Prochain patron du PS, Olivier Faure veut « regagner la confiance » des Français

Prochain patron du PS, Olivier Faure veut « regagner la confiance » des Français

Arrivé largement en tête du vote des militants pour le congrès du PS, Olivier Faure est assuré d’être le nouveau premier secrétaire après le retrait de Stéphane Le Foll, arrivé à la seconde place. Ce social-démocrate est dans la ligne traditionnelle du parti. Il devra reconstruire le PS.
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Il a tué le match. Olivier Faure, qui portait les habits du favori pour le congrès du PS, est arrivé largement en tête du vote des militants pour l’élection du premier secrétaire du Parti socialiste. Avec 48,56% des suffrages, il frôle même l’élection dès le premier tour. Stéphane Le Foll se retrouve second avec 26,10%, Emmanuel Maurel réalise un score de 18,98% et Luc Carvounas ne fait que 6,36%. Avec 37.014 votants, sur 102.000 adhérents revendiqués, la participation est bonne. Rachid Temal, qui occupait le poste de premier secrétaire par intérim, tablait sur 30.000. Premier constat : « Le PS est toujours vivant », s’est réjoui ce matin sur Public Sénat la sénatrice Marie-Pierre de la Gontrie, qui soutenait Luc Carvounas.

Remettre sur les rails le parti

Reste qu’Olivier Faure se retrouve capitaine d’un navire en perdition, depuis la cinglante défaite de Benoît Hamon à la présidentielle et l’échec du quinquennat Hollande. Il va avoir la lourde tâche de remettre sur les rails le parti.

Dès vendredi matin, Stéphane Le Foll a annoncé son retrait. « Le résultat est sans appel. Il est net » a salué l’ancien ministre, dont l’image de proche de François Hollande rendait dès le départ sa victoire quasiment impossible. « Je ne suis pas candidat le 29 mars », pour le vote censé départager les deux finalistes. « Le parti sera dirigé par Olivier Faure ». Les militants devront cependant encore se déplacer pour voter – ce sont les statuts – mais il n’y aura qu’un bulletin. Le président du groupe Nouvelle gauche de l’Assemblée nationale se retrouve de facto nouveau premier secrétaire. Le congrès des 7 et 8 avril à Aubervilliers permettra son intronisation officielle et la présentation de sa feuille de route.

Congrès du PS : Stéphane Le Foll ne sera « pas candidat le 29 mars »
01:09

« Ce congrès doit être celui de notre renaissance »

Le nouveau patron du Parti socialiste a pris la parole en début d’après-midi, sur le ton de l’espoir. « Ce congrès doit être celui de notre renaissance » a-t-il espéré. « Nous nous sommes tellement manqués. Maintenant, nous allons nous retrouver ». « Nous avons déçu, nous devons maintenant regagner la confiance de nos concitoyens en montrant que nous avons changé » par « notre capacité à dépasser les vieux clivages, offrir une vision nouvelle », a défendu le député de Seine-et-Marne, qui va lâcher la présidence du groupe Nouvelle gauche.

Quand on l’emporte, on rassemble. Surtout après l’hémorragie de militants constatée depuis la présidentielle. C’est ce qu’entend mettre en pratique Olivier Faure : « Notre rassemblement n’est pas une option. Il est un impératif. Quand il faut tout changer, tout reconstruire, on a besoin de toutes les énergies et forces pour réussir ». Il insiste : « Faire des additions et non pas des soustractions, c’est ce que je dirai à Luc, Stéphane et Emmanuel ». Au PS, il n’y a que des camarades.

« Pour Olivier Faure, tout commence »

Pour les soutiens d’Olivier Faure, il flotte comme un petit air de renouveau. La victoire d’Olivier Faure, c’est « le bourgeon d'un printemps de la renaissance » s’enflamme, un brin lyrique, le sénateur PS David Assouline, invité de Parlement hebdo sur Public Sénat/LCP-AN. Regardez :

PS : Assouline évoque un « bourgeon d'un printemps de la renaissance »
03:52

« Ça redonne de la force au PS parce que le nombre de votants reste très honorable. Le cœur du parti est resté solide autour de ses élus locaux.  La majorité nette, autour d’un candidat qui était assez central, permet le rassemblement. Pour Olivier Faure, tout commence » se réjouit son collègue sénateur Remi Féraud, autre soutien. « Olivier Faure était clair sur le fait que nous nous situons dans l’opposition, mais sur notre ligne sociale-démocrate. Le congrès clarifie ça. Le résultat clarifie le fait qu’il n’y a ni virage à gauche, ni virage à droite. Il y a la volonté de reconstruire un grand parti dans la volonté d’exercer les responsabilités. Même si ce n’est pas pour demain… » reconnaît le sénateur de Paris.

« C’est la ligne centrale du PS qui l’emporte, et largement »

Le président du groupe PS du Sénat, Patrick Kanner, s’est réjoui aussi du résultat. Le sénateur du Nord était derrière Stéphane Le Foll, avant de prendre ses distances par rapport au congrès, du fait de ses responsabilités. « C’est la ligne centrale du PS qui l’emporte. Et largement, si on cumule le score d’Olivier Faure et Stéphane Le Foll » souligne à publicsenat.fr Patrick Kanner, « vraiment très heureux de la réaction de Stéphane Le Foll qui a compris que l’intérêt général l’emportait sur un combat des chefs, qui n’avait plus de sens, vu les résultats ». « Je me mets aux côtés du futur premier secrétaire, en tant que patron du groupe, pour porter les combats à venir » ajoute Patrick Kanner.

Pour Emmanuel Maurel, le résultat peut paraître décevant. « Après le traumatisme subi l'an passé et le départ de nombreux militants, un tel choix était, finalement, prévisible. Il n'entame donc en rien notre détermination » a-t-il réagi dans un communiqué. Il aurait pu espérer au moins se retrouver à la seconde place. Mais la gauche du parti, dont il est l’une des figures, a subi la division. Les derniers hamonistes restés au PS ont soutenu Luc Carvounas et les aubrystes étaient derrière Olivier Faure. Résultat : la gauche du PS reste dans la minorité.

« C’est la merde ! Ce sont les apparatchiks qui reprennent le parti »

Venu écouter Stéphane Le Foll annoncer son retrait, ce matin à Solférino, un soutien d’Emmanuel Maurel ne pouvait cacher son dépit. « C’est la merde ! Ce sont les apparatchiks qui reprennent le parti. C’est le retour du parti des élus. On ressert la même soupe qu’avant ! C’est le hollandisme qui continue. On ne change rien. On prend les mêmes et on recommence » lâche Jean-Dominique Capocci, secrétaire de la section PS du VIIe arrondissement de Paris.

Il est vrai qu’Olivier Faure connaît le siège de la rue de Solférino, qui a été vendu, comme sa poche. Il est l’ancien directeur adjoint de cabinet de François Hollande, quand il était à la tête du PS. Et Stéphane Le Foll était lui le directeur de cabinet… Sur le fond, ces deux sociaux-démocrates sont très proches. Au final, ce sont les deux candidats les plus similaires qui se retrouvent en tête, après le vote.

Quant à Luc Carvounas, il n’a pas réussi son pari. Lui qui a cherché à faire oublier son image de vallsiste finit avec un score proche de celui de l’ancien premier ministre, lors de la primaire. « Luc Carvounas, que j’estime, a payé le fait que sa ligne ne soit pas si claire que ça pour beaucoup de militants, du fait de son parcours. Et il manque de relais, il est assez parisien » analyse le sénateur Jérôme Durain, qui a soutenu le président du groupe Nouvelle gauche. Pour Marie-Pierre de la Gontrie, qui a soutenu l’ancien maire d’Alfortville, « c’est à Olivier Faure de faire des signes montrant qu’il est capable de rassembler ».

« Olivier Faure est un intellectuel un peu introverti »

Le nouveau patron du PS va maintenant devoir faire ses preuves à la tête du parti. Pour ça, il devra imprimer plus dans l’opinion. « Olivier Faure est un intellectuel un peu introverti » le décrit un socialiste qui n’a pas voté pour lui. « La différence avec les autres partis, c’est que nous n’avons pas désigné a priori un présidentiable. Cette différence peut être un atout. On peut faire d’une faiblesse une force » pense Rémi Féraud. « Olivier Faure est un visage nouveau qui a une vraie analyse sur la nécessité d’ouverture du PS » ajoute Jérôme Durain.

Pour Patrick Kanner, la reconstruction passera par le local. « Pour moi, l’échéance prioritaire, c’est de bien préparer les élections municipales » de 2020. Un retour par la base, une forme de deadline, où le PS saura s’il a encore une chance de jouer les premiers rôles à l’avenir. Dans l’immédiat, le PS devra réussir à tenir une voix claire et audible sur les nombreuses réformes d’Emmanuel Macron. « Le parti sera en ordre de marche pour les combats politiques à venir » espère bien Patrick Kanner. « On a quand même quelques dossiers extrêmement lourds : ordonnances SNCF, la réforme de la Constitution, loi asile et immigration. Des sujets où on pourra montrer notre différence ». C’est tout l’enjeu pour les socialistes s’ils veulent exister.

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