Présidentielle: chronique de victoires

Présidentielle: chronique de victoires

Moment de grâce, instants de consécration, comment la victoire est-elle célébrée au soir du second tour de l’élection présidentielle ? En 2017, Emmanuel Macron  se met en scène lors d’une longue marche au Louvre, mais tous n'ont pas fait ce choix de la solennité. Rassemblement, discours, mot d’ordre, faux pas, l’Info dans le Rétro revient sur les réactions à la victoire, organisées ou spontanées, du candidat vainqueur et de ses militants.
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Par Béatrix Moreau

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10 juin 1969 : « de Gaulle ! Pompidou ! »

Organisée suite à la démission du Général de Gaulle, l’élection présidentielle de 1969 est remportée par son Premier ministre, Georges Pompidou. Célébrée à coup de klaxons dans les rues de Paris, sa victoire s’inscrit « dans une certaine continuité avec la République gaullienne » estime l’ancien conseiller spécial de Nicolas Sarkozy, Henri Guaino. « De Gaulle ! Pompidou ! » scandent ainsi les militants en agitant des drapeaux tricolores. Des démonstrations de joie perturbées par une contre-manifestation de gauche et quelques échauffourées dans le quartier latin, tient tout de même à rappeler l’historien Michel Winock.

L'Info dans le Rétro - La continuité entre de Gaulle et Pompidou enthousiasme les militants
01:02

 

20 mai 1974 : fanfare pour l’enfant du pays

A 48 ans, Valéry Giscard d’Estaing devient le 3e président de la Ve République. « Il apporte alors un souffle d’air et de modernité dans un système qui paraissait usé et vieillissant » commente Henri Guaino, pourtant de confession gaulliste. Le candidat UDF l’emporte, mais de peu, avec 50,81%, « ceux qui l’ont soutenu n’en sont que d’autant plus joyeux » avance Michel Winock. Dans le village de Chamalière, en Auvergne, l’élection de Valéry Giscard d’Estaing est célébrée en fanfare, dans une ambiance de 14 juillet. Les habitants viennent en effet de « donner leur maire », et encensent l’enfant du pays, fier d’avoir un président auvergnat.
 

L'Info dans le Rétro- Chamalières fête la victoire de son maire Valéry Giscard d'Estaing à l'élection présidentielle
01:29

 

10 mai 1981 : « Tous à la Bastille ! »

A 20h ce soir-là, les téléspectateurs retiennent leur souffle. Sur les écrans, le visage du nouveau président se forme peu à peu. Et enfin le portrait de François Mitterrand apparait. « Un cri retentit alors dans la nuit », « une vraie explosion de joie du peuple de gauche »  se rappelle Henri Guaino. L’instant est historique en effet, le candidat devient le premier président de gauche de la Ve République. « A ce moment-là, il y a un mot d’ordre : Tous à la Bastille ! » rapporte Michel Winock, « Les militants convergent vers ce lieu hautement symbolique de la gauche, c’est assez impressionnant ». Pendant ce temps, François Mitterrand, lui, est toujours à Château Chinon, dans le Morvan. C’est donc en son absence et sous la pluie que ses électeurs fêtent la victoire. Peu importe le mauvais temps, une jeune militante sourit, abritée sous un parapluie « L’orage c’est rien par rapport à ce qui est arrivé aujourd’hui ».

L'Info dans le Rétro- 1981 : "Tous à la Bastille !"
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7 mai 1995 : un homme de droite applaudit par la gauche ?

Au terme d’une campagne riche en rebondissements, l’élection de Jacques Chirac en 1995 marque le retour de la droite au pouvoir, après quatorze ans de socialisme. Pourtant, « il y a quelque chose de très particulier dans cette soirée » témoigne Henri Guaino, « il faut se souvenir que Jacques Chirac est élu sur la fracture sociale », une formule employée de façon récurrente lors de la campagne pour dénoncer les inégalités. Résultat, « il y a des gens qui applaudissent Jacques Chirac sans forcément appartenir à sa filiation politique » observe l’ancien conseiller.

7 mai 2007 : le Fouquet’s, un détail qui a tant d’importance

En 2007, la victoire de Nicolas Sarkozy face à Ségolène Royal n’est pas une surprise pour Henri Guaino. En amont des résultats, un grand rassemblement est donc organisé à la Concorde, où 30 000 personnes se pressent afin d’acclamer leur candidat victorieux. Néanmoins, c’est un autre évènement qui marquera les esprits et restera dans les mémoires : le diner de Nicolas Sarkozy au Fouquet’s, en compagnie de ses proches et de personnalités influentes. « Dans l’univers symbolique, c’est une catastrophe » assène Michel Winock. « Il est extraordinaire de voir qu’un si petit détail à l’échelle de l’Histoire de France, ait finalement une si grande importance » ajoute-t-il.

L'Info dans le Rétro- Pourquoi le faux pas du Fouquet's ?
01:35

 

15 mai 2012 : Le baiser volé

Victoire de la gauche, retour à la Bastille. Après un premier discours à Tulle, en Corrèze, François Hollande se rend sur cette place emblématique, aménagée pour l’occasion. Sur l’estrade, devant des milliers de militants, sa compagne Valéry Trierweiler obtient un baiser public, délivré semble-t-il à contrecœur par le nouvel élu. « Cela manque de solennité » juge Michel Winock « c’est le Président normal, mais trop normal, qui s’expose ».

Valérie Trierweiler obtient un baiser à contrecoeur de hollande
François Hollande et Valérie Trierweiler à la Bastille le 15 mai 2012

« L’univers symbolique de la fonction présidentielle est très lourd » conclut Henri Guaino : « Humain trop humain, le souverain ne peut pas ressembler exactement aux citoyens »

 

1er diffusion vendredi 19 mai à 23h

 

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