Quand le conseil constitutionnel veille à la dignité du scrutin
Jean Lassalle demande au Conseil constitutionnel de prendre en compte les votes annulés, à cause de lui, des électeurs de sa commune lors de l’élection présidentielle. Décryptage avec nos partenaires Les Surligneurs.

Quand le conseil constitutionnel veille à la dignité du scrutin

Jean Lassalle demande au Conseil constitutionnel de prendre en compte les votes annulés, à cause de lui, des électeurs de sa commune lors de l’élection présidentielle. Décryptage avec nos partenaires Les Surligneurs.
Public Sénat

Temps de lecture :

3 min

Publié le

Candidat à l’élection présidentielle écarté au premier tour, Jean Lassalle entendait s’abstenir au second tour. C’était son choix de citoyen et il ne lui était pas interdit de le faire savoir à ses électeurs. Toutefois, cela n’aurait pas dû se faire dans un bureau de vote et encore moins avec une mise en scène filmée et diffusée aussitôt sur les réseaux sociaux. Résultat, le Conseil constitutionnel a annulé les votes des 90 électeurs de Lourdios-Ichère dans les Pyrénées-Atlantiques.

Le Conseil constitutionnel a annulé près de 20 000 suffrages. Au regard du nombre de votants (plus de 37 millions), et de l’écart entre les deux candidats finalistes, les suffrages annulés n’ont pas pu peser sur le vote. Rapidement, Jean Lassalle a demandé pardon aux habitants de sa commune. Désormais, il souhaite que le Conseil constitutionnel lève la sanction contre sa commune. Mais le Conseil constitutionnel a tiré les conséquences de l’irrégularité du scrutin que Jean Lassalle a lui-même provoquée en portant atteinte à sa dignité.

La dignité du scrutin, un principe juridique depuis le second tour Chirac-Le Pen de 2002

Le principe de dignité du scrutin n’existe nulle part dans le Code électoral, et pourtant c’est bien une règle juridique dégagée par le Conseil constitutionnel en 2002. Au second tour de l’élection présidentielle opposant Jacques Chirac à Jean-Marie Le Pen, bien des électeurs et des maires n’avaient guère goûté ce choix restreint, et décidèrent de manifester leur mécontentement.

Dans la commune de Villemagne (Aude), le maire avait placé un dispositif symbolique de « décontamination », autrement dit, un portique et un pédiluve pour les électeurs qui auront voté Jacques Chirac, ou alors qui auront touché les bulletins de vote portant le nom de Jean-Marie Le Pen. Résultat, tout le scrutin fut annulé, en raison d’agissements, dit le Conseil constitutionnel, « incompatibles avec la dignité du scrutin ». Les 157 bulletins glissés dans l’urne furent jetés aux orties.

Jean Lassalle pourrait écoper d’une amende

Reste que Jean Lassalle a enfreint l’article L49 du Code électoral qui interdit de diffuser pendant le vote « tout message ayant le caractère de propagande électorale ». La peine maximale ? Une amende de 3 750 euros à l’encontre de l’auteur des faits. Difficile de semer la pagaille dans un bureau de vote et demander ensuite au Conseil constitutionnel de faire comme si de rien n’était.

 

» Voir aussi notre vidéo sur le rôle du conseil constitutionnel

Retrouvez tous les épisodes de Legal checking

 

Partager cet article

Dans la même thématique

Quand le conseil constitutionnel veille à la dignité du scrutin
1min

Politique

Affaire Le Scouarnec : Yannick Neuder annonce un texte « pour que les fichiers des prédateurs sexuels puissent être consultés par les hôpitaux »

Après avoir reçu le collectif de victimes de l’ancien chirurgien, Joel Le Scouarnec, accusé de 300 viols et agressions sexuelles sur des patients, le ministre de la Santé, Yannick Neuder annonce un texte pour permettre aux établissements de santé d’avoir accès aux casiers judiciaires des soignants qu’ils veulent recruter.

Le

Quand le conseil constitutionnel veille à la dignité du scrutin
3min

Politique

Conclave sur les retraites : « Personne n’a vraiment compris si le gouvernement reviendrait devant le Parlement »

Aux questions d’actualité au gouvernement du Sénat, la ministre du travail, de la santé, des solidarités, Catherine Vautrin a été interpellé sur l’échec, à ce stade, des partenaires sociaux à trouver un accord sur les retraites. Dans cette hypothèse, le Premier ministre s’était engagé à présenter un projet de loi. Les sénateurs de gauche en veulent la confirmation.

Le