Présidentielle : avec Valérie Pécresse, le groupe LR du Sénat se met à y croire

Présidentielle : avec Valérie Pécresse, le groupe LR du Sénat se met à y croire

Les sénateurs Les Républicains ne boudent pas leur plaisir après la publication de deux sondages encourageants pour leur candidate Valérie Pécresse. Le groupe veut également croire que la candidate rassemblera sa famille, en envoyant des gages à Éric Ciotti.
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Quelques minutes avant que les premiers sénateurs LR ne convergent vers leur réunion hebdomadaire, le silence de la salle Médicis est rompu par une visite de routine. Ce sont les services de sécurité incendie, comme on en croise parfois au Sénat. Il faut dire que les parlementaires de la droite sont tout feu tout flamme. Ragaillardis par la conclusion du congrès de leur parti. L’ambiance est au beau fixe, trois jours après la victoire de Valérie Pécresse face à Éric Ciotti. La clarification de l’affiche s’est même accompagnée de plusieurs signaux encourageants dans les premières enquêtes d’opinion réalisées après son élection. Les intentions de vote en faveur de la présidente de la région Île-de-France ont bondi dans les baromètres Harris Interactive (14 %, +3 points) ou Ifop (17 % , +7 points), à des niveaux qui la rapprochent théoriquement d’une qualification au second tour. Les sénateurs et les députés LR étaient attendus ensuite au siège du parti pour se rassembler autour la candidate.

« Je suis très optimiste, peut-être un peu trop », confie le sénateur Alain Milon. Très tôt, l’ancien président de la commission des affaires sociales a choisi de parrainer Valérie Pécresse dans cette course. « Cela montre qu’il y a une véritable dynamique derrière sa candidature », veut aussi croire Dominique Estrosi Sassone, porte-parole de Xavier Bertrand. Beaucoup ont du mal à contenir leur enthousiasme, mais l’expérience a parfois montré que le souffle provoqué par la fin d’une primaire pouvait très vite redescendre. Un sondage reste une photographie à un instant T. « L’entrée est bonne. Mais, ce qui compte, c’est la sortie », conçoit le sénateur Bruno Belin, l’un des membres rattachés au groupe.

Le plus dur reste néanmoins à venir, malgré sa majorité acquise au congrès. Prise en tenaille entre Emmanuel Macron et Éric Zemmour, Valérie Pécresse va d’abord devoir composer avec plusieurs lignes et surtout, ne pas négliger l’électorat qui a préféré rallier la ligne dure d’Éric Ciotti. Près de 40 % des adhérents ont fait le choix du député des Alpes-Maritimes. Lorsqu’elle a indiqué le soir de sa victoire qu’elle ne reprendrait pas toutes les propositions de son concurrent, Éric Ciotti s’est plaint du message envoyé.

« Éric Ciotti a clairement dit que c’était elle la patronne »

Depuis, les deux candidats ont mis en scène leur unité sur les terres du finaliste malheureux, à Saint-Martin-Vésubie. « C’est une façon pour elle de lui tendre la main et de lui dire qu’elle lui réservera la place qu’il mérite. Il a fait un bon score, il faut l’entendre. Cette campagne se jouera à droite », insiste la sénatrice Alexandra Borchio-Fontimp, porte-parole d’Éric Ciotti. Invité de notre émission Audition publique, la veille, Bruno Retailleau, le patron du groupe, ne disait pas mieux sur l’issue de la présidentielle.

Pour le moment, l’incident est clos. « Éric Ciotti a clairement dit que c’était elle la patronne et Valérie Pécresse a dit clairement qu’elle allait pimenter son programme. Mais quand on regarde le piment, cela va plutôt du côté de l’économie que des mesures un peu dures que voulait prendre Éric Ciotti concernant en particulier l’immigration. Pour l’instant, c’est convenable », accueille Alain Milon. Dans les anciennes écuries du premier tour, la capacité de Valérie Pécresse de pouvoir rassembler ne fait pas de doute. « Il faut quelque chose d’équilibré », conseille Stéphane Piednoir, un soutien de Michel Barnier. « Elle a un projet qui correspond tout à fait aux valeurs que nous défendons : des valeurs de liberté, de responsabilité, d’ordre. Il faut qu’elle reste sur ce positionnement », conseille Dominique Estrosi Sassone.

La matinée de la droite ne s’est pas limitée au Parlement, elle s’est aussi jouée plus loin dans la rue de Vaugirard, au siège du parti. Avant l’arrivée des sénateurs, un comité stratégique s’est réuni, en présence de Valérie Pécresse. Le président du parti, Christian Jacob, a déchu le maire LR de Saint-Étienne, Gaël Perdriau, de son titre de vice-président du parti, pour avoir annoncé avant le second tour qu’il ne voterait ni pour Valérie Pécresse, ni pour Éric Ciotti. Autre vice-président sanctionné, sorti de l’organigramme : Guillaume Peltier. « Comment rester insensible au discours pour la France d’Éric Zemmour », avait écrit sur son compte Twitter le député. Cette clarification et cet ordre remis dans les instances sont approuvés dans le camp de Valérie Pécresse. « À un moment, il faut dire stop, si on veut être crédible », lâche un sénateur.

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