Primaire : les candidats se concentrent sur leurs fondamentaux pour la fin de campagne

Primaire : les candidats se concentrent sur leurs fondamentaux pour la fin de campagne

Le dernier débat doit permettre aux candidat de la primaire de gauche de marquer encore leurs différences. En cette fin de campagne, Arnaud Montebourg a retrouvé ses accents de 2011, Manuel Valls fait du Manuel Valls. Benoît Hamon continue lui de défendre son revenu universel.
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Face à l’incertitude du résultat du premier tour de la primaire, les candidats font ce qu’ils savent faire le mieux : être eux-mêmes. En cette fin de campagne, Arnaud Montebourg et Manuel Valls donnent l’impression de se recentrer sur leur fondamentaux.

« Formules cinglantes » et « cohérence globale » pour Montebourg

Montebourg un peu terne ? Certains ont trouvé l’ancien ministre du Redressement productif un peu en retrait, lors des deux premiers débats. En meeting mercredi soir à Paris, Arnaud Montebourg a fait mentir les critiques. Le chantre de la démondialisation, lors de la primaire de 2011, a retrouvé toute sa verve. « Nous allons écrire une nouvelle page de l’Histoire de France, nous avons rappelé qui nous sommes (…) il y a un désir rectiligne de transformer le pays, de le changer, de reprendre le drapeau du discours du Bourget, tombé à terre dans la poussière ! Nous le relèverons, ensemble ! » a lancé le candidat devant plus de 2.000 personnes (voir la vidéo : images Cécile Sixou). « Fier » autant de Jaurès, des mineurs de Florange que de « Taubira », il entend faire renaître la flamme de la gauche et la reprendre là où François Hollande l’aurait laissée.

« Le discours était  très fort d’un point de vue rhétorique, avec quelques formules cinglantes, bien ciselées. Mais c’était moins dans l’emphase que dans l’enthousiasme et l’élan » selon le sénateur PS Jérôme Durain, soutien d’Arnaud Montebourg. Ce proche souligne qu’« il a beaucoup travaillé depuis le printemps, avec un programme chiffré. Il en a peut-être un peu pâti durant la dernière partie de campagne, car la richesse du programme peut faire perdre la vision d’ensemble. Que la dernière phase de campagne permette de redonner le fil, la cohérence globale du projet, c’est normal. Il y avait cette dimension très sociale, très claire autour de 3-4 marqueurs forts ».

Preuve que la fin de campagne se tend : les représentants d’Arnaud Montebourg ont saisi la Haute autorité de la primaire sur une cérémonie de vœux que Benoît Hamon compte tenir samedi, alors que la campagne officielle sera close, selon une information de Paris Match.

« Si on n’aborde pas les questions sur la République et les principes lors de la présidentielle, on ne les abordera jamais » (Olivier Dussopt, porte-parole de Manuel Valls)

A sa manière, Manuel Valls suit le même chemin. Il fait… du Valls. « Il parle de sujet sur lesquels il est particulièrement investi : conception de la République, laïcité, sécurité, la bataille fondatrice pour la cohésion sociale. Evidemment, il en parle » reconnaît son porte-parole, le député de l’Ardèche Olivier Dussopt, « mais il ne parle pas que de ça » précise-t-il aussitôt, évoquant « le pouvoir d’achat, la défiscalisation des heures supplémentaires, l’éducation, la formation, la culture ». Mais il ajoute : « Si on n’aborde pas les questions sur la République et les principes lors de la présidentielle, on ne les abordera jamais ».

Valls est donc là où on l’attend. Pour faire oublier le début de campagne et son recentrage à gauche, parfois mal compris et un peu rapide ? « Il n’y avait pas de recentrage » corrige Olivier Dussopt. « Comment aurait-on pu imaginer que Manuel Valls aille vers l’élection sans évoquer l’intégralité des sujets ? Son expérience au ministère de l’Intérieur et à Matignon l’a amené à parler plus de certains sujets que d’autres. Mais il est candidat à la présidentielle, il embrasse tous les sujets ». Le porte-parole admet « peut-être une incompréhension » sur le 49.3, que Manuel Valls souhaite supprimer, « mais elle existe quand on réduit ses propositions à ça. Or il propose aussi de modifier la composition du Parlement, de mieux associer les citoyens ».

« Hamon fait du Hamon. Il n’a pas varié depuis le début. Il est dans son couloir »

Pendant qu’Arnaud Montebourg rassemblait ses partisans, Benoît Hamon tenait lui aussi dans la capitale son plus grand meeting de campagne, avec 3.000 personnes revendiquées. Celui qui a marqué la campagne par sa proposition de revenu universel n’a lui pas voulu en faire des tonnes. Pas de grands effets de manche, mais surtout de la pédagogie. « Hamon fait du Hamon. Il n’a pas varié depuis le début. Il est dans son couloir, dans des propos de fond. Il n’a pas de raison de varier » souligne son porte-parole, le député Régis Juanico. « C’est plutôt les autres candidats qui étaient sur ses propositions. Eux recentrent peut-être aujourd’hui avec la nécessité de revenir à leur base » pointe le député PS de la Loire.

Benoît Hamon a pourtant fait un peu bouger sa proposition, en proposant qu’une conférence citoyenne décide des modalités du revenu universel. « Pourquoi on dirait d’avance que c’est bouclé, ficelé ? » demande Régis Juanico, qui n’y voit pas d’évolution.

Lors de son meeting, Benoît Hamon s’est réjoui d’avoir pesé, quel que soit le résultat. « Aujourd’hui, le débat n’est plus « y aura-t-il un revenu universel ou pas. La question c’est : « quel revenu universel mettrons-nous en place ? » » a-t-il lancé devant ses partisans. Alors que ses concurrent dénoncent le coût – environ 400 milliards d’euros – de sa mesure, il propose « une première étape » du revenu universel pour les seuls 18-25 ans pour un coût de « 45 milliards d’euros. Le même montant que le CICE et le Pacte de responsabilité… » Une manière de répondre à la pauvreté qui touche les jeunes et aux difficultés pour l’entrée dans l’emploi, souvent à coups de stages et CDD. Regardez (images : Quentin Calmet) :

Benoît Hamon sur le revenu universel
00:59

« Le sentiment d’imprévisibilité domine, donc il faudra différencier, montrer qui en a le plus envie »

Pour le dernier débat d’avant premier tour, Benoît Hamon va mettre en avant « des idées nouvelles », affirme Régis Juanico, ou du moins pas encore évoquées lors des précédents débats. « Il y a une carte blanche. Benoît Hamon va s’exprimer sur le thème de l’accompagnement de la fin de vie, et l’accompagnement nécessaire des aidants, ceux qui aident les personnes handicapées et âgées ».

Les candidats comptent encore sur les débats pour transformer l’essai. « La fin de campagne annonce un scrutin indécis. Le sentiment d’imprévisibilité domine, donc il faudra différencier, montrer qui en a le plus envie, qui est le plus prêt. Il faut sans doute marquer des points ce soir » prévient Jérôme Durain pour Montebourg. Le sénateur parle de « stratégie de différenciation, de mise en avant de son avantage comparatif ». « Dire ce sur quoi on n’est pas d’accord, c’est la meilleure façon d’éclairer le vote des électeurs » confirme Olivier Dussopt. « Tout le monde est challenger dans cette élection. Il faut se battre pour arriver en tête du premier tour ».

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