau qui réfute l’idée que François Fillon soit « dans une sorte de fanatisme de candidature », alors qu’un rassemblement de soutien est annoncé le dimanche après-midi place du Trocadéro à Paris.

Sous la pluie parisienne, des dizaines de milliers de partisans scandent « Fillon, tiens bon ! ». Les traits marqués par cette semaine éprouvante, François Fillon dénonce encore une fois « une chasse à l’homme » qui cherche aussi à « briser la droite ».

Manifestement rasséréné par cette manifestation de soutiens, quelques heures plus tard sur le plateau de France 2, il assure qu’il ne se retirera pas. « Je ne suis pas autiste, je vois bien les difficultés […] Je ne suis pas jusqu’au boutiste, pas enfermé dans une certitude mais il y a une chose que je constate c’est qu’il n’y a pas d’alternative ». Son interview à peine terminée, Alain Juppé annonce sur Twitter qu’il s’exprimera devant la presse le lendemain, lundi à 10H30.

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