Emmanuel Macron tient jeudi à la Sorbonne un discours sur l’Europe. Si c’est le chef de l’Etat qui s’exprime officiellement pour « donner une vision », il s’agit aussi de pousser son camp, alors que la liste de la majorité patine dans les sondages. Mais il n’y a « pas un chevalier blanc qui va porter la campagne. Ce n’est pas Valérie Hayer toute seule et ce ne sera même pas Emmanuel Macron tout seul », prévient la porte-parole de la liste, Nathalie Loiseau, qui défend l’idée d’« un collectif ».
Réduction du nombre d’élus locaux: «ineptie» ou véritables économies ?
Par Public Sénat
Publié le
Réduire le nombre d’élus locaux, « une surprise du chef » comme l’a qualifié le président du Sénat, Gérard Larcher. En effet, lundi, à l’occasion de la Conférences des territoires, les représentants des collectivités locales ont appris que non seulement les économies à réaliser d’ici 2022 passaient de 10 à 13 milliards, mais aussi que le nombre d’élus allait être réduit. « Il faudra (…) j’en ai la conviction, engager une réduction du nombre d’élus locaux, comme j’ai indiqué souhaiter le faire pour les élus parlementaires. Nos concitoyens, sinon, ne comprendraient un tel traitement différencié. Moins d’élus, mais des élus plus protégés, mieux rémunérés et plus libres de leur action » a annoncé le chef de l’État, hier, devant un auditoire silencieux. (voir la vidéo à partir de 3 minutes 38)
« Une ineptie. Mais c’est aussi une erreur grave » pour Bruno Retailleau
24H plus tard, les protestations commencent à se faire entendre. Alors qu’Emmanuel Macron a indiqué que « le premier enjeu » pour l’État était « la lutte contre la fracture territoriale », la réduction du nombre des 550 000 élus locaux, dont la grande majorité est bénévole passe mal de part et d’autre de l’échiquier politique. « C’est une annonce qui est faite de la pure démagogie (…) Ce dont a besoin la France, une France de plus en plus individualiste, ce n’est pas moins de civisme mais plus de civisme. Il faut aller dans les communes, les problèmes que Paris n’arrive pas à résoudre retombent sur les épaules des élus locaux. Ce sont eux qui sont chargés, comme disait Tchekhov, de réparer les vivants. Et donc proposer aux Français, cette mesure démagogique, comme quoi le sort de la France est lié au nombre d’élus, c’est une ineptie. Mais c’est aussi une erreur grave » a qualifié le président du groupe LR du Sénat, Bruno Retailleau.
François Patriat demande à ses collègues de ne pas se livrer « à une vision de clocher »
Comment l’exécutif compte-t-il s’y prendre ? Les premiers éléments de réponses sont à chercher du côté du groupe LREM du Sénat. « On va favoriser les fusions. S’il y a beaucoup d’élus, c’est qu’il y a beaucoup de communes en France (…) Quand vous avez quatre ou cinq communes qui ont moins de 100 habitants (…) C’est sans doute une richesse dans la vie territoriale. C’est sans doute aussi une forme de handicap dans la souveraineté à assumer les compétences » a jugé François Patriat, président du groupe LREM du Sénat, qui demande à ses collègues de ne pas se livrer « à une vision de clocher ». Il fait ainsi écho au chef de l’État qui, hier, s’est dit favorable aux « fusions de communes », aux « fusions de départements » et à « l'approfondissement du fait métropolitain », « là où ce sera souhaité localement et quand ce sera dans l'intérêt général ».
Et quid des territoires ruraux où les élus exercent, parfois bénévolement, de véritables missions de service public ? « On peut très bien les faire sans être conseiller municipal. Tout le monde associatif fait ça aujourd’hui » répond François Patriat qui estime que cette annonce ne découragera pas non plus les vocations civiques.
« S’en prendre comme ça aux élus locaux est une erreur »
Des arguments loin de convaincre Martial Bourquin, sénateur PS du Doubs et maire d’Audincourt. « C’est une très mauvaise solution. On va supprimer des bénévoles dans les villes et les villages ? Vous verriez le travail qui est fait. S’en prendre comme ça aux élus locaux est une erreur » tranche-t-il.
Le ministre de la Cohésion des territoires, Jacques Mézard, a annoncé que la réduction d’élus locaux concernerait les « conseils municipaux ». « Parce que changer le nombre des élus départementaux ou régionaux, ça nécessite de rechanger le système, ce qui n'est pas extrêmement facile » a-t-il reconnu.
Toutes ces annonces rappellent l’analyse de l’ancien député apparenté PS, René Dosière. Il y a quelques mois, ce spécialiste des finances publiques, estimait qu’en réduisant « le nombre de conseillers municipaux », « en fusionnant les communes et les communautés de communes qui se superposent », « on pourrait économiser une quinzaine de milliards d’euros en cinq ans environ ».