Régionales en Corse : les nationalistes partent divisés

Régionales en Corse : les nationalistes partent divisés

Gilles Simeoni, actuel président de l’exécutif corse et candidat à sa propre succession, aura face à lui les listes de Jean-Guy Talamoni et de Jean-Christophe Angelini. La droite, avec le maire d’Ajaccio, Laurent Marcangeli, espère profiter de cette division des nationalistes.
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Par Samia Dechir

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En Corse, les dernières élections régionales ont été marquées par une victoire historique des nationalistes, la victoire de Pè a Corsica, une coalition de trois partis censée durer 10 ans.

Mais cinq ans plus tard, l’union a volé en éclat. Chacun présente désormais sa propre liste. Gilles Simeoni, actuel président de l’exécutif corse et candidat à sa propre succession, mènera celle de Femu a Corsica. A la veille de l’élection, son parti a appelé la famille nationaliste à sortir de la logique des quotas pour s’ouvrir à d’autres formations.

« Je n’ai fait que rappeler ce que nous avions dit ensemble en 2017 devant les corses, à savoir que oui, nous sommes nationalistes et que notre action s’inscrit dans le fil historique du combat mené par ce peuple pour sa reconnaissance et ses droits, mais de la même façon, nous pensons que la Corse doit se faire avec tous les Corses, que le peuple Corse, ce ne sont pas seulement les nationalistes, et que donc nous avons vocation à travailler avec toutes celles et tous ceux qui se reconnaissent dans les valeurs de la démocratie et le projet que nous portons de faire avancer la Corse » défend Gilles Simeoni (voir le sujet vidéo).

Jean-Guy Talamoni et Jean-Christophe Angelini accusent Gilles Simeoni d’avoir péché par orgueil.

Une déclaration très mal reçue par les autres membres d’une coalition où la répartition des postes était jusqu’ici équilibrée entre les trois formations. Jean-Guy Talamoni ira donc de son côté défendre les couleurs indépendantistes de Corisca Libera. Et Jean-Christophe Angelini, celles du parti National Corse. Les deux hommes accusent Gilles Simeoni d’avoir péché par orgueil.

Aucun accord n’est acté, mais les nationalistes n’auront probablement pas d’autre choix qu’une alliance au second tour pour remporter l’élection. Ce premier tour en solo ne semble finalement devoir servir qu’à compter ses troupes.

« Sans l’Etat, les financements à l’échelle de la Corse ne peuvent pas être réalisés » souligne Laurent Marcangeli

Un jeu dangereux, face à une droite qui, elle, part unie derrière un seul candidat. Laurent Marcangeli, le maire d’Ajaccio, est le principal challenger des nationalistes. Son credo : sortir d’un bras de fer avec l’Etat dans lequel la majorité sortante aurait paralysé la Corse.

« Qui peut aujourd’hui dans n’importe quelle région de notre pays dire qu’on peut faire sans l’Etat ? Cela ne mène à rien, ce n’est que de la politique de perlimpinpin et au final, les dossiers n’avancent pas, parce que sans l’Etat, les financements à l’échelle de la Corse ne peuvent pas être réalisés, donc moi, ce que je propose, ce n’est pas d’être un béni-oui-oui oui, je n’en suis pas un. Je pourrai dire à l’Etat que je ne suis pas d’accord avec lui, mais ça ne sera pas une posture qui est en réalité une imposture », soutient Laurent Marcangeli, le candidat divers droite aux élections territoriales de Corse.

Jean-Charles Orsucci espère jouer « le faiseur de roi »

Face à des adversaires divisés, Laurent Marcangeli veut croire qu’il peut l’emporter. Mais il faudra aussi compter avec un troisième homme. Le maire de Bonifacio, Jean-Charles Orsucci, un ancien socialiste rallié au macronisme. « Je ne me résous pas à l’idée que le jour du scrutin les Corses n’aient à choisir qu’entre une force libérale et un bulletin nationaliste, moi j’entends fédérer les progressistes, la gauche, j’ai souhaité ne pas avoir l’investiture de LREM, j’assume ma proximité avec le Président », affirme Jean-Charles Orsucci, qui entend être « le faiseur de roi et celui qui peut permettre aujourd’hui une alternative en Corse ».

Ici peut-être plus qu’ailleurs, l’enjeu de ces élections est vraiment de taille puisque depuis la réforme territoriale de 2018, il n’y a plus de départements mais une collectivité unique : la collectivité de Corse, avec des compétences étendues. Celui qui parvient à sa tête, tient véritablement les rênes de l’île de beauté.

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