Présidentielle : la primaire reprend du galon chez LR, Bertrand répète qu’il n’en veut pas

Présidentielle : la primaire reprend du galon chez LR, Bertrand répète qu’il n’en veut pas

L’idée d’une primaire, ouverte aux sympathisants, reprend la cote chez LR. Bruno Retailleau et Laurent Wauquiez ont plaidé en sa faveur, lors d’un bureau politique du parti. Mais quelques minutes après sur TF1, Xavier Bertrand a répété qu’il était « candidat à l’élection présidentielle ». « En cohérence, je ne serai pas candidat à une primaire », prévient le président des Hauts-de-France… Beaucoup craignent le retour « de la machine à perdre », si la droite a deux candidats.
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Source de divisions pour les uns, clef du succès pour les autres, la primaire reprend du galon chez LR. Christian Jacob, président du parti, ne cachait pas depuis des mois y être opposé. Mais devant la pression, le député de Seine-et-Marne a dû lâcher du lest, lors d’un bureau politique de LR qui s’annonçait difficile.

Les LR ont trouvé une voie médiane, où chacun peut espérer se retrouver. Le calendrier fixé depuis des semaines par Christian Jacob ne bouge pas. Le candidat sera désigné en novembre, et pas avant, comme pressaient de nombreux élus, à commencer par une centaine de sénateurs la semaine dernière. Mais si les candidats ne s’entendent pas entre eux, il devrait bien y avoir des primaires. Ou plutôt un « rassemblement », comme dit Christian Jacob. Sous-entendu, il ne faudra pas se diviser. Mais Christian Jacob, qui rêve de voir François Baroin se décider un jour à se lancer dans la bataille, préférerait qu’un « candidat naturel » plie le match. Mais face au principe de réalité, il a dû reculer en partie et la primaire reprend sérieusement du galon, contrairement aux dernières semaines.

Calendrier maintenu

Après des mois de tergiversation, les LR avancent sur leur système de départage, sur lequel a planché Jean Leonetti. Officiellement, le corps électoral n’est pas arrêté. Mais « il n’a jamais été question d’une primaire fermée réservée aux militants. C’est précisément le contraire », assure le président du parti après le bureau. Il devrait donc y avoir un vote des sympathisants de la droite et du centre. Soit une primaire semi-ouverte. Le vote devrait en revanche se faire par Internet. Il n’y a plus le temps d’organiser des primaires physiques, comme en 2016. Pour éviter que des électeurs de gauche ne viennent voter pour influencer le résultat, il faudra s’inscrire sur un fichier des sympathisants LR.

Les candidats potentiels devront plutôt se déclarer avant le 20 août, pour permettre à la grande enquête d’opinion annoncée de les prendre en compte. Elle est toujours au programme et attendue en septembre, mais elle ne sera qu’un élément pour éclairer les choix. La seconde enquête est incertaine. Un congrès, prévu le 25 septembre, devra ensuite valider, par un vote des militants, les nouveaux statuts avec le mode de départage arrêté. Car rien n’est encore totalement fixé. Enfin, en novembre, le candidat pourra être désigné. Christian Jacob a fait adopter à l’unanimité le calendrier prévu, ainsi que le nouvel organigramme, après le départ du numéro 2, Guillaume Peltier, qui rejoint au passage Xavier Bertrand.

Christian Jacob lance un appel à « la responsabilité »

Après le bureau, Christian Jacob a lancé « un appel à tous les candidats de notre famille politique, au sens large, pour leur dire qu’ils ont un devoir de responsabilité, après le résultat et la victoire sans précédent des régionales ». Et de prévenir :

Il ne peut pas y avoir deux candidats de la droite et du centre. Quand j’appelle les uns et les autres à la responsabilité, c’est à ça que je pense.

A la sortie, le président du groupe LR du Sénat, Bruno Retailleau, qui demandait depuis des mois une primaire, résume : « S’il n’y a pas de candidat naturel, il y aura une primaire » (voir la vidéo de Quentin Calmet et de Jonathan Dupriez). La veille, dans une tribune publiée dans Le Figaro avec Valérie Pécresse, Laurent Wauquiez et le centriste Hervé Morin, ils ont poussé en faveur d’une primaire ouverte. Un coup de pression qui a visiblement été efficace.

Mais la question est encore loin de faire l’unanimité. Quelques anciennes figures bien connues de la droite ont dit tout le mal qu’ils pensaient des primaires, à peine le bureau terminé. Michèle Alliot-Marie : « J’ai dit que je pensais que la primaire serait une ânerie, je l’ai redit ce soir ». Jean-François Copé : « Vous avez raison de n’avoir rien compris car ça n’a pas été tranché aujourd’hui. Mais il y a visiblement beaucoup de gens qui sont partants pour faire une primaire. […] Mais tout cela va se passer dans des conditions de division, qui m’inquiètent ». Il ajoute :

Et Xavier Bertrand a dit que quoi qu’il arrive, il n’ira pas à la primaire. Donc on ne résout pas le problème.

Xavier Bertrand : « Ce soir, devant les Français, je suis candidat à l’élection présidentielle »

En effet. Quelques minutes après, c’est au 20 heures de TF1 que la suite se passe. Xavier Bertrand en est l’invité. Il semble tendu. Comme on pouvait s’y attendre, celui qui s’est déjà déclaré reste sur sa ligne. « Ce soir, devant les Français, je suis candidat à l’élection présidentielle » répète Xavier Bertrand, « en cohérence, je ne serai pas candidat à une primaire ». Voilà la droite bien avancée…

A-t-il peur de la concurrence s’il se lance à la primaire ? « Si on a peur de la concurrence, on n’est pas candidat à la présidentielle ». Xavier Bertrand dit avoir « la conviction qu’il n’y aura qu’un candidat de la droite Républicaine ». Pour ça, dans son esprit, il faudrait que tout le monde se range gentiment derrière lui. Ce n’est pas gagné.

« Droite la plus bête du monde », « machine à perdre en route »…

Le risque de voir la droite se retrouver avec deux candidats semble en réalité bien là ce soir. C’est la crainte, de plus en plus, qui monte en interne. « Si Xavier Bertrand dit j’y vais quoi qu’il en coûte, que Pécresse et Wauquiez font ça, on aura la droite la plus bête du monde et ce sera la défaite annoncée », reconnaissait avant le bureau le sénateur LR Roger Karoutchi, à l’origine de l’initiative pour accélérer le calendrier. Ce risque est-il possible ? « On en est bien capable. On a des capacités hors norme à ne pas être raisonnables… » ajoute le vice-président du Sénat, proche de Valérie Pécresse. La droite a déjà montré ses capacités de division avec les guerres Balladur/Chirac, Sarkozy/Villepin ou Copé/Fillon.

Chez les soutiens de Xavier Bertrand aussi on s’inquiète, face à cette possibilité de voir la primaire refaire surface, alors que certains la pensaient enterrée. « On aura une primaire avec peu de gens qui iront voter, et avec un candidat désigné qui sera en concurrence avec Xavier Bertrand. Voilà, la machine à perdre est en route », se désole le sénateur LR Marc-Philippe Daubresse. « On peut gagner, mais on est en train de remettre en marche la machine à perdre. On a l’impression que c’est pavlovien », confirme le sénateur LR Cédric Perrin, lui aussi pour Bertrand.

« Le paradoxe, c’est qu’il y a un espace politique pour gagner, mais les ambitions peuvent nous faire perdre », analyse Roger Karoutchi. « Il ne faut pas avoir peur de la démocratie, ne pas avoir peur du débat », a dit, lors de son arrivée au bureau politique, Michel Barnier, possible candidat (voir la vidéo ci-dessous). « Mais il faut que ce processus permette de diminuer les tensions, pas de les augmenter », a ajouté le négociateur du Brexit. Pour le moment, c’est raté. Comme dit la chanson, « l’été sera chaud, l’été sera chaud »…

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