Présidentielle: le terrain pour Marine Le Pen, les “valeurs” pour Macron

Présidentielle: le terrain pour Marine Le Pen, les “valeurs” pour Macron

A une semaine du second tour de la présidentielle, la cheffe de l'extrême droite Marine Le Pen poursuit dimanche une campagne offensive sur le...
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Par Béatrice LE BOHEC

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A une semaine du second tour de la présidentielle, la cheffe de l'extrême droite Marine Le Pen poursuit dimanche une campagne offensive sur le terrain pour ravir la victoire à son rival Emmanuel Macron qui veut replacer le débat sur les "valeurs" de la France.

Après un déplacement surprise auprès de salariés d'une usine menacée de fermeture et l'annonce d'une alliance inédite avec le chef d'un autre parti, la candidate a improvisé une visite dans le sud axée sur l'écologie. Sa campagne, menée pied au plancher, vise à élargir son socle électoral pour faire mentir les sondages qui la donnent battue le 7 mai.

Le jeune centriste pro-européen, lui, a programmé une visite au Mémorial de la Shoah à Paris à l'occasion de la journée nationale du souvenir des victimes de la déportation, après s'être rendu cette semaine dans un village martyr de la Seconde Guerre mondiale pour "ne jamais oublier" "une page de l'Histoire de France des plus noires".

Le chef de file de Debout la France, Nicolas Dupont-Aignan, et Marine Le Pen scellent leur alliance dans les locaux du FN à Paris, le 29 avril 2017
Le chef de file de Debout la France, Nicolas Dupont-Aignan, et Marine Le Pen scellent leur alliance dans les locaux du FN à Paris, le 29 avril 2017
AFP

L'écart se ressert entre les deux finalistes - Emmanuel Macron est crédité de 59% des intentions de vote contre 41% à son adversaire - et l'alliance scellée samedi entre la candidate du Front national et Nicolas Dupont-Aignan, chef du petit parti souverainiste "Debout la France", pourrait renforcer la position de cette dernière.

M. Dupont-Aignan, qui avait obtenu 4,7% des voix au premier tour, sera nommé Premier ministre en cas de victoire, a annoncé Marine Le Pen. Celle qui mène depuis des années une stratégie de normalisation de son parti a justifié ce choix au nom du "patriotisme".

La candidate a récusé dimanche toute "contradiction" dans sa position sur l'euro, après avoir affirmé samedi dans son projet d'accord avec M. Dupont-Aignan que "la transition de la monnaie unique à la monnaie commune européenne n'est pas un préalable à toute politique économique".

"Cela fait assez longtemps que je réclame la transformation de la monnaie unique vers la monnaie commune. Par conséquent, il n'y a là aucune contradiction. Oui, je pense que l'on peut parfaitement conserver l'euro monnaie commune", a-t-elle déclaré en marge d'une visite imprévue à Gardanne (sud).

Lors de cette visite pour dénoncer le rejet dans la Méditerranée de "boues rouges" polluantes pratiqué depuis des années par une usine et qui suscite l'ire d'association écologistes, elle a défendu sa vision d'une "véritable écologie". Elle a vanté à la fois le "respect de considérations respectueuses de la santé" et la protection des emplois.

- 'Monstrueux' -

Emmanuel Macron sur un marché, le 29 avril 2017 à Poitiers
Emmanuel Macron sur un marché, le 29 avril 2017 à Poitiers
POOL/AFP

Parallèlement, des appels de tous bords politiques mais aussi de figures morales en France, d'artistes et d'associations se multipliaient pour exhorter les électeurs à voter Macron pour "protéger les valeurs de la République".

L'élection de Marine Le Pen serait quelque chose de "monstrueux", a ainsi estimé l'ancien secrétaire de Jean Moulin, figure de la résistance française à l'occupation nazie, dans une interview au Journal du dimanche.

"Le Pen, dans la vie politique française, représente la négation de tout ce pour quoi nous nous sommes battus", a jugé Daniel Cordier, 96 ans.

L'ancien ministre de la Justice, Robert Badinter, voix très respectée en France, a aussi dénoncé la volonté de la candidate d'instaurer "un principe constitutionnel de +préférence nationale+".

Cette mesure "ouvrirait la voie à des mesures humainement détestables, qu’il s’agisse notamment de l’école, des services de santé, des logements sociaux ou de l’emploi. Ce n’est pas en ajoutant la misère à la défiance que l’on pourra intégrer les étrangers établis légalement sur notre sol", a-t-il déclaré.

A l'adresse des Français voulant s'abstenir, en particulier les partisans déçus du conservateur François Fillon et du tribun de la gauche radicale Jean-Luc Mélenchon, une soixantaine d'associations et d'ONG les ont appelés à ne pas rester "spectateurs" et à se mobiliser "face à celles et ceux qui prônent le rejet de l'autre et le repli sur soi".

Depuis Bruxelles, le président socialiste François Hollande, dont le mandat de cinq ans a été entaché d'impopularité, a de nouveau mis en garde samedi contre "le risque majeur" de voir la candidate d'extrême droite accéder à la tête du pays et appelé les Français à "prendre un bulletin Macron" pour lui barrer la route.

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