Réforme des Retraites : « Le Conseil constitutionnel est très politique », selon Alexis Corbière

Réforme des Retraites : « Le Conseil constitutionnel est très politique », selon Alexis Corbière

Le député LFI Alexis Corbière était l’invité de Public Sénat ce jeudi 13 avril, en marge d’une nouvelle journée de mobilisation contre la réforme des retraites. Pour l’élu, les Sages du Conseil constitutionnel, qui doivent statuer vendredi sur l’avenir du texte, sont pris en tenaille entre la pression politique de l’exécutif et la colère de la rue.
Romain David

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24 heures avant le verdict très attendu du Conseil constitutionnel sur la réforme des retraites, l’intersyndicale appelle ce jeudi 13 avril à une douzième journée de mobilisation. Les Sages de la rue Montpensier doivent rendre vendredi, en fin de journée, leur décision concernant trois recours des oppositions, une saisine du gouvernement et une demande de référendum d’initiative partagé autour de ce texte de loi. « Le grand désaccord qui existe dans le pays avec cette loi ne sera pas épuisé par la décision du Conseil constitutionnel. Même le gouvernement met cette instance en difficulté en lui faisant jouer un rôle qui dépasse sa fonction », a commenté, au micro de « Bonjour chez vous » sur Public Sénat, le député LFI Alexis Corbière.

Une décision « très politique »

« Il n’y aura pas de bonne décision pour le Conseil constitutionnel », estime ce proche de Jean-Luc Mélenchon, pour qui une validation du texte ne fera qu’attiser la colère des opposants, tandis que son rejet enferra un peu plus l’exécutif dans l’impasse dont il semble prisonnier depuis plusieurs semaines. « Il y a une pression, parce que c’est très politique. »

« Je suis un pourfendeur de la Cinquième République, mais même du point de vue de cette Constitution, il y a de bonnes raisons [pour que le texte soit censuré] », poursuit l’élu de Seine-Saint-Denis, qui espère que les Sages réussiront à garder « la tête froide ». Toutefois, « le Conseil constitutionnel est très politique », pointe Alexis Corbière. « Que vous le vouliez ou non, vous avez en face de vous deux anciens Premiers ministres, deux anciens ministres d’Emmanuel Macron. Au tribunal, face à vous, vous n’avez pas de personnalité politique », explique-t-il. « Quand bien même ils ne censureraient pas le texte, les conditions politiques ne sont pas réunies pour le promulguer. »

Un risque de radicalisation de la contestation

L’éventuelle validation de la réforme par le Conseil constitutionnel mettra-t-elle un cran d’arrêt à la mobilisation ? « Nous continuerons à manifester contre. On veut que, politiquement, le gouvernement entende qu’il doit retirer cette loi », martèle notre invité.

« Quelques esprits pervers du côté du gouvernement se réjouissent à l’idée d’une division de l’intersyndicale [si la réforme reçoit l’aval du Conseil constitutionnel, ndlr]. Ce qui ne se divisera pas, c’est la colère. Je ne souhaite pas que cette puissante contestation démocratique se transforme en rage, en rancœur et en abstention. Mais cela pourra être le cas si le gouvernement dit ‘allez vous faire voir’, si le Conseil constitutionnel ne lâche rien, ni censure, ni référendum d’initiative partagée », avertit Alexis Corbière. « Que l’on ne s’étonne pas, lorsqu’on enrage les gens, lorsqu’on les humilie, de créer des réactions », conclut-il.

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