Primaire écologiste : quels sont les programmes des candidats ?

Primaire écologiste : quels sont les programmes des candidats ?

Les 122.670 personnes inscrites à la primaire des écologistes ont quatre jours pour désigner celui ou celle qui représentera les couleurs de l’écologie à la présidentielle 2022. Pour ce premier tour, ils ont le choix entre Delphine Batho, Eric Piolle, Yannick Jadot, Sandrine Rousseau et Jean-Marc Governatori.
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Deux femmes et trois hommes. Delphine Batho, Sandrine Rousseau, Yannick Jadot, Eric Piolle et Jean-Marc Governatori sont candidats à la primaire écologiste. Le premier tour a lieu du 16 au 19 septembre. Le second tour est prévu du samedi 25 au mardi 28 septembre. Cinq partis (Europe Ecologie-Les Verts, Cap écologie, Génération.s, Génération écologie et le Mouvement des progressistes) y participent. Tour d’horizon, par ordre alphabétique, des principales propositions des candidats.

Delphine Batho

Paris: Delphine Batho candidate EELV distribution tracts
ISA HARSIN/SIPA

Son slogan : « L’écologie intégrale ». Delphine Batho milite avant tout pour la décroissance, « en rupture avec le libéralisme et le marxisme, qui refusent de s’inscrire dans les limites finies de la planète ». L’idée : « Que toutes les décisions soient prises non pas en fonction des bilans comptables et de la course folle à la surchauffe économique, mais en fonction du bien-être humain, de la lutte contre le réchauffement climatique et de la préservation du vivant », explique l’ancienne socialiste à Reporterre. « La priorité absolue » doit être donnée à « la décroissance énergétique, c’est-à-dire la réduction de notre consommation d’énergie ».

Delphine Batho défend une sortie progressive « du nucléaire, de façon pragmatique et responsable ». Elle veut mettre « un coup d’arrêt au projet de construction d’un nouveau parc nucléaire de six EPR en France ». Ancienne ministre de l’Ecologie de François Hollande, elle avait été virée du gouvernement après avoir jugé le budget de son ministère « mauvais », car en baisse de 7 %.

Cette ancienne proche de Ségolène Royal prône « la loi de séparation des lobbies et de l’État, l’interdiction des pesticides, la mise en place d’une politique d’éducation populaire écologique de 7 à 87 ans et la rupture avec le présidentialisme ». Elle souhaite par ailleurs « mener une véritable politique pénale et de prévention des féminicides et de tous les types de violences et de discriminations sexistes ».

Jean-Marc Governatori

Poitiers : Journees d'ete EELV (Europe Ecologie Les Verts)
SIPA

L’OVNI de la primaire écolo prétend avoir « le meilleur CV politique de France » et plaide pour une « écologie au centre ». Celui qui a forcé la main aux écologistes, par la voie du tribunal, pour intégrer la primaire, entend parler à la droite comme à la gauche.

Il propose de promouvoir l’économie circulaire. Son but est d’arriver à ce que « 100 % des déchets soient recyclés au terme du mandat ». « L’éducation à la santé, l’agriculture urbaine, la multiplication des pratiques d’échange de temps, de biens et de compétences, et l’économie circulaire comme principes dominants : on répare tout, on recycle tout ! » lance-t-il sur son site, avant de continuer : « L’impact sur le bien-être matériel et l’état d’esprit des personnes sera immédiat : il y aura plus de liens, moins de mal-être et de frustrations, et par conséquent, moins de délinquance. Cette « cité d’après » sera une grande coopérative de vie où les habitants se parlent, se prêtent, s’échangent, partagent (voir le succès des entreprises de covoiturage). C’est un immense potager ».

Côté institutions, il défend la reconnaissance du vote blanc ou la mise en place du référendum d’initiative citoyenne. Cet entrepreneur souhaite par ailleurs un grand débat national sur l’éducation nationale de six mois.

Yannick Jadot

Rennes Les Verts (EELV) green party MP Yannick Jadot
MATHIEU PATTIER/SIPA

Yannick Jadot propose de consacrer, selon son site de campagne, « 20 milliards d’euros par an » d’investissement public pour « réussir la transition écologique ». Ce qui « permet de créer plus d’un million d’emplois, de qualité, non-délocalisables et répartis sur tout le territoire ». Il souhaite une sortie du nucléaire « de manière responsable », soit en « vingt ans ». En parallèle, il compte investir « massivement » sur les énergies renouvelables.

Il veut conditionner « tous les soutiens publics dont bénéficient les entreprises (aides publiques, marchés publics…) au respect de l’environnement, du progrès social et de l’égalité entre les femmes et les hommes ».

« La vente de voitures diesel et thermiques classiques sera interdite à partir de 2030 » défend le candidat, qui ne veut pas se résigner « aux 67 000 morts prématurées liées à la pollution de l’air ». Autre idée : « Les Zones à Faibles Emissions seront généralisées au-delà des zones urbaines actuelles, d’ici à 2025 pour le diesel et d’ici à 2030 pour l’essence ».

Il prévoit encore « un plan exceptionnel de soutien à la demande d’un montant de 30 milliards d’euros, ciblant prioritairement les personnes vivant sous le seuil de pauvreté », ainsi qu’un « renforcement des services publics ». Yannick Jadot veut aussi instaurer « un droit au télétravail », avec un jour par semaine.

Côté institution, il prévoit « un mode de scrutin proportionnel » pour les députés, « dans un cadre départemental avec un seuil de représentation à 5 % et la parité ».

Eric Piolle

Poitiers:  Eric Piolle Journees d ete EELV
SIPA

Le maire de Grenoble, à la tête d’une coalition de partis de gauche et écologistes, défend « une transition écologique génératrice d’emplois et de justice sociale ». Il vise une neutralité climatique de la France dès 2045.

Point important de son projet (à voir en détail ici) : « Développer les énergies renouvelables et organiser la sortie du nucléaire pour une France sans pétrole ». Cela passe notamment par l’idée d’« obliger l’Etat et les collectivités territoriales à se fournir au moins à 50 % en énergie verte en 2025 ». Il entend déployer de nouveaux parcs éoliens terrestres et offshore.

Côté agriculture, il veut sortir de l’élevage industriel d’ici 2030, créer 25.000 fermes communales et avoir un quart des fermes en agriculture bio en 2030. Pour le logement, Eric Piolle veut « rénover l’ensemble du parc bâti d’ici 2050 » et construire 750.000 logements sociaux basse consommation.

Pour réduire les déchets, Eric Piolle veut créer 10.000 ateliers locaux de réparations de matériels (vélos, électroménager, vêtements, jouets…), allonger les durées de vie des produits « via l’allongement de la garantie légale et la lutte contre l’obsolescence programmée », réduire les déchets issus du BTP et fixer un objectif de 50 % de vrac alimentaire. Autre idée : « La publicité sera fortement limitée pour diminuer les incitations à l’achat de produits souvent non désirés ».

Pour les transports, il vise un « investissement 3 milliards d’euros » pour les trains et une « redevance poids lourds progressive ». Eric Piolle entend également « augmenter drastiquement l’impôt sur les revenus les plus hauts et les successions les plus élevées » et recréer l’ISF avec « une composante carbone ».

Sandrine Rousseau

ASNIERES: Sandrine Rousseau anti meeting
ISA HARSIN/SIPA

Sandrine Rousseau assume une « radicalité environnementale » (voir son site). Elle vise la sortie du nucléaire et « une énergie d’origine 100 % renouvelable d’ici 2050 ». Une taxation carbone des entreprises serait mise en place. « 500 milliards gérés par la sphère publique et parapublique » seront orientés vers le financement de l’économie et l’investissement vers la transition écologique.

La vice-présidente de l’université de Lille veut aussi créer un crime d’écocide, renforcer le statut juridique des animaux, interdire l’usage des OGM, des pesticides de synthèses et limiter les engrais.

Cette économiste veut créer « un nouveau contrat social » qui prévoit la mise en place d’un revenu d’existence à partir de 18 ans, sous conditions de ressources. Cette aide de 850 euros vient de la fusion de plusieurs prestations. Pour mieux répartir le temps de travail, elle propose la semaine de quatre jours.

Pour l’égalité homme/femme, la candidate vise la « parité réelle dans tous les domaines de la vie publique : dans les entreprises (au sein des conseils d’administration ou de surveillance), dans la sphère politique en garantissant des mandats paritaires, dans les médias, au travers de l’égale représentation des expert·e·s invité·e·s ».

Sandrine Rousseau veut aussi « garantir l’intégrité physique et morale des enfants intersexué.e.s et faciliter les démarches liées à la transition de genre ». Autre proposition : « Rendre obligatoire le CV anonyme ». Au programme aussi, l’« imprescriptibilité des violences sexuelles envers des mineurs et seuil d’âge de consentement à 15 ans ». Sur les institutions, Sandrine Rousseau veut « convoquer une convention citoyenne pour une autre République ».

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