Quinquennat de François Hollande : Trahison et disgrâce sur grand écran.

Quinquennat de François Hollande : Trahison et disgrâce sur grand écran.

C'est le récit d'un déménagement, et de la fin d'une époque. Fin 2018 la vente du siège du PS de la rue de Solférino, a marqué la fin d'une période durant laquelle le parti socialiste était un des pivots de la vie politique française. Mardi 12 février, Public Sénat organisait l'avant-première du documentaire « L’Adieu à Solférino ». Dans la salle des membres du parti socialiste, des journalistes, acteurs et amis de la gauche s'étaient donné rendez-vous pour découvrir sur grand écran l'histoire secrète d'un quinquennat qui a mené à la débâcle du candidat Benoît Hamon. Un récit tout en détail signé par Grégoire Biseau et Cyril Leuthy. 
Public Sénat

Par Marie Oestreich

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« On a réussi à filmer les seules images du déménagement de Solférino », affirme fièrement le coréalisateur du film Grégoire Biseau avant la projection. Un « moment d’histoire très important » à ses yeux, qu’il fallait absolument documenter malgré la réticence de la direction du PS. Symbole de l’implosion politique du parti, le sujet s’est alors imposé comme une évidence.

Un documentaire « thérapie »

Grégoire Biseau coréalisateur du film, et ancien journaliste à Libération n’a pas hésité à confier au public son incompréhension face aux échecs du quinquennat Hollande : « Qu’a voulu faire François Hollande ? Je ne sais pas. C’est un peu comme quand on est petit et qu’on regarde plutôt deux fois qu’une sous son lit pour être sûr qu’on n’a pas loupé quelque chose ». Une image révélatrice des raisons qui l’ont poussé dans ce projet. Un projet initialement périlleux, d’après les mots de Delphine Morel, la productrice du film : « Quand on a proposé ce sujet, les autres chaînes trouvaient le sujet soit inintéressant soit prématuré », qui s’est dite ravie de sa collaboration avec Public Sénat qui a laissé aux équipes une « réelle liberté éditoriale ».

L'adieu à Solférino
Capa Pictures

 

« Faire revenir dans leurs locaux les protagonistes d’une famille politique réunie par François Hollande et détruite par lui-même »

À l’origine du projet, le « pari dingue » de marier deux réalisateurs que tout oppose. L’un est journaliste politique et l’autre, fan d’opéra, avoue avec humour « s’intéresser habituellement plutôt à des gens morts ». Une « idée saugrenue » pour le coréalisateur et amoureux d’opéra Cyril Leuthy, qui a au final « adoré se faufiler là-bas ». L’idée au cœur du film : « Faire revenir dans leurs locaux les protagonistes d’une famille politique réunie par François Hollande et détruite par lui-même ». Une implosion inédite, qu’il fallait raconter avec une « ambition de thérapie » pour le binôme de réalisateurs.

Résultat : un film choral sur fond d’opéra qui éclaire notre lanterne sur les raisons et les conséquences de l’échec du Parti Socialiste à la présidentielle de mai 2017.

Christian Paul : « Un film très sévère et donc très utile »

On aurait pu imaginer un grand moment de catharsis collectif pour les membres du Parti Socialiste, parce qu’un grand nombre de ses acteurs témoignent dans le film. Mais l’évènement, organisé au Club de l’étoile dans le 17e arrondissement de Paris n’a réuni qu’une poignée d’entre eux, prêts à affronter l'image de cet échec collectif sur grand écran. Ce qui n’a pas empêché deux des protagonistes du film, Jean-Marie Le Guen, proche de Manuel Valls, et le frondeur Christian Paul, de se livrer à un échange avec le public et revenir sur leurs désaccords.

L'adieu à Solférino
Capa Pictures

Jean-Marie Le Guen : « Depuis quelques années, je ne sentais plus les choses comme avant quand je venais à Solférino. »

Des échanges parfois tendus, mais une prise de recul dans leurs propos est déjà palpable. Jean-Marie Le Guen, ancien secrétaire d'Etat chargé des relations avec le parlement sous François Holande, est revenu sur sa « prise de distance humaine » vis-à-vis des rendez-vous à Solférino et confesse qu’il « ne sentait plus les choses comme avant » déjà depuis quelques années. Il admettra que ses « amis frondeurs » avaient vu juste sur la question de la conception du pouvoir, et, comme le formule Christian Paul, du « divorce entre un président, seul détenteur du pouvoir et un électorat de gauche ».

Plus qu’un clivage encore tangible entre deux clans au sein du parti, c’est aux yeux des intervenants la question des promesses non tenues qui est centrale dans l'implosion du parti socialiste. Et aujourd’hui, pour Christian Paul, la contestation populaire que traverse la France, c’est « même motif, même punition » contre un pouvoir politique en la personne d’Emmanuel Macron qui reproduit une fracture entre « monarque républicain et peuple français ».

Christian Paul : Emmanuel Macron « reproduit la même fracture de confiance que François Hollande entre le monarque républicain et peuple français ».

Christian Paul
Capa Pictures

Christian Paul : « Ce qui caractérise la gauche c’est qu’elle est toujours nourrie de l’histoire et de la mémoire »

Un film « sévère mais utile » d’après l’ex-frondeur et initiateur du tout nouveau mouvement « Monde Commun » qui ne manquera pas de rappeler que « ce qui caractérise la gauche c’est qu’elle est toujours nourrie de l’histoire et de la mémoire ». Mission que le film remplit avec brio.

 

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