Rassemblés en séminaire, les sénateurs LR jouent la carte de l’unité

Rassemblés en séminaire, les sénateurs LR jouent la carte de l’unité

Au lendemain d’une réunion du comité stratégique des LR, les sénateurs de droite se sont penchés, mercredi, sur l’avenir du parti mais aussi le positionnement qui sera le leur durant le prochain quinquennat. Le nombre important d’élus dont ils disposent encore au sein de la Chambre Haute devrait leur permettre de rester une composante essentielle de l’opposition, et d’éviter d’être impactés par les défections qui menacent le reste du parti.
Romain David

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Continuer à panser les plaies. Le groupe LR au Sénat s’est réuni en séminaire ce mercredi, en dehors des murs du Palais du Luxembourg, sur une péniche amarrée dans le 15e arrondissement de Paris. Un cadre décontracté pour aborder un sujet grave : l’avenir de leur famille politique, les législatives et leur rôle au Sénat durant le prochain quinquennat. Depuis la sévère défaite de Valérie Pécresse à la présidentielle, les sujets de division se sont multipliés à droite. Dès le lendemain du premier tour, une sorte de flottement s’est installé entre les partisans d’un vote Emmanuel Macron au nom du front républicain, à l’image du président du sénat Gérard Larcher, et ceux préférant un vote blanc, comme Bruno Retailleau, le patron des sénateurs LR. À l’approche des législatives, il s’agit de veiller à ce que la fracture ne se creuse pas davantage, alors que certains plaident pour un rapprochement avec l’actuelle majorité présidentielle, tandis que les instances du parti ont exclu toute alliance avec les composantes politiques de la majorité et veulent conserver un groupe indépendant à l’Assemblée nationale.

« Nous avons eu une discussion informelle, à bâtons rompus », glisse un élu au sortir de ce séminaire. Un peu plus d’une centaine de sénateurs étaient présents, les prises de parole se sont succédé pendant près de quatre heures, entre le petit-déjeuner et le déjeuner, « sans langue de bois », assure la même source. À l’arrivée, nous dit-on, un groupe qui se rassemble sans ambiguïté sur la ligne défendue par Christian Jacob : « Rester libre et unis face à la macronie ». « Les sénateurs présents ont pu dire leur ressenti et ce qu’ils souhaitent pour l’avenir, à la fois pour le groupe et le Sénat. », précise le sénateur des Côtes-d’Armor Alain Cadec. « À la quasi-unanimité », ils se sont alignés sur la motion adoptée en comité stratégique par LR la veille.

Le Sénat, au cœur de la refondation de la droite

Malgré l’élimination de leur candidate et les questionnements qui accompagnent chaque défaite, les LR du Sénat s’évertuent à afficher leur unité. Ce qui n’est pas nécessairement le cas au sein du parti, comme en témoigne l’échange houleux ces derniers jours, sur Twitter, entre Daniel Fasquelle, le maire du Touquet, prêt à se rapprocher d’Emmanuel Macron, et le député Aurélien Pradié. Au lendemain du premier tour, Bruno Retailleau avait fait valoir « les liens humains » qui unissent les 146 membres du groupe, apparentés et rattachés compris. « Au-delà des difficultés politiques qui sont les nôtres, il y a une ambiance, de l’amitié entre nous. Il y avait un grand plaisir à nous retrouver », abonde le sénateur des Pyrénées-Atlantiques Max Brisson.

Le calendrier des sénatoriales leur garantit de rester l’une des principales forces parlementaires au moins jusqu’en 2023, voire au-delà, et les préserve pour le moment du roulis électoral qui risque fort de faire tanguer les députés dans quelques semaines. « Il ne faut pas faire l’autruche sur les résultats. Il faut qu’on les intègre », avertit le sénateur du Maine-et-Loire Stéphane Piednoir. « Mais notre courant de pensée existe dans notre pays, et doit être perpétué », ajoute-t-il. Pour Max Brisson, le séminaire de mercredi est un premier pas sur un long chemin de reconstruction. « Il faut que nous ayons une vraie réflexion. Comment en sommes nous arrivés là ? Qu’est-ce qu’il se passe entre nous et les Français ? Comment peut-on refonder une grande force politique de droite ? », interroge l’élu qui estime que si l’alternance ne se structure pas au sein d’une droite républicaine, elle se fera chez les extrêmes d’ici cinq ans. À ses yeux, et face au risque de réduction du nombre de députés LR à l’Assemblée nationale, le Palais du Luxembourg pourrait devenir le nouveau centre de gravité idéologique de la droite. « Le groupe sénatorial aura peut-être un rôle plus important à jouer dans notre famille politique. Nous serons en capacité d’impulser davantage ce qui se fait à l’autre bout de la rue Vaugirard, du côté du siège. »

Rester une force d’opposition

Les différents sénateurs interrogés par Public Sénat nous assurent qu’il n’y a eu aucune prise de parole pour défendre un rapprochement avec Emmanuel Macron, alors que certains d’entre eux n’avaient pas caché, ces dernières semaines, leur envie de collaborer avec le chef de l’Etat, estimant que le quinquennat du marcheur et sa campagne de réélection ont basculé à droite. « Que ceux qui souhaitent le faire, le fassent. Mais il y a un parti pour cela, il me semble. On ne peut pas être à la fois dehors et dedans », balaye Alain Cadec.

Gérard Larcher a conclu ce séminaire en listant les grands chantiers législatifs qui devraient arriver au Parlement durant la prochaine mandature : réforme des retraites, débat sur la fin de vie et, notamment, la réforme constitutionnelle. Emmanuel Macron, qui a échoué à l’imposer durant son premier quinquennat, a indiqué qu’il souhaitait relancer la réflexion sous la forme d’une convention transpartisane. Un dossier sur lequel le président du Sénat, attaché aux institutions, se montre particulièrement attentif. Conseiller territorial, proportionnelle partielle ou intégrale, retour du septennat… voilà autant de sujets sur lesquels la droite sénatoriale compte avoir son mot à dire, et elle n’y parviendra que si elle conserve un groupe soudé. « Il faudra voir quels sont les projets du gouvernement, comment le président trouve le bon équilibre », poursuit Max Brisson. « Nous sommes quelque peu garants d’un esprit de la Ve République dont on peut noter que chaque réforme constitutionnelle l’a affaibli ».

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