Selon un sondage Ifop, seuls 44 % des électeurs français prévoient de se rendre aux urnes le 9 juin. Dans un scrutin européen marqué par l’abstention, le vote des jeunes sera particulièrement scruté. En 2019, leur mobilisation tardive avait fait grimper le vote écologiste. Feront-ils mentir les sondages en 2024 ?
Primaire PS: la loi travail reste une pomme de discorde
Par Juliette COLLEN
Publié le
A peine entrée en vigueur, la loi travail, qui avait déchiré la majorité au printemps, n'est toujours pas digérée par une partie de la gauche, au point que trois des sept candidats de la primaire organisée par le PS promettent de l'abroger ou de l'amender.
La réforme "la plus controversée" du quinquennat Hollande, comme le président le reconnaît lui-même, a été promulguée cet été, au terme du plus long conflit social jamais vu sous un gouvernement de gauche et après trois recours à l'article 49-3 pour la faire adopter sans vote au Parlement. Pour l'essentiel, elle est entrée en application au 1er janvier.
Aujourd'hui, les deux gauches "irréconciliables", selon le mot de Manuel Valls, demeurent profondément divisées sur la philosophie du texte: la primauté de l'accord d'entreprise sur l'accord de branche, dénoncée par ses opposants comme une "inversion de la hiérarchie des normes" ouvrant la porte au "moins-disant", donc au "dumping social".
Une fracture exprimée jeudi soir lors du premier débat entre les sept candidats de la primaire de la gauche élargie et qui pose la question du rassemblement autour du futur candidat.
"Les différences idéologiques entre les candidats sont beaucoup plus exacerbées qu'en 2011. Comme la déchéance de nationalité et le Cice, la loi travail a déchiré le PS et reste très présente dans les esprits car elle n'a que quelques mois", relève Rémi Lefebvre, professeur de science politique, "très sceptique" sur "la capacité de cette primaire à produire un candidat fédérateur".
Tout en reconnaissant "les explications ratées", Manuel Valls s'est dit "convaincu" jeudi soi que la loi est "une avancée". Il a redit sa volonté de défiscaliser à nouveau les heures supplémentaires, mesure phare de Nicolas Sarkozy abrogée en 2012.
Benoît Hamon et Arnaud Montebourg ont maintenu, eux, leur volonté d'abroger une loi "sans légitimité démocratique", qui "facilite les licenciements" et "la baisse de la rémunération des heures supplémentaires".
"J'entends abrogation. Abroger quoi?", leur a demandé Manuel Valls, en évoquant des "droits nouveaux" pour les salariés.
Outre l'article 8 sur le temps de travail, d'autres mesures sont dans leur viseur: le référendum d'entreprise, la réforme de la médecine du travail et la clarification des motifs de licenciement économique pour "sécuriser" l'employeur face au juge, qui fait redouter une "facilitation" des licenciements.
- "Péché capital" -
Pour Arnaud Montebourg , le "péché capital" du texte est de considérer que "la responsabilité du chômage est en rapport avec le droit du travail".
Estimant que la branche "doit être le lieu de négociation, de l'adaptation du code du travail", il se montre favorable à "un code PME" branche par branche, qui puisse différencier le droit selon la taille de l'entreprise.
Toutefois, il n'exclut pas de reprendre des éléments de la loi, après "discussions avec les partenaires sociaux mais également avec le Parlement".
Il cite, comme éléments "intéressants", le droit à la déconnexion ou le compte personnel d'activité. Deux mesures de la loi El Khomri qui, avec la généralisation de la garantie jeunes, font davantage consensus.
Benoît Hamon, qui prône une réduction du temps de travail, s'engage à abroger la loi "immédiatement" afin "que notre code du travail continue de prévaloir sur les accords négociés par les branches et les entreprises".
Mais quelques dispositions seraient "sauvées", notamment le CPA, le droit à la déconnexion et la garantie jeunes, précise à l'AFP son directeur de campagne, Mathieu Hanotin.
Sans vouloir l'abrogation, Vincent Peillon veut "revenir" sur plusieurs points. Le député européen, qui assure avoir rejoint la primaire pour défendre le bilan du quinquennat, souhaite notamment "supprimer l'article qui permet à un accord d'entreprise de réduire, par exemple, la majoration des heures supplémentaires".
Sur les licenciements économiques et le référendum, l'ex-ministre de l'Éducation promet de consulter les partenaires sociaux car ces points "semblent mériter d'être examinés".
En revanche ni Jean-Luc Bennhamias, président du Front démocrate, ni Sylvia Pinel, présidente du Parti radical de gauche, ni François de Rugy, président du parti écologiste, n'ont pas parlé de réviser la loi