Réforme des retraites : pour Éric Woerth, « souvent, à 65 ans, on est en pleine forme ! »

Réforme des retraites : pour Éric Woerth, « souvent, à 65 ans, on est en pleine forme ! »

Invité de notre matinale, l’ancien ministre de Nicolas Sarokzy, qui a récemment rejoint Emmanuel Macron, s’est montré enthousiaste sur la nouvelle réforme des retraites proposée par le Président sortant. Il a semblé moins convaincu par le dégel du point d’indice des fonctionnaires promis par Amélie de Montchalin. Les vicissitudes du « en même temps. »
Louis Mollier-Sabet

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« Quand les autres candidats proposent quelque chose, ça ne déclenche rien, quand Emmanuel Macron propose quelque chose, ça déclenche un débat. » C’est sûr que l’annonce par le Président de la République candidat à sa réélection de remettre la réforme des retraites sur la table, après la tentative avortée de l’hiver 2019-2020, a « déclenché un débat. » Sauf que depuis, le candidat Macron a changé de position sur l’âge de départ : de la promesse d’une réforme des régimes de retraite par points sans toucher à l’âge légal de départ en 2017, on est passé à la fameuse réforme paramétrique poussée par Édouard Philippe il y a deux ans. Une évolution qui n’est pas pour déplaire à Éric Woerth, récent soutien d’Emmanuel Macron : « Aller progressivement jusqu’à 65 ans, c’est une réforme que j’appelle de mes vœux depuis longtemps. On ne peut pas parler de retraites sans parler d’âge, surtout dans un système par répartition, c’est fondamental. Les seules autres solutions pour équilibrer le régime, ce serait d’augmenter les cotisations ou de réduire les pensions. » L’ancien ministre du Travail de Nicolas Sarkozy, qui a rallié Emmanuel Macron, rappelle la logique qui a présidé à la réforme des retraites portée par le gouvernement auquel il appartenait en 2010 : « Comme l’espérance de vie augmente, il est naturel d’augmenter l’âge de départ, tout le monde le fait en Europe. »

>> Pour en savoir plus sur les positions des candidats sur les retraites : Présidentielle : de 60 à 65 ans, que proposent les candidats sur l’âge de départ à la retraite ?

« La réforme des retraites est une des rares réformes structurelles qui porte une bonne nouvelle en elle-même »

On sent tout de même que dans le « en même temps » macronien, Éric Woerth penche un peu plus à droite et représente dorénavant l’aile droite de la majorité présidentielle, qui pèsera sur l’action d’un éventuel prochain gouvernement, notamment sur le sujet des « réformes structurelles » : « La question, c’est aussi le regard que l’on porte sur l’âge au travail. Souvent à 65 ans, on est en pleine forme, il faut avoir de l’ambition dans son travail, et jusqu’au bout. » D’ailleurs, l’ancien ministre du Budget de Nicolas Sarkozy a déjà une idée à soumettre à Emmanuel Macron : « On devrait avoir un système de retraites indexé automatiquement sur l’espérance de vie, cela éviterait les débats politiques comme on sait les faire en France. »

Éric Woerth concède tout de même qu’il faut « évidemment parler de la pénibilité » : « Il faut améliorer la prise en compte de la pénibilité, si vous avez un métier qui vous use, il faut partir plus tôt. Tout comme quand vous avez commencé à travailler très tôt. » La réforme proposée par Emmanuel Macron n’a donc « rien d’injuste » pour le président de la commission des Finances à l’Assemblée nationale. Mieux encore, « elle est une des rares réformes de structure qui porte une bonne nouvelle en elle-même : vous vivez plus longtemps et ce temps-là est divisé entre-temps au travail et temps à la retraite. »

« Le point d’indice n’est pas l’alpha et l’omega de la rémunération des fonctionnaires »

Certes, Éric Woerth, qui a récemment rejoint Emmanuel Macron, est dithyrambique sur le « courage » du chef de l’Etat sur le front des retraites, mais il est un peu moins enthousiaste sur la promesse du futur dégel du point d’indice des fonctionnaires par Amélie de Montchalin. Si d’après lui, « Emmanuel Macron a fait exploser les lignes » et « fait la synthèse de tout ce qui est bon pour la France », le « en même temps » a un coût pour l’ancien secrétaire d’Etat à la Réforme de l’Etat : accepter un retour sur le gel du point d’indice des fonctionnaires, mesure emblématique du quinquennat de Nicolas Sarkozy.

« Je ne connais pas le détail de la mesure. Il y a une inflation forte, il faut tenter d’y répondre, les fonctionnaires ne doivent pas être les oubliés de ça, dont acte. » On le sent, Éric Woerth est moins emballé que sur la réforme des retraites. Pour lui, le vrai sujet c’est « l’organisation de la rémunération » des fonctionnaires : « Il ne peut pas y avoir une rémunération à l’aveugle. Le point d’indice ne peut pas être l’alpha et l’omega de la rémunération des fonctionnaires, il doit y avoir plus de rémunération au mérite. » Peut-être Éric Woerth pourrait-il peser sur le centre de gravité d’un prochain gouvernement pour éviter ce genre de déconvenues ? « Je n’en sais rien, ce n’est pas un sujet pour moi. »

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