Rassemblement contre l’antisémitisme : « Quand les valeurs de la République sont en cause, il faut être ensemble »

Rassemblement contre l’antisémitisme : « Quand les valeurs de la République sont en cause, il faut être ensemble »

Tous les partis politiques appellent à se rassembler ce mercredi soir contre l’antisémitisme. Une manière de dire « ça suffit » face à des actes « intolérables ».
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Tous unis contre l’antisémitisme. Ce mercredi soir, à 19 heures, place de la République, à Paris, quasiment tous les partis se réunissent pour dire « non » aux actes antisémites. Lancé à l’initiative du Parti socialiste, ce rassemblement rassemble 54 formations politiques, à l’exception du RN, qui tient un rassemblement à part, et plusieurs syndicats étudiants (voir la liste complète). De nombreux membres du gouvernement, ainsi que le premier ministre, se rendront aussi sur place.

Alors que les actes antisémites étaient en baisse depuis deux ans, leur nombre a augmenté de plus de 69 % au cours des 9 premiers mois de l'année 2018. Après les insultes antisémites qu’a subies Alain Finkielkraut samedi à Paris, on a appris ce mardi que 80 sépultures d'un cimetière juif ont été profanées en Alsace. Emmanuel Macron s’est rendu sur place, avant de revenir à Paris pour sa visite au Mémorial de la Shoah, en fin d’après-midi, aux côtés du président LR du Sénat, Gérard Larcher, et de Richard Ferrand, président LREM de l’Assemblée nationale.

« Que les Français viennent »

De nombreux députés et sénateurs comptent se rendre au rassemblement de la place de la République. L’ancienne ministre Laurence Rossignol se « réjouit de ce rassemblement, à l’initiative d’Olivier Faure (premier secrétaire du PS), je le rappelle ». « C’est utile » soutient la sénatrice PS de l’Oise, « personne ne pense que ce type de rassemblement fera tomber l’antisémitisme mécaniquement, mais l’absence de rassemblement le fera incontestablement monter. Quand ce sont les valeurs de la République qui sont en cause, il faut être ensemble ». Regardez : (images Cécile Sixou)

Rassemblement contre l’antisémitisme : « Quand les valeurs de la République sont en cause, il faut être ensemble » souligne Laurence Rossignol
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« L’idée, c’est d’abord et avant tout que les Français viennent. C’est important, car il faut faire des symboles, que la République s’élève et dise ça suffit » et « montrer que la République est intransigeante » ajoute Rachid Temal, sénateur PS du Val-d’Oise. « Ce type de rassemblement appelé à l’initiative de tous les partis politiques, c’est une première. C’est fondamental » pour David Assouline, sénateur PS de Paris. « L’antisémitisme n’est pas l’affaire des juifs, mais de la République » souligne le socialiste.

Retailleau : « Il faut nommer les choses, si on veut lutter efficacement contre l’antisémitisme et la montée d’un islamisme radical »

Même solidarité à droite. André Reichardt, sénateur LR du Bas-Rhin, département où se trouve la commune de Quatzenheim, où des tombes d’un cimetière juif ont été recouvertes de croix gammées, ne peut qu’exprimer son « sentiment de ras-le-bol ». « Ce qui se passe à l’heure actuelle est intolérable. Je suis Alsacien et je suis particulièrement concerné par ça. Il y a une communauté juive très développée. (…) Ces affirmations antisémites sont franchement intolérables. Ce rassemblement transpartisan me convient totalement » affirme André Reichardt. « Au-delà du symbole qui doit être fort et puissant, et qui doit marquer notre désapprobation, (…) il y a une forme d’urgence. On a un pays qui est en train de se fractionner » ajoute François-Noël Buffet, sénateur LR du Rhône.

Pour le président du groupe LR, Bruno Retailleau, « la manifestation seule ne suffit pas, c’est évident. Il y a un climat délétère ». « Il faut nommer les choses, si on veut lutter efficacement contre l’antisémitisme, il faut dénoncer ce lien insidieux qui existe entre la montée des actes antisémites et un islamisme radical qui est en train de pourrir l’ambiance du pays. On ne pourra pas lutter contre ce phénomène nouveau si on le cache. Il faut regarder les choses en face », estime Bruno Retailleau. Regardez : (images Léa Dauplé) :

Retailleau : « Si on veut lutter efficacement contre l’antisémitisme, il faut dénoncer ce lien insidieux qui existe entre la montée des actes antisémites et un islamisme radical »
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Benbassa : « Qu’on n’instrumentalise pas l’antisémitisme pour taper sur les gilets jaunes »

Esther Benbassa, sénatrice EELV, membre du groupe communiste, y sera aussi ce soir. « J’irai symboliquement sur place car les symboles aujourd’hui sont très importants ». Celle qui était présente « toutes les semaines » dans les manifestations aux côtés des gilets jaunes, « demande qu’on n’instrumentalise pas l’antisémitisme pour taper sur les gilets jaunes » (voir ci-dessous). elle met en garde contre les récupérations en général : « D’un côté, tous les musulmans seraient antisémites et antisionistes. Maintenant ce sont les gilets jaunes. C’est curieux ».

Esther Benbassa raconte avoir elle-même subi l’antisémitisme lors d’une des manifestations. « Il y a 15 jours, j’ai eu droit à un geste antisémite qui m’a beaucoup choqué. J’ai vu que d’autres gilets jaunes sont venus me dire on va vous accompagner, ne faites pas attention ». Elle a « appelé les leaders des gilets jaunes à se déclarer contre l’antisémitisme. Jérôme Rodriguez et Fly rider l’ont fait ».

Esther Benbassa (EELV) : « Qu’on n’instrumentalise pas l’antisémitisme pour taper sur les gilets jaunes »
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Au-delà de la dénonciation, le socialiste Rachid Temal appelle à mener un « travail en profondeur dès le plus jeune âge, dans l’éducation nationale, avec les associations, sur comment démonter les préjugés ». Pour la sénatrice EELV, « l’antisémitisme s’explique parce qu’il y a une crise, une crise identitaire. Chacun s’enferme dans son village et chacun revendique sa propre identité. Quand l’un revendique son identité, il rejette l’identité de l’autre. On s’est enfermé, il y a un repli de la République ».

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