Présidentielle: Bayrou se tâte et fait durer le suspense

Présidentielle: Bayrou se tâte et fait durer le suspense

Le centriste François Bayrou va-t-il se lancer dans une quatrième candidature à la présidentielle? Il cultive en tous cas le suspense avec la...
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Par Déborah CLAUDE

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Le centriste François Bayrou va-t-il se lancer dans une quatrième candidature à la présidentielle? Il cultive en tous cas le suspense avec la parution prochaine d'un nouveau livre, avant de donner sa décision au plus tôt début février.

Soutien d'Alain Juppé -- ce qui a été retourné avec succès par Nicolas Sarkozy contre le maire de Bordeaux pendant la campagne de la primaire de la droite -- le président du MoDem est très critique envers le programme de François Fillon, qu'il a jugé "risqué pour l'unité de la société française et son redressement".

Il a également vivement réagi quand le candidat de la droite a évoqué sa foi chrétienne.

Enfin, il a lancé une mise en garde récemment: "François Fillon serait à mon sens bien inspiré de réfléchir à la différence qu'il y a entre le candidat d'un camp, et celui qui veut être président de tout un pays". Entendre: il faut rassembler ou faire des compromis.

François Fillon, candidat à la présidentielle, lors d'un meeting à Oyonnax, le 19 janvier 2017
François Fillon, candidat à la présidentielle, lors d'un meeting à Oyonnax, le 19 janvier 2017
AFP

Mais François Fillon, qui négocie par ailleurs avec les centristes de l'UDI, n'a pas l'air pour l'instant de vouloir amender beaucoup son projet. "Je ne vais rien enlever à mon programme", a-t-il récemment déclaré à quelques journalistes, laissant entendre en revanche qu'il serait prêt à "ajouter" des éléments.

Les deux hommes sont en contact, mais Bayrou répète à longueur d'interviews qu'il "ne ferme aucune porte", alors qu'en arrière plan Emmanuel Macron chasse sur les terres centristes.

Le maire de Pau publie dans une dizaine de jours un nouveau livre, intitulé "Résolution française". "En février, il va vendre son livre et s'il a un socle, il pourrait se lancer en mars", explique un élu centriste, qui pense qu'in fine "il n'ira pas" briguer une nouvelle fois l'Elysée.

"Il gagne du temps", fait remarquer un autre, alors que le tableau politique est particulière mouvant. Le maire de Pau le reconnaît lui-même en expliquant n'être "sous pression de personne. J'ai le temps et je suis libre".

Selon des sources concordantes, plusieurs cadres du MoDem ne souhaitent pas qu'il se présente. Autre souci, les finances. Le MoDem n'est pas très argenté et une campagne coûte plusieurs millions d'euros.

- L'hypothèse Macron -

Son entourage laisse maintenant entendre qu'il a le choix entre s'accorder avec Fillon, se présenter, ou, plus étonnant, rejoindre Emmanuel Macron.

Emmanuel Macron, candidat à la présidentielle, lors d'une conférence de presse, le 19 janvier 2017 à Paris
Emmanuel Macron, candidat à la présidentielle, lors d'une conférence de presse, le 19 janvier 2017 à Paris
AFP

Ces derniers mois Bayrou a accusé Macron d'être "le candidat des forces de l'argent" et n'a pas ménagé ses critiques à l'encontre de l'ancien ministre de l'Economie.

"Il a dit tant de mal de Macron que son ralliement ...", s'étonne un député soutien de Macron, avant d'ajouter: "Et puis il a déjà flingué Juppé!". Un autre député, lui aussi proche de Macron, assure que, le cas échéant, il ne "souhaiterait pas un ralliement bruyant" de François Bayrou.

"Un ralliement à Macron ? Je n'y crois pas une seconde, Bayrou c'est l'antithèse totale de Macron!", tranche un député centriste. "Macron ? Mais, c'est tout ce qu'il déteste!", renchérit un autre, qui souligne toutefois que l'ancien ministre de l'Economie tient "le même discours anti-système que Bayrou en 2007".

"Fillon veut mettre Bayrou en face de Macron pour siphonner ses voix" et l'aidera pour le financement de sa campagne et les parrainages indispensables, croit savoir un autre député.

L'écologiste Daniel Cohn-Bendit a une autre analyse, exprimée dans un entretien au Point: si François Bayrou "est logique avec sa pensée politique, il devrait rejoindre Emmanuel Macron. S'il ne le fait pas, c'est uniquement pour des raisons d'ego personnel".

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