Réautorisation des chasses traditionnelles d’oiseaux : « Emmanuel Macron n’a pas compris l’enjeu écologique », tacle Guillaume Gontard

Réautorisation des chasses traditionnelles d’oiseaux : « Emmanuel Macron n’a pas compris l’enjeu écologique », tacle Guillaume Gontard

Le gouvernement veut réautoriser certaines chasses traditionnelles d’oiseaux que le Conseil d’Etat a décidé d’interdire en août dernier. Au motif que ces pratiques ne sont pas conformes aux exigences du droit européen. Le débat entre pro et anti-chasse est relancé.
Public Sénat

Par Marion Vigreux

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Ce samedi, ils seront des milliers de chasseurs à manifester dans plusieurs villes de France, à Amiens, Orléans, Forcalquier. Le plus grand rassemblement étant prévu à Mont-de-Marsan dans les Landes où 10 000 personnes sont attendues.
A l’origine de ce mécontentement, l’interdiction le 6 août dernier par le Conseil d’Etat de plusieurs techniques de chasses traditionnelles. Une décision saluée à l’époque par les associations de protection des animaux, mais qui ne passe pas auprès des chasseurs.
Ces derniers dénoncent une écologie punitive et des attaques incessantes contre les modes de vie de la ruralité.
Des arguments qui agacent le président du groupe écologiste au Sénat, Guillaume Gontard.
« Ce discours comme quoi la ruralité ce sont des pratiques cruelles, d’une chasse à outrance, est insupportable. La chasse concerne aujourd’hui une minorité d’individus. J’habite dans un village et heureusement, la ruralité ce n’est pas ça. »

Il s’agit de sortir par le haut du débat sur les chasses traditionnelles

Suite à la décision du Conseil d’Etat, le ministère de la Transition écologique veut trouver un compromis. Il a donc déposé en consultation 8 arrêtés pour la saison de chasse 2021-2022 afin que le Conseil d’Etat réexamine certains de ces interdits. Ces arrêtés concernent : la capture à la tenderie des vanneaux et pluviers dorés, la capture d’alouettes des champs avec des pantes, la capture d’alouettes des champs à la matole (cages) et la capture à la tenderie aux lacets de grives et de merles noirs.
Pour le Conseil d’Etat, ces techniques de chasse ne sont pas conformes aux exigences du droit européen relatif à la protection des oiseaux.
Ce que conteste le ministère
de la transition écologique qui indique à l’Agence France Presse que sa démarche doit permettre « de sortir par le haut du débat sur les chasses traditionnelles en permettant au juge de se prononcer définitivement sur leur conformité au cadre légal européen sur la préservation des oiseaux. »

Ce débat, François Patriat ne le comprend pas. « Chaque année le gouvernement prend des arrêtés sur les chasses traditionnelles. Cette fois-ci, le Conseil d’Etat a voulu les anticiper en en refusant certains arrêtés, avant même qu’ils ne soient déposés. Le gouvernement les redépose simplement en apportant des réponses au Conseil d’Etat. Il n’y a ici pas de lobby, ni de visées électoralistes. Il y a juste un changement de méthode et de doctrine de la part du Conseil d’Etat. »

 

« C’est une chasse intelligente qui se pratique aujourd’hui »

Pour autant, le sénateur RDPI (LREM) de Côte d’or ne comprend pas l’attitude des chasseurs qui manifestent aujourd’hui et demain. « Ces manifestations n’ont pas lieu d’être car le gouvernement a toujours montré que la chasse avait sa raison d’être et qu’il la soutenait. Et il le prouve en déposant ces arrêtés. Les chasseurs manifestent de façon préventive pour ne pas qu’on empiète encore davantage sur leurs pratiques, mais c’est une erreur. Ils agissent contre leurs propres intérêts. »

Il ne comprend pas les chasseurs et il ne comprend pas non plus la position du Conseil d’Etat. « J’ai du mal à saisir qu’hier, on acceptait ces pratiques et que désormais il faille les justifier. Alors que c’est une chasse intelligente qui se pratique aujourd’hui. Les chasseurs ont évolué et tiennent compte de l’état des espèces. »

 

« 115 000 oiseaux seraient impactés par ces pratiques »

Le sénateur EELV de l’Isère, Guillaume Gontard, se dit dans l’incompréhension totale face aux positions gouvernementales. « On a un président de la République qui inaugure à Marseille le Congrès mondial de la nature début septembre, qui donne des leçons de biodiversité au monde entier. Et qui dans le même temps, n’est pas capable de les appliquer dans son propre pays ». « 115 000 oiseaux seraient impactés par ces pratiques », rappelle Guillaume Gontard. « Et certaines espèces sont menacées. On est dans quelque chose d’inconcevable, avec un décalage total entre les mots du président et ses actions. C’est une manière de faire de la politique qui dessert tout le monde », ajoute l’écologiste.

Pour ses détracteurs, Emmanuel Macron est accusé de brouiller les messages. Mais Guillaume Gontard ne se fait plus d’illusions. « Emmanuel Macron a complètement abandonné le vote de gauche et écologiste. Il chasse sur les terres de la droite et prend des décisions populistes. On voit désormais clairement l’orientation du président, on commence à le connaître. Il n’a pas compris l’enjeu écologique. Il fonctionne au jour le jour, en fonction de ses intérêts et des demandes ».
Un point de vue partagé par Daniel Salmon, sénateur écologiste d’Ille-et-Vilaine. Sur son compte Twitter, ce dernier regrette ce vendredi que « le gouvernement cède encore au lobby de la chasse. Une nouvelle atteinte à la biodiversité et qui va à l’encontre du droit européen. » Le sénateur EELV fait également savoir que son groupe portera un amendement dans le cadre de la loi maltraitance animale pour interdire les chasses les plus cruelles.

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