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Présidentielle : Et si Marine Le Pen n’était pas au second tour ?
Par Public Sénat
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« C'est normal, c'est la procédure tout à fait classique, je ne suis pas étonnée ». La réaction de Marine Le Pen à la levée de son immunité parlementaire demandée par la justice peine à masquer le manque de souffle de sa fin de campagne. Pire, ce nouveau rebondissement dans l’enquête sur des soupçons d'emplois fictifs d'assistants FN au Parlement européen sonne comme un rappel cruel de l’attaque de Philippe Poutou lors du débat du 4 avril répliquant à la candidate qu’à la différence d’elle, lui, n’avait pas « d’immunité ouvrière ».
Quatre candidats aux coudes à coudes
Depuis des mois, Marine Le Pen caracole en tête des intentions de vote pour le premier tour. Et voilà que dans la dernière ligne droite, les sondages, qui ne veulent évidemment « rien dire », montrent un effritement. A une semaine de l’échéance, bien malin celui qui pourra prédire qui de Jean-Luc Mélenchon, François Fillon, Emmanuel Macron et Marine Le Pen aura son ticket d’entrée pour le sprint final. « Un duel à quatre, c’est vite dit. On observe resserrement des intentions de vote comme dans lors des dernières élections présidentielles mais on ne considère pas qu’il s’agisse d’un recul » veut croire Jean Messiha, coordinateur du projet présidentiel de Marine Le Pen. Le dernier sondage Ipsos Sopra Steria- Game Changers pour Le Monde place pourtant la candidate frontiste et celui d’En Marche à 22%, juste devant Jean-Luc Mélenchon (20%) et François Fillon (19%).
« La campagne de Marine Le Pen est mauvaise »
Pour Nicolas Lebourg, historien membre de l’Observatoire des radicalités politiques « la campagne de Marine Le Pen est mauvaise ». « Elle est partie très bien avec son discours de Fréjus (en septembre 2016 ndlr), ses propos sur la souveraineté et, la politique internationale avaient des accents gaulliens même s’ils relevaient plus du nationalisme révolutionnaire. Maintenant, elle finit la campagne sur les thèmes de l’immigration, l’Europe… On a l’impression d’un disque rayé. Ou sont passés les 144 engagements de son projet présidentiel ? Ça a d’ailleurs été frappant lors du débat avec les 11 candidats. Elle a laissé François Fillon lui dire qu’elle n’avait pas de programme économique ». Selon Yves Marie-Cann, directeur des études politiques de l’institut Elabe, « si la crédibilité du FN a progressé, elle n’atteint pas des niveaux exceptionnels. Marine Le Pen est classée en quatrième position parmi les candidats qui ont le meilleur programme ». « La candidate d’extrême droite souffre aussi d’un déficit d’adhésion auprès des personnes âgées et des CSP +. Son idée force, c’est la perspective d’un Frexit. Si le constat du dysfonctionnement de l’Union est partagé sa solution d’une sortie des institutions européennes, elle, est loin de l’être » analyse Yves-Marie Cann.
Des propos « mal calibrés » sur la rafle du Vel d’Hiv
Sa récente sortie sur la rafle du Vel d’Hiv, dont, selon elle, « la France n’est pas responsable » n’a pas eu non plus l’effet escompté dans l’opinion. « Elle a pris le pari de la provocation pour remobiliser à 15 jours du premier tour. Ça rappelle un peu Jean-Marie le Pen citant le poème du collaborationniste Robert Brasillach lors de la campagne de 2012. Pour Marine Le Pen c’est mal calibré et excessif. D’autant que comme l’a montré un sondage IFOP, Marine Le Pen avait énormément progressé dans l’électorat juif » note Nicolas Lebourg. Une lecture a laquelle s’oppose totalement les cadres de la campagne de Marine Le Pen. « Ce n’est pas Marine Le Pen qui a mis ce sujet sur le tapis. On lui a posé la question. Si elle n’avait pas répondu on aurait dit alors qu’elle pense comme son père, qu’elle est gênée... Mais comment penser que la France est responsable de cette tragédie alors que ça s’est passé en zone occupée par les Allemands en juillet 42 » explique Jean Messiha. Selon lui, « il ne faut pas regarder le FN de Marine Le Pen avec les vieilles lunettes des années 70 ». « La classe politique s’est gauchisée en 2017 » considère celui qui fait lui-même un retour dans les années 70 en estimant que « seule Marine Le Pen est sur l’axe politique occupée par le RPR de l’appel de Cochin », une référence à un texte signé par Jacques Chirac en 1978 sur le rejet l’intégration européenne.
Avec, entre autres, des meetings au Zénith de Paris et au Dôme de Marseille, il reste encore une semaine à Marine Le Pen pour consolider, si ce n’est élargir, sa base électorale avant le premier tour.