Quartiers populaires : que proposent Emmanuel Macron et Marine Le Pen ?

Quartiers populaires : que proposent Emmanuel Macron et Marine Le Pen ?

Moins de 24 heures après le débat d’entre-deux-tours, les deux candidats à l’élection présidentielle sont sur le terrain, en Seine-Saint-Denis, pour Emmanuel Macron, dans les Hauts de France pour Marine Le Pen. L’occasion de comparer leurs propositions à destination des quartiers populaires.
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Pour l’un de ses derniers déplacements de campagne, Emmanuel Macron a choisi le département le plus pauvre de France, la Seine-Saint-Denis. Un déplacement qui ne doit rien au hasard. La Seine-Saint-Denis a enregistré le 10 avril le taux d’abstention le plus élevé de France métropolitaine, et a placé le candidat de La France insoumise Jean-Luc Mélenchon largement en tête (49,09 %) devant Emmanuel Macron (20,27 %). « Je veux que dans les cinq années qui viennent, on arrive à bâtir cette ambition 'quartier 2030 » (…) « L’ensemble des habitants de nos quartiers populaires sont une chance pour notre République », a lancé le chef de l’Etat devant la mairie de Saint-Denis se disant convaincu qu’aucun des problèmes « économiques et sécuritaires » de ces quartiers ne pouvait être résolu « en déconsidérant une partie de la population ».  

Des propos qui font écho à ce qu’il avait dit à Marseille en septembre dernier, « Les quartiers nord de Marseille sont une chance » et une référence à peine voilée à son adversaire, Marine Le Pen qui évoquait mercredi soir lors du débat d’entre deux tours, la « barbarie » et « l’ensauvagement » du pays, notamment en raison de « l’immigration anarchique et massive », d’après elle.

Malgré les intentions affichées du chef de l’Etat, aucun plan spécifique en faveur des quartiers prioritaires ne figure dans son programme, et pour cause.

Pas de plan banlieues dans les programmes des candidats

En mai 2018, à peine un an après son arrivée au pouvoir, Emmanuel Macron avait poussé très loin l’aspect « disruptif » de son mode de gouvernance. A l’Elysée, devant un public conquis (élus, entrepreneurs, associations) venu à l’Élysée pour écouter les mesures de l’exécutif en faveur des quartiers populaires, le chef de l’Etat avait enterré en grande pompe le rapport Borloo. « Je ne suis pas venu vous présenter un plan banlieue, parce que cette stratégie est aussi âgée que moi […] « Ça n’aurait aucun sens que deux mâles blancs ne vivant pas dans ces quartiers s’échangent un rapport », avait-il argué.

En 2022 comme en 2018, les quartiers populaires sont évoqués au travers différents thèmes, tels que la sécurité. Emmanuel Macron entend constituer ce qu’il appelle une « force d’action républicaine », composée de « forces de sécurité, magistrats, équipes éducatives…. Son but est de « rétablir en urgence l’ordre dans les quartiers en crise ».

La sécurité, classée priorité de son quinquennat est également l’un des prismes par lequel Marine Le Pen aborde les quartiers prioritaires. Elle promet de créer 7 000 postes « de policiers et de gendarmes » et « doubler le nombre de magistrats pour le porter à 20 000 ». La présomption de légitime défense pour les forces de l’ordre, la fin des aménagements de peine, sont également au programme.

Education : l’un des chantiers prioritaires d’Emmanuel Macron pour prévenir les inégalités

« Je continue à croire au fait que la politique la plus égalitaire, c’est celle qui prévient les inégalités et qui conjure la fatalité », avait expliqué Emmanuel Macron, le 17 mars, lors de la présentation de son programme. Il a indiqué vouloir aller « au bout » du dédoublement des classes de CP-CE1 en REP et REP +, ou encore la garantir le remplacement des enseignants absents. Marine Le Pen s’engage également à dédoubler les classes entre la grande section et le CP. « L’effectif maximal ne devra plus dépasser les 20 élèves », explique-t-elle. « L’assimilation » serait censée être favorisée durant son mandat grâce à une « augmentation accrue » des heures de français et d’histoire en primaire.

Logements sociaux réservés aux Français pour Marine Le Pen

La candidate promet la création de 100.000 logements sociaux par an dont 20.000 en faveur des étudiants et jeunes travailleurs. Mais la priorité nationale qu’elle entend instaurer réservera leur accès aux Français. La candidate veut également supprimer la loi SRU, « une stupidité » qui selon elle « pousse les maires à mettre en place toutes les mesures pour éviter de s’y soumettre ». L’aide au logement, les APL seront réservées aux Français et aux étrangers sous conditions de pouvoir démontrer cinq d’activité sur le territoire national.

Emmanuel Macron s’engage à faire verser les aides sociales « à la source », de manière automatique, une mesure, qui selon lui, bénéficierait aux « 20 millions de Français » qui touchent le RSA, la prime d’activité, des aides au logement ou des allocations familiales. Il propose d’étendre la caution publique pour couvrir auprès des bailleurs d’éventuels impayés de loyer des locataires. Une mesure destinée à lutter contre « les discriminations dans le logement ».

Emmanuel Macron veut de nouveau recourir au « testing » pour lutter contre les discriminations

En 2018, dans sa présentation de l’action du gouvernement en faveur des quartiers, le chef de l’Etat a demandé aux 120 plus grandes entreprises françaises de « prendre leur part » dans la lutte contre le chômage qui sévit dans les quartiers et  a annoncé qu’elles seraient toutes soumises à des tests anti-discrimination dans les trois ans. Dans son programme, il promet là encore un testing systématique pour chaque entreprise de plus de 5.000 salariés. « Les résultats seront rendus publics, les entreprises coupables poursuivies.

Marine Le Pen souhaite quant à elle mettre fin à la « discrimination positive en vigueur dans l’enseignement secondaire et supérieur ». Alors qu’en 2015, 36 % de la population de Seine-Saint-Denis avaient moins de 25 ans, elle propose plusieurs mesures en faveur des jeunes de moins de trente ans, l’exonération d’impôt sur le revenu et sur les sociétés pour les jeunes de moins de trente ans, sans que l’on sache précisément si ces deux mesures seront réservées aux Français.

Il y a quatre ans, Emmanuel Macron avait braqué les élus locaux en dénonçant « une forme de politique de clientèle » dans ces quartiers. Un manque de moyens conjugué à l’arrêt brutal des trois quarts des contrats aidés, très utilisés dans le secteur associatif, qui n’avait pas aidé à apaiser les relations entre le gouvernement et les collectivités.

Mais la crise sanitaire et passée par là. L’année dernière, deux milliards d’euros ont été fléchés vers l’Agence nationale pour la rénovation urbaine (ANRU), portant à 12 milliards son budget. Une réponse au cri d’alarme lancé par une centaine d’élus, inquiets de la « détresse sociale et économique » dans laquelle la crise avait plongé leurs communes.

Lire notre article. Politique de la Ville : « Il était temps que le gouvernement se réveille ! »

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