Réforme du corps diplomatique : Emmanuel Macron garde le cap

Réforme du corps diplomatique : Emmanuel Macron garde le cap

Face aux représentants de la diplomatie française, le président de la République a livré ses ambitions pour la politique étrangère tricolore. Une « conférence des ambassadeurs », qui aura aussi été pour Emmanuel Macron l’occasion de défendre sa réforme controversée du corps diplomatique.
Public Sénat

Par Mickael Spitzberg

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La rencontre s’annonçait tendue. Annulée en 2020 et 2021 pour cause de crise sanitaire, le rendez-vous annuel de la « conférence des ambassadeurs » a permis un face-à-face entre le chef de l’état et les représentants de la diplomatie française. Une relation troublée par la volonté d’Emmanuel Macron d’appliquer au Quai d’Orsay la réforme de la haute fonction publique. Annoncée en avril dernier, cette réforme prévoit, d’ici la fin 2023, la « mise en extinction » de deux corps historiques de la diplomatie et la création d'un nouveau corps de l'État. Une perspective loin d’être digérée malgré une grève de protestation inédite en juin dernier. Pour preuve, la naissance – à la veille de ce rendez-vous – d’une ‘Association française des diplomates de métier’ avec pour présidents d’honneur des personnalités telles que Dominique de Villepin, Michel Barnier ou Maurice Gourdault-Montagne. Objectif : dénoncer les risques de cette réforme sur l’outil diplomatique tricolore. 


« Défendre un métier n'a jamais signifié défendre un corps »
 

Venu pour présenter sa vision et ses ambitions pour la diplomatie française, le chef de l’Etat a tout de même tenu à défendre sa réforme. Sans pour autant rester sourd aux critiques.
« Défendre un métier n’a jamais signifié défendre un corps », a-t-il d’abord rappelé. 
Ensuite, Emmanuel Macron a reconnu « le trouble » que cette réforme avait provoqué parmi les diplomates. Mais, s’est-il justifié, « cette réforme est bonne pour le Quai d'Orsay », car elle permettra « d'avoir une diplomatie plus agile, plus experte, plus forte » et d' « agréger le métier de diplomate avec des compétences extrêmement pointues dans les réseaux sociaux, les technologies, l'épidémiologie », et de créer des « task force utiles et mobiles ».
Défendant la « philosophie » de cette réforme, le président de la République a invité ses convives à se l’« approprier pleinement » et à « l’enrichir » avec la ministre des Affaires étrangères, Catherine Colonna, dans le cadre d’Etats généraux de la Diplomatie  qui s’ouvriront d’ici « quelques semaines ».


 

Une mise au clair qui n’a « pas surpris » le sénateur (Les Indépendants) et Macron-compatible, Jean-Pierre Grand. « Dans les faits, est-ce que cette réforme va changer quelque chose, feint-il de s’interroger ? J’ai été attentif aux dernières nominations au Quai d’Orsay et pour toutes, il s’agit de gens de la carrière », note-t-il.
 

Une hausse des moyens pour le Quai d'Orsay 
 

L’élu de l’Hérault se dit par ailleurs persuadé que les contacts avec la ministre des Affaires étrangères en marge des Etats généraux, programmés pour cet automne, permettront de dissiper les malentendus.
« Deux, trois points positifs et cent cinquante négatifs », juge pour sa part Damien Regnard (LR) qui a pourtant assisté au même discours.
Selon lui, le président « remet en question l’image et la puissance de la France au travers de la diplomatie ».
« En gros, le président dit aux diplomates : ‘vous avez fait un excellent travail mais on va vous changer quand même parce que vous ne savez pas faire de réseaux sociaux, que vous n’êtes pas épidémiologistes’ », retient l’élu représentant des Français établis hors de France. Qui ajoute : « Ce qu’il manque dans son discours, c’est l’expérience. C’est un aspect qui est passé sous silence. La connaissance d’un diplomate, elle s’acquiert au fil des ans et des expériences. Mais pas à Bercy ou dans une préfecture ». « La demande de suspension de la réforme n’a pas été entendue », regrette Damien Regnard. 
« La seule très bonne nouvelle, salue-t-il, c’est la mise en place de moyens humains et financiers pour le Quai d’Orsay ». Une référence à l’annonce du président Macron qu’en 2023 le nombre d'emplois augmenterait « pour la première fois depuis trois décennies » au ministère des Affaires étrangères et que la hausse des moyens financiers allait se poursuivre. Assez pour faire taire la fronde ?

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