Primaire: “J’ai changé”, dit Valls pour justifier son inflexion à gauche

Primaire: “J’ai changé”, dit Valls pour justifier son inflexion à gauche

Manuel Valls a défendu jeudi soir dans "L'émission politique" son projet présidentiel, reconnaissant avoir "changé" pour justifier l'inflexion à...
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Par Marc PRÉEL

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Manuel Valls a défendu jeudi soir dans "L'émission politique" son projet présidentiel, reconnaissant avoir "changé" pour justifier l'inflexion à gauche de son programme par rapport à ses positions passées.

"Je sais bien que beaucoup m'aimaient quand j'étais briseur de rêve (...) briseur de tabou. A 5%! Mais bien sûr que j'ai changé! Je n'ai pas changé de conviction, mais j'ai changé, j'ai mûri", s'est justifié l'ex-locataire de Matignon sur France 2, niant tout opportunisme.

Outre les interrogations sur la sincérité de son programme, Manuel Valls a notamment répondu pendant deux heures d'émission au secrétaire général de la CGT Philippe Martinez sur sa politique de baisse des charges des entreprises; aux critiques d'une jeune normalienne musulmane sur ses prises de position contre le port du voile; à un habitant des Alpes-Maritimes faisant passer la frontière italienne à des migrants; ou encore au député Les Républicains Thierry Solère sur la non-évacuation de la "ZAD" de Notre-Dame-des-Landes.

Lea Salame, David Pujadas et Manuel Valls  lors de
Lea Salame, David Pujadas et Manuel Valls lors de "L'Emission politique" le 5 janvier 2017 dans les studios de France 2 à Saint-Cloud
AFP

A l'issue de l'émission, selon le sondage réalisé par Harris Interactive, seuls 29% des Français interrogés ont jugé Manuel Valls "convaincant". Chez les sympathisants de gauche, ce taux atteint 45%, en deçà des scores de ses rivaux Benoît Hamon (63%) et Arnaud Montebourg (51%) lors de leurs passages respectifs dans cette émission.

Finies les propositions droitisantes du "monsieur 5%" de la primaire de 2011: en 2017, il ne s'agit plus de "déverrouiller" les 35 heures, de supprimer l'impôt sur la fortune ou même de "sortir de la logique de la dépense publique".

La gauche et la social-démocratie en France et dans le monde ont par le passé "trop cédé" à "la puissance du marché, à des forces de l'argent, au libéralisme", a estimé l'ancien Premier ministre.

Manuel Valls assume désormais "le niveau de dépenses publiques dont les Français ont besoin", prône un "revenu décent" de plus de 800 euros, ou encore un salaire et un taux d'impôt sur les sociétés minimum dans l'Union européenne. Nouvelle proposition jeudi soir: 40.000 nouveaux logements sociaux pour les jeunes précaires.

"J'essaie d'incarner une gauche réformiste, qui refuse le libéralisme mais qui essaie d'avancer en même temps", a-t-il dit.

Tout au long de l'émission, c'est surtout la cohérence entre ses positions passées et nouvelles qui a été testée.

- 'On m'a imposé le 49-3' -

"Je ne suis plus Premier ministre, je réfléchis à l'avenir. Et notamment sur la réponse à apporter à la crise démocratique", a-t-il à nouveau plaidé pour justifier sa volonté de cantonner l'article 49-3 aux textes budgétaires, alors qu'il y a eu lui-même recours pour la loi Macron et la loi travail. M. Valls en a d'ailleurs rejeté la responsabilité sur les frondeurs socialistes: "On m'a imposé le 49-3".

Son programme continue à comporter quelques entorses aux canons de la gauche française: la création de places de prison et surtout le retour de la défiscalisation des heures supplémentaires, mesure phare de Nicolas Sarkozy, abrogée par François Hollande en 2012.

Quant à ses positions sur le voile, qu'il avait qualifié il y a quelques mois d'"asservissement de la femme", Manuel Valls a défendu sa ligne en se disant "féministe". "Qu'est ce que c'est cette idée que le visage, que le corps des femmes, serait impudique (...) Vous êtes libre de porter ce voile, mais vous savez parfaitement ce qui se passe aujourd'hui dans certains quartiers", a-t-il dit à son interlocutrice voilée.

Benoît Hamon, lors d'une visite à Bayonne, le 4 janvier 2017.
Benoît Hamon, lors d'une visite à Bayonne, le 4 janvier 2017.
AFP

Dans cette campagne réduite à quatre semaines, l'ex-Premier ministre a choisi la stratégie de l'omniprésence. Outre de nombreuses apparitions médiatiques, il fera un déplacement par jour, hors débats télévisés. Après Liévin dimanche, des réunions publiques sont prévues à Rennes le 16 et à Limoges le 18 janvier.

Souvent sur la défensive jeudi soir, Manuel Valls peut toutefois se réjouir d'un bon sondage Harris Interactive paru jeudi matin: il arriverait largement en tête (43%) au premier tour de la primaire le 22 janvier, devant ses rivaux Arnaud Montebourg (25%) et Benoît Hamon (22%), en forte progression. Vincent Peillon est distancé (7%).

"Je me méfie bien sûr et des pronostics et des sondages", a éludé en soirée soir M. Valls, qui refuse le costume de favori.

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