Réforme des retraites : que disent les sondages ?

Réforme des retraites : que disent les sondages ?

Selon les différents sondages réalisés ces dernières semaines, une majorité de Français se prononcent contre la réforme des retraites. Le report de l’âge de départ à 65 ans suscite une opposition encore plus forte.
Alexandre Poussart

Temps de lecture :

4 min

Publié le

Mis à jour le

Sur la réforme des retraites, les sondages se suivent et se ressemblent. Une majorité de nos concitoyens sont opposés à la réforme des retraites du gouvernement, qui prévoit de repousser l’âge légal de départ à la retraite à 64 ou 65 ans. Selon un sondage Harris Interactive-Toluna pour RTL publié le 2 janvier, 54 % des Français ne veulent pas de cette réforme. 44 % se disent favorables. Paradoxalement, une majorité estime que cette réforme est prioritaire (53 %, contre 59 % en septembre). « Ces derniers mois, on observe que l’urgence à rétablir notre système de retraites diminue dans l’opinion publique », note Jean-Daniel Lévy, directeur délégué d’Harris Interactive, en charge des stratégies politiques et d’opinion.

retraites-favorables_002.jpg

 

Le report de l’âge à 65 ans cristallise l’opposition

 

Alors que la Première ministre Elisabeth Borne dévoilera le 10 janvier les modalités de cette réforme des retraites, la piste d’un report de l’âge légal de départ à 65 ans concentre l’opposition des Français. Il y a trois semaines, dans le baromètre Odoxa-Mascaret pour Public Sénat, 67 % des personnes interrogées se déclaraient contre la retraite à 65 ans. Seulement 11 % des Français souhaitent un report de l’âge de départ à 65 ans (sondage ViaVoice du 14 décembre pour Libération), 4 % pour un report de l’âge à 64 ans, l’autre piste de réforme envisagée par le gouvernement couplée à une accélération de la hausse de la durée de cotisation à 43 ans, prévue par la réforme de Marisol Touraine, sous François Hollande.

« On peut dire que c’est la question du report de l’âge de départ qui focalise l’attention des Français et pas les autres mesures que pourrait contenir le projet de loi (pensions de retraite minimales, carrières longues, emploi des seniors) », précise Jean-Daniel Lévy.

 

L’espoir d’un retour de la retraite à 60 ans

 

Ce débat sur l’âge de départ suscite, dans une partie de la population, un espoir du retour de la retraite à 60 ans, acquis en 1981 sous François Mitterrand, et supprimé en 2010 sous Nicolas Sarkozy pour passer à 62 ans. Selon le dernier sondage Ifop du 2 janvier pour Politis, 68 % des Français souhaitent le retour d’un âge légal de départ à 60 ans. Ce chiffre était de 44 % à la mi-décembre dans l’enquête de l’Institut ViaVoice.

 

>> Lire aussi : Retraites : chronologie des différentes réformes

 

Une fracture actifs/retraités

 

Quand on observe dans le détail l’opinion publique sur cette réforme des retraites, on constate une fracture entre les retraités et les actifs. Une majorité des retraités et des personnes âgées de plus de 65 ans souhaite que les Français travaillent plus longtemps (54 % pour le sondage ViaVoice, 51 % pour Odoxa Mascaret) alors qu’ils ne sont pas concernés par cette réforme. En revanche, les actifs y sont majoritairement opposés (65 % selon l’enquête BVA du 21 décembre). Seulement un quart de la tranche d’âge 35-64 ans ou de la catégorie employés/ouvriers se déclare favorables à cette réforme (Odoxa).

 

Une fracture politique

 

« Sur cette réforme des retraites, la véritable fracture est politique », assure Jean-Daniel Lévy. Une forte majorité des sympathisants de gauche est opposée à cette réforme des retraites : 84 % des sympathisants de La France Insoumise (Harris Interactive du 2 janvier) y sont opposés tout comme 59 % des sympathisants PS. En revanche, les sympathisants EELV sont divisés (51 % y sont favorables). Du côté du Rassemblement national, l’opposition est aussi très nette : 66 % des sympathisants RN sont contre cette réforme des retraites. « Lors de la campagne présidentielle, la réforme des retraites était la 3e motivation des électeurs de Jean-Luc Mélenchon et de Marine Le Pen, alors qu’elle n’arrivait qu’en 7e position chez les électeurs d’Emmanuel Macron », explique Jean-Daniel Lévy.

Les sympathisants de Renaissance sont largement favorables à cette réforme des retraites (84 %) tout comme les soutiens de LR (68 %). Deux catégories qui, en revanche, n’approuvent pas vraiment un report de l’âge de départ à 65 ans (35 % et 33 % d’opinions favorables).

 

Quel soutien de la mobilisation sociale ?

Alors que des manifestations d’opposition à la réforme des retraites auront lieu durant le mois de janvier, 58 % des Français soutiennent la mobilisation (Ifop) et 16 % sont même prêts à aller manifester (BVA).

Dans la même thématique

Deplacement du Premier Ministre a Viry-Chatillon
7min

Politique

Violence des mineurs : le détail des propositions de Gabriel Attal pour un « sursaut d’autorité »

En visite officielle à Viry-Châtillon ce jeudi 18 avril, le Premier ministre a énuméré plusieurs annonces pour « renouer avec les adolescents et juguler la violence ». Le chef du gouvernement a ainsi ouvert 8 semaines de « travail collectif » sur ces questions afin de réfléchir à des sanctions pour les parents, l’excuse de minorité ou l’addiction aux écrans.

Le

Turin – Marifiori Automotive Park 2003, Italy – 10 Apr 2024
6min

Politique

Au Sénat, la rémunération de 36,5 millions d’euros de Carlos Tavares fait grincer des dents. La gauche veut légiférer.

Les actionnaires de Stellantis ont validé mardi 16 avril une rémunération annuelle à hauteur de 36,5 millions d’euros pour le directeur général de l’entreprise Carlos Tavares. Si les sénateurs de tous bords s’émeuvent d’un montant démesuré, la gauche souhaite légiférer pour limiter les écarts de salaires dans l’entreprise.

Le