Présidentielle : dernière ligne droite pour les cinq candidats à l’investiture LR

Présidentielle : dernière ligne droite pour les cinq candidats à l’investiture LR

Public Sénat passe en revue le profil et les propositions phares des cinq postulants à l’investiture LR. Le nom du candidat officiellement investi par le parti sera révélé samedi 4 décembre, au terme d’un vote des adhérents.
Romain David

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Dernier tour de piste médiatique pour les cinq candidats à l’investiture Les Républicains en vue de la présidentielle. Valérie Pécresse, Xavier Bertrand, Philippe Juvin et Éric Ciotti débattent pour la quatrième et dernière fois mardi soir, sur France 2 et France Inter. Avant un vote par Internet - de mercredi à jeudi pour le premier tour, et de vendredi à samedi pour le second – auquel sont invités à participer près de 140 000 adhérents à jour de cotisations. Le nom du vainqueur doit être annoncé le samedi 4 décembre à 14h30 par Christian Jacob, le président du parti. Au terme d’une campagne très marquée à droite, où les questions de sécurité et d’immigration ont souvent éclipsé les autres thématiques, les deux présidents de région, Valérie Pécresse et Xavier Bertrand, sont pressentis comme les deux favoris de cette élection. À moins que la constance de Michel Barnier vis-à-vis du parti, ou la ligne très décomplexée, pour ne pas dire très droitière, d’Éric Ciotti n’obtienne les faveurs des militants. Philippe Juvin, quant à lui, souvent décrit comme l’outsider de cette vrai fausse primaire, pourrait peser sur le second tour. Public Sénat revient sur le parcours des uns et des autres, et les grandes lignes de leurs programmes respectifs.

Xavier Bertrand, 56 ans : le retour du fils prodigue ?

Opération reconquête. C’est ainsi que Xavier Bertrand aurait pu baptiser sa campagne pour le congrès LR. Le président de la région Hauts-de-France a longtemps refusé de se soumettre à un processus de sélection pour obtenir l’investiture des Républicains, repoussant catégoriquement le principe d’une primaire, avant d’accepter le 11 octobre un vote ouvert aux seuls adhérents. Si les sondages ne lui ont pas permis d’imposer son leadership, on comprend ses hésitations : son départ fracassant du parti en décembre 2017, quelques heures après que Laurent Wauquiez a été élu président de LR, a laissé des traces. « Cette interview à France 2, alors que Laurent Wauquiez était sur TF1… C’était un pied de nez aux militants, c’était choquant », nous rappelait il y a quelques jours encore la sénatrice Pascale Gruny, son ancienne suppléante, devenue entre-temps l’une des porte-parole de… Valérie Pécresse.

Xavier Bertrand se dit convaincu d’être le seul candidat capable de battre Emmanuel Macron au second tour de la présidentielle. Il a d’ailleurs eu à cœur de cultiver sa stature de présidentiable à travers plusieurs face-à-face avec le chef de l’État ces dernières semaines, notamment à Guise sur l’avenir des salariés d’Ascoval. Xavier Bertrand a fait du triptyque « autorité – travail – territoire » le mantra de son programme. L’ancien ministre du Travail de Nicolas Sarkozy défend le principe d’une prime à l’emploi afin qu’aucun salarié ne touche moins de 1 500 euros par mois. Partisan d’une « pause » dans les réformes sociales, il est favorable à une majorité pénale dès 15 ans. Il entend également donner au Parlement le pouvoir de fixer des quotas d’immigration grâce à une révision par référendum de la Constitution. Il s’est engagé, s’il accède à la fonction suprême, à ne faire qu’un seul mandat.

Valérie Pécresse, 54 ans : une candidate libérale pour réconcilier les droites

C’est également un retour gagnant que tente d’opérer Valérie Pécresse, qui a quitté les Républicains en juin 2019, après la débâcle des européennes. Elle dénonce alors un parti « cadenassé dans ses idées ». Deux ans et demi plus tard, la présidente de Libres ! se dit convaincue que plusieurs courants peuvent cohabiter sous une même étiquette à droite. Durant la campagne, elle a tenu à mettre en avant son expérience de présidente de la région Île-de-France, confrontée au chômage et à la radicalisation. Longtemps présentée comme une figure de la droite libérale et modérée - ce qui lui permettrait d’obtenir sans difficulté la bénédiction de la famille centriste, qui a été exclue de ce congrès -, elle a raffermi ses positions en vue de ce congrès.

Valérie Pécresse veut ouvrir la possibilité d’augmenter dans certaines entreprises le temps de travail jusqu’à 39 heures par semaine. Elle promet une diminution des cotisations salariales pour revaloriser de 10 % les salaires net, mais aussi une augmentation des allocations familiales pour les familles de plus de deux enfants. Sur le plan sécuritaire, elle est favorable à l’utilisation de drones et aux polices municipales armées. Elle entend débloquer 3 milliards d’euros pour désengorger les tribunaux. L’ancienne ministre du Budget de Nicolas Sarkozy veut également supprimer 200 000 postes de fonctionnaires, et soumettre l’immigration à des quotas.

Michel Barnier, 70 ans : l’Européen devenu eurocritique

L’ancien négociateur en chef de l’Union européenne pour la préparation du Brexit affiche une carrière fleuve, commencée alors qu’il n’a pas 30 ans, lorsqu’il est élu conseiller général de la Savoie en 1973. Face aux deux autres favoris de cette élection, Michel Barnier a mis en avant sa fidélité au parti. Il faudra encore attendre jeudi pour savoir si les adhérents lui en sauront grés, mais les 702 parrainages qu’a reçus sa candidature semblent au moins confirmer sa popularité auprès des élus. L’ancien ministre des Affaires étrangères de Jacques Chirac a opéré un virage droitier ces dernières semaines, en particulier sur l’Europe et l’immigration. Sur cette question, il réclame un moratoire de trois à cinq ans, dont la mise en place serait rendue possible par le déploiement d’un « bouclier constitutionnel » qui permettrait à la France de faire valoir la primauté de ses lois sur le droit européen.

À propos du pouvoir d’achat, Michel Barnier promet une revalorisation des salaires des personnels de santé et de l’enseignement, et plus généralement une baisse des cotisations sociales sur l’ensemble des salaires « de 1,6 à 2,5 Smic ». Il veut supprimer le RSA et l’allocation-chômage, qui seraient remplacés par une allocation sociale unique. Sur les questions de sécurité, il est également favorable à l’armement des polices municipales et à l’utilisation des drones. Il propose « une grande loi d’orientation et de programmation police-justice sur le quinquennat » pour augmenter les moyens alloués aux forces de l’ordre. Plus mesuré que certains de ses concurrents sur les suppressions de postes dans la fonction publique, il refuse les coupes franches, sans évoquer de chiffre.

Éric Ciotti, 56 ans : un monsieur sécurité très à droite

Identifié depuis les années 2000 comme le spécialiste des questions de sécurité chez Les Républicains, Éric Ciotti a mené l’essentiel de sa carrière politique comme élu des Alpes-Maritimes, dont il a été le président du conseil départemental pendant près de dix ans (2008-2017). Le candidat a suivi une ligne très droitière durant cette campagne, fidèle en cela à nombre de ses déclarations passées. Éric Ciotti est allé jusqu’à assumer une proximité idéologique avec le désormais candidat à la présidentielle, Éric Zemmour. À plusieurs reprises, il a indiqué qu’il voterait pour ce dernier dans l’hypothèse d’un second tour opposant le polémiste d’extrême droite à Emmanuel Macron. Ce positionnement n’a pas été sans nourrir quelques tensions au sein d’une famille politique qui, cinq ans après une primaire fratricide, tente de faire montre de son unité. Le président de la région PACA, Renaud Muselier, qui menaçait de quitter LR en cas de victoire d’Éric Ciotti, a fini par mettre ses menaces à exécution le 24 novembre, lorsque Xavier Bertrand a refusé son soutien, au nom des critiques qu’il avait formulées contre son concurrent.

Éric Ciotti est l’un de ceux qui auront le plus tiré leur épingle du jeu durant les débats télévisés, notamment avec ses propositions chocs. Sur l’immigration, il veut remplacer le droit du sol par le droit du sang, mettre fin au regroupement familial automatique, et supprimer l’aide médicale d’État, sauf cas exceptionnel. Il souhaite également « élargir la préférence nationale et communautaire européenne sur l’emploi, les allocations et le logement ». Autant de mesures que l’on trouve déjà, sous des formes plus ou moins similaires, du côté du Rassemblement national. Au niveau sécuritaire, le député propose la création de 20 000 nouvelles places de prison, et la création d’un « Guantanamo à la française » pour les terroristes. Sur le plan fiscal, Éric Ciotti veut remplacer l’impôt sur le revenu par une taxation unique de 15 % et supprimer les droits à la succession. Concernant les fonctionnaires : il fixe la barre à 250 000 suppressions de postes.

Philippe Juvin, 57 ans : un médecin en héraut de la fonction publique

Le moins connu des candidats à l’investiture LR a paradoxalement bénéficié d’une importante tribune médiatique au cours des derniers mois. Le maire de La Garenne Colombe, également anesthésiste-réanimateur et chef des urgences de l’hôpital européen Georges Pompidou à Paris, a en effet multiplié les interventions durant la crise du covid-19, dénonçant les lenteurs de l’État français et la fragilité du système hospitalier. Mais derrière l’étiquette médicale se cache aussi une longue carrière politique ; outre son mandat de maire qu’il exerce depuis plus de vingt ans, Philippe Juvin a également été conseiller général des Hauts-de-Seine, et eurodéputé. Il a été élu l’été dernier conseiller régional d’Île-de-France sur la liste de Valérie Pécresse.

« Candidat des services publics », Philippe Juvin porte une voix singulière au milieu du concert des diminutions d’effectifs, puisqu’il réclame le redéploiement de 200 000 postes administratifs qu’il estime trop éloignés des Français, dont 100 000 dans les hôpitaux. Il affiche encore un positionnement en rupture avec sa famille politique sur certaines questions de société, se disant favorable à la PMA pour toutes et à l’allongement du délai de l’IVG, qui est actuellement débattu à l’Assemblée nationale. En revanche, concernant l’immigration, les mesures qu’il prône s’alignent sur celles de ses camarades avec l’instauration de quotas fixés par le Parlement, la fin du regroupement familial et des aides sociales aux étrangers sans papiers.

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