Quel mea culpa pour Macron, cible numéro un des « gilets jaunes »?
Au-delà des mesures concrètes, Emmanuel Macron est attendu lundi sur sa capacité à reconnaître des erreurs sur son style, honni...

Quel mea culpa pour Macron, cible numéro un des « gilets jaunes »?

Au-delà des mesures concrètes, Emmanuel Macron est attendu lundi sur sa capacité à reconnaître des erreurs sur son style, honni...
Public Sénat

Par Laurence BENHAMOU

Temps de lecture :

3 min

Publié le

Mis à jour le

Au-delà des mesures concrètes, Emmanuel Macron est attendu lundi sur sa capacité à reconnaître des erreurs sur son style, honni par les "gilets jaunes", après quelques mea culpa du bout des lèvres qui n'ont pas convaincu.

Après un début de mandat de conviction inébranlable et de sorties provocantes assumées - les "fainéants", le "pognon de dingue" des aides sociales, le "bordel" de manifestants - le chef de l’État a amorcé depuis l'été une autocritique, contrebalancée par des nouvelles petites phrases controversées.

Conscient des critiques sur son "arrogance", pour la première fois, devant le Congrès le 9 juillet, il déclare: "Je sais que je ne peux pas tout et je sais que je ne réussirai pas tout". Il parle "d'humilité" et ajoute que "tout président connaît le doute".

Mais il répète sa détermination à tenir "le cap" et argue que les colères des Français remontent à bien avant son mandat.

A la rentrée, une série de sentences à l'emporte-pièce apportent de l'eau au moulin de ses détracteurs. Il assure à un jeune chômeur qu'il lui suffirait de "traverser la rue" pour trouver du travail, conseille à des retraités modestes protestant contre la hausse de la CSG de cesser de "se plaindre" et, depuis le Danemark, ironise sur des Français "Gaulois réfractaires au changement".

Il reconnaît vite une "erreur" sur cette expression de "Gaulois réfractaires" -- devenue depuis un slogan pour les "gilets jaunes". Mais il l'"assume" et lance des reproches à tous ceux qui "réduisent" ses propos.

- "Je ne suis pas parfait" -

Alors que la chute de sa cote de popularité s'accentue, le chef de l’État tente de se justifier sur ce qu'il appelle son "parler vrai" aux Français, sans jamais se renier.

"C'est un parler vrai avec eux et pas contre eux. Ce n'est pas du mépris, c'est au contraire de la vraie considération", déclare-t-il au Monde. Avant de reconnaître: "Je ne suis pas parfait, il y a des choses qu'il faut corriger".

Sa passion des bains de foule, sa soif de convaincre ses opposants, en passant de longs moments à discuter, illustre son respect envers ses concitoyens, fait-il valoir. Car "si j'étais méprisant, je n'irais pas parler aux gens. C'est très facile quand on est président de ne pas parler aux gens, de se contenter de serrer les mains (...) J'ai le respect d'être à hauteur d'homme".

Peine perdue, 71% des Français le jugent "arrogant" dans un sondage réalisé début octobre.

Le 14 novembre, depuis le porte-avions Charles de Gaulle, il concède ne "pas avoir réussi à réconcilier le peuple français avec ses dirigeants", autocritique collective qui englobe ses prédécesseurs. Et qui ne suffit pas à changer son image.

Il devra aller plus loin s'il veut éviter de cristalliser sur son nom l'animosité des "gilets jaunes" qui, au delà du mot d'ordre "Macron démission", clament parfois leur "haine" d'un président qui "manque d'empathie".

"Les mots qui reviennent à son sujet c'est 'hautain' et 'autiste'. Entre nous, on les appelle les 'têtologues', des gens qui sont déconnectés de la réalité, de la base, des Français", relatait la semaine dernière Yves Garrec, l'un des porte-parole des "gilets jaunes" toulousains.

Partager cet article

Dans la même thématique

Quel mea culpa pour Macron, cible numéro un des « gilets jaunes »?
5min

Politique

Energie : le Sénat vote la hausse de la taxe sur la consommation de gaz et baisse celle sur l’électricité

Dans une optique de transition écologique et d’indépendance énergétique, face au gaz importé, la majorité sénatoriale a adopté, dans le cadre du budget, la convergence progressive des taxes sur le gaz et l’électricité. Les ménages se chauffant au gaz devront payer plus cher leur facture, quand ceux qui sont au « tout électrique » la verront baisser.

Le

Quel mea culpa pour Macron, cible numéro un des « gilets jaunes »?
3min

Politique

Taxer les riches : « C’est totalement indécent cet accaparement de la richesse par quelques-uns au détriment du reste de la population », dénonce cette eurodéputée

Faut-il taxer davantage les plus fortunés ? Après avoir agité le débat en France, le sujet s’invite désormais dans les couloirs du Parlement Européen. Si imposer davantage les plus riches et des multinationales permettrait de renforcer le budget de l’Union, à quel prix et par quels moyens ? Caroline de Camaret et Alexandre Poussart reçoivent les eurodéputés Marina Mesure et Yvan Vergoustraete pour en débattre, dans l’émission Ici l’Europe diffusée sur France 24, LCP et Public Sénat.

Le

Quel mea culpa pour Macron, cible numéro un des « gilets jaunes »?
5min

Politique

Budget 2026 : le Sénat vote l’accélération de la suppression de la CVAE

Lors des débats budgétaires, la majorité sénatoriale a poursuivi sa politique de réduction des impôts, en accélérant la trajectoire de suppression de la CVAE, un impôt de production. La gauche dénonce une « irresponsabilité » budgétaire supplémentaire, qui diminue les recettes de l’Etat d’1 milliard en 2026 et de 3 milliards en 2028.

Le

Quel mea culpa pour Macron, cible numéro un des « gilets jaunes »?
4min

Politique

Centres-villes : « Je suis inquiet de voir que tous les commerces disparaissent. Que va devenir notre ville ? » L’appel d’un retraité aux sénateurs.

Jean-Claude Ducarois, 81 ans, retraité à Pont-de-Buislès, livre ses préoccupations. Dans sa commune du Finistère, le dernier commerce alimentaire, une petite supérette, a fermé ses portes quelques semaines seulement après la station-service. Comment inverser la tendance, et que peuvent les élus ? Quentin Calmet pose la question aux sénateurs invités de l’émission Dialogue citoyen.

Le