Prochain gouvernement : « Il y a une stratégie du président élu qui est de faire durer les choses », analyse Gérard Longuet

Prochain gouvernement : « Il y a une stratégie du président élu qui est de faire durer les choses », analyse Gérard Longuet

Pour l’ancien ministre de la Défense de Nicolas Sarkozy, Emmanuel Macron cherche à gagner du temps avant les élections législatives : en repoussant l’entrée en fonction du nouveau gouvernement, le chef de l’Etat maintient aussi le flou sur l’orientation que va prendre son nouveau quinquennat.
Romain David

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Un jour sans fin. Il s’est écoulé 22 jours entre la réélection d’Emmanuel Macron à la présidence de la République et la désignation d’Élisabeth Borne comme Première ministre. Combien de temps encore à attendre avant la nomination du nouveau gouvernement ? Invité jeudi de la matinale de Public Sénat, le sénateur LR Gérard Longuet, ancien ministre de la Défense de Nicolas Sarkozy, a estimé que le président et sa cheffe de gouvernement jouaient les prolongations pour des raisons de stratégie électorale, moins à cause d’éventuelles difficultés de casting. « Maintenant, il faut des orientations concrètes, c’est le rôle du gouvernement. Mais il faudrait d’abord qu’il y en ait un et qu’il présentât un programme devant les assemblées. Nous aurions pu ouvrir le débat pour que le vote législatif soit un vote éclairé, manifestement, il ne le sera pas », observe notre invité au micro de « Bonjour chez vous ».

Jouer la montre

« Il y a une stratégie du président élu qui est de faire durer les choses, comme s’il ne voulait pas abattre son jeu avant les législatives, pour maintenir une situation issue de son deuxième tour heureux », soutient Gérard Longuet. « C’est la première fois qu’il s’écoule deux mois entre l’élection présidentielle et les législatives. C‘est un délai assez long. On aurait pu s’attendre à ce que le président nomme un gouvernement pour présenter ses grandes lignes et qu’elles soient jugées par les électeurs pour sortir d’un certain nombre d’ambiguïtés. Ça n’est manifestement pas le cas », développe l’élu de la Meuse.

« Lorsqu’il sera nommé, le gouvernement prendra lui aussi son temps, de sorte que les électeurs arriveront sur le premier tour des élections législatives sans savoir ce que l’exécutif veut faire », prédit encore Gérard Longuet. « C’est une manière de passer l’obstacle en profitant de l’élan de la présidentielle sans donner aux législatives leur véritable valeur : choisir des députés pour une politique au quotidien. »

» Lire notre article - Législatives : le point sur les dissidences PS, Renaissance, LR et RN

Élisabeth Borne, une personnalité dans la mouvance « du PS de Monsieur Jospin »

Evoquant la nomination d’Élisabeth Borne à Matignon, Gérard Longuet estime qu’il s’agit d’une rupture avec la campagne de réélection d’Emmanuel Macron, plutôt marquée à droite. « C’est une forme de désinvolture. On ne peut pas, à la veille du premier tour, rassurer la droite en lui disant : ‘ne vous inquiétez pas, je ferai le programme de Madame Pécresse’, par exemple sur la retraite à 65 ans ou la relance du nucléaire, et puis choisir immédiatement une femme qui a fait toute sa carrière dans la mouvance du PS de Monsieur Jospin », relève Gérard Longuet. Une référence au passage d’Élisabeth Borne dans le cabinet de Lionel Jospin à Matignon de 1997 à 2002, comme conseillère technique chargée des transports.

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