La nouvelle réforme de l’assurance chômage que prépare le gouvernement passe mal chez les sénateurs. « On a dévoyé la gouvernance de l’assurance chômage », dénonce la sénatrice LR Frédérique Puissat, qui défend le rôle des syndicats et du patronat. « Attaché » aussi au paritarisme, le centriste Olivier Henno, « comprend » en revanche l’idée de réduire la durée des indemnisations. Quant à la socialiste Monique Lubin, elle se dit « atterrée » que le gouvernement relaye « cette espèce de légende selon laquelle les gens profiteraient du chômage ».
Présidentielle: la gauche promise à l’élimination, à moins que…
Par Marc PRÉEL
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A dix jours du premier tour de la primaire du PS et de ses alliés, la possibilité d'une victoire de la gauche à la présidentielle semble bien improbable, après le renoncement de François Hollande empêché par une impopularité record qui a permis à Emmanuel Macron et Jean-Luc Mélenchon de s'installer dans le paysage.
Mais la dynamique persistante de M. Macron au centre pourrait bousculer le scénario d'un "21 avril bis" - le FN au second tour - promis sans interruption par les sondeurs depuis près de deux ans et demi, relèvent les analystes.
Notamment si le candidat socialiste ressort sans élan de la primaire des 22 et 29 janvier et se retrouve contraint à un nouvel abandon retentissant, après celui de François Hollande il y a un mois.
"Si la primaire socialiste ne permet pas d'enclencher une dynamique en faveur du candidat désigné, le débat qui risque de dominer l'agenda politique va être celui de la division de la gauche et du bien-fondé d'une candidature socialiste... ou pas", souligne Yves-Marie Cann, politologue chez le sondeur Elabe.
Conséquence d'une primaire taillée à l'origine pour François Hollande, et donc programmée le plus tard possible, le PS n'est pas encore en ordre de bataille. Si le challenger Benoît Hamon a marqué des points, c'est l'incertitude qui domine en vue de ce scrutin à sept candidats.
Manuel Valls se juge "le seul à gauche qui peut gagner la présidentielle" et répète que "rien n'est écrit" quant à une possible élimination de la gauche. Mais son début de campagne difficile a semé le doute sur ses chances.
Arnaud Montebourg, Benoît Hamon ou même l'inattendu Vincent Peillon espèrent en profiter, mais les trois anciens compères du "Nouveau parti socialiste" n'atteignent pas pour l'heure un score à deux chiffres dans les sondages pour la présidentielle.
Dernière inconnue pour cette primaire réunissant quatre socialistes, la radicale de gauche Sylvia Pinel et les écologistes François de Rugy et Jean-Luc Bennahmias: la participation.
L'état-major socialiste espère au moins deux millions de votants pour faire bonne figure face à la droite (4,4 millions à sa primaire de novembre) et montrer les muscles à Mélenchon et Macron, qui ont refusé de s'y soumettre.
- Macron et Mélenchon misent sur un PS faible-
"Si on a une mauvaise primaire, faible en participation et avec un score ric-rac, on ne peut pas trop aller voir les concurrents de la famille pour leur dire voilà ce qu'on a dans la besace", souligne un lieutenant de Manuel Valls.
Un député PS échafaude des plans: "mezzo voce, il se dit qu'on va se trouver dans une situation difficile à l'issue de la primaire, si Macron se maintient. Se pose la question de la responsabilité d'un second tour Le Pen-Fillon à la présidentielle. Pourquoi pas essayer un accord avec Macron dans ces conditions?"
Outre un retrait de Manuel Valls rendu improbable par l'inimitié tenace entre les deux hommes, Emmanuel Macron peut aussi espérer une défaite de l'ancien Premier ministre, et récupérer l'électorat resté dans la ligne Hollande-Valls pour arriver au niveau de François Fillon ou de Marine Le Pen, autour de 22-23%.
"Dans cette lutte pour la suprématie dans une gauche coupée en trois, aujourd'hui c'est Emmanuel Macron qui s'en sort le mieux, du fait de son positionnement ni gauche ni droite, de la faiblesse du PS et des premières difficultés de François Fillon", constate Frédéric Dabi, politologue à l'Ifop.
Emmanuel Macron, qui a engrangé de nouveaux soutiens comme l'économiste Jean Pisani-Ferry, a donné des signes vers la gauche, par exemple en proposant le remboursement intégral des soins optiques ou dentaires.
Quant à Jean-Luc Mélenchon, il mise sur la même faiblesse du PS pour se placer en réceptacle de la gauche face à la ligne aux accents libéraux du jeune Macron.
"A quoi bon un candidat du PS?", déclarait-il début janvier au Monde jugeant que le "vrai choix" des électeurs socialistes se trouvait entre lui et M. Macron.