Régionales : la droite a trop de présidents, pas encore de candidat incontestable

Régionales : la droite a trop de présidents, pas encore de candidat incontestable

C’est le paradoxe des régionales pour la droite et LR. Ses sortants sont très confortablement réélus. Mais revers de la médaille, la question du leadership n’est pas réglée. Entre Bertrand, toujours le mieux placé dans notre sondage Ipsos/Sopra Steria, Pécresse et Wauquiez, chacun peut légitimement voir ses ambitions confirmées. Elles transpercent dans leurs déclarations, où chaque président a davantage parlé de la France ou de lui-même que des compétences des régions…
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Les uns après les autres, ils ont pris la parole dans la soirée. Chacun de leur région. Mais c’est du pays aussi et surtout, dont ont parlé les présidents de droite réélus au soir du second tour des régionales. Car dès ce soir, un nouveau chapitre – déjà bien entamé en réalité – commence à droite. Celui de 2022.

Les caciques de la droite s’enorgueillissent évidemment de ces bons scores. « C’est une formidable victoire pour nous Les Républicains », lance sur France 2 Christian Jacob, président des LR, la droite est « aujourd’hui clairement la seule force d’alternance ». « Ce soir, la droite et le centre sont la première force politique du pays. Ce succès nous oblige devant les Français. Il nous indique la voie à suivre. Celle du rassemblement », réagit le président LR du Sénat, Gérard Larcher.

Xavier Bertrand, Valérie Pécresse et Laurent Wauquiez sont tous trois confortablement réélus à la tête de leur région. Xavier Bertrand et Laurent Wauquiez dépassent même les 50 %. 52,30 % pour le premier dans les Hauts-de-France, et même 55,9 % pour le second en Auvergne-Rhône-Alpes. Il rappelle ainsi à la droite qu’il n’a pas dit son dernier mot et qu’il faut encore compter sur lui. Valérie Pécresse est réélue, mais elle reste en revanche sous la barre des 50 %, avec 44,1 %. Mais le résultat est là.

« Ce chemin de l’espoir démarre maintenant, il démarre ici », lance Xavier Bertrand

Dans leurs prises de parole, ces trois-là ont tous évoqué plus ou moins leurs ambitions nationales. Pour Xavier Bertrand, déjà candidat, ce n’était même pas caché. Celui qui a parlé le premier, peu après 20 heures, a davantage évoqué la France que les Hauts de France. « Ce chemin de l’espoir démarre maintenant, il démarre ici », a-t-il lancé depuis son fief de Saint-Quentin, dans l’Aisne, où il a été maire. Il veut parler à « la France qu’on refuse de voir » et qui s’est abstenue. « C’est le cri du cœur de cette France ». Sa « priorité, ce sont les classes moyennes et les catégories populaires », sans oublier « l’insécurité ». Il se présente comme celui capable de faire barrage au RN. « Le Front national a été arrêté et nous l’avons fait fortement reculer », dit-il.

Dans Les Echos, à qui il s’est confié, Xavier Bertrand fait mine que le match serait plié en sa faveur. « Maintenant, tout le monde a compris que la présidentielle est désormais un match à trois », tranche-t-il. Comprendre Macron, Le Pen et lui. « La droite la plus bête du monde ne le sera pas. Retailleau et Pécresse peuvent l’entendre » dit-il, « Wauquiez peut être conscient ». Et d’ajouter : « Je crois savoir où est le point d’équilibre du pays : très ferme sur le régalien et réduire les fractures sociales et territoriales. Si on ne sait pas s’attaquer aux inégalités, nos sociétés vont dans le mur, cela ne peut pas bien finir ».

« Plus que jamais, je veux continuer et amplifier mon combat pour mes convictions » dit Valérie Pécresse

De son côté, Valérie Pécresse a pu afficher le même sourire qu’au premier tour. « Ce soir, une équipe de France de la droite et du centre a émergé dans les régions », lance-t-elle, plus collective. Reste qu’elle entend prendre « toute sa part » pour la suite. « Plus que jamais, je veux continuer et amplifier mon combat pour mes convictions et les valeurs de la République », prévient la présidente (Libres !) réélue de l’Ile-de-France, dont la victoire l’« honore » et l’« oblige ».

« Nous avons fait baisser le RN », souligne-t-elle, comme Bertrand. Défenseure de la « politique par la preuve », Valérie Pécresse parle de la région… mais aussi d’elle :

Les Franciliens ont reconnu en moi une femme d’ordre, une femme libre, fière de servir sa région et son pays.

Pour Laurent Wauquiez, « c’est la victoire d’un cap clair », qui « assume des idées fortes »

Pour Laurent Wauquiez, « c’est la victoire d’un cap clair », qui « assume des idées qui sont fortes ». Indispensable « si on veut se reconstruire, retrouver le sens ». Lui aussi affirme que « ce soir, les extrêmes ont reculé dans notre région parce que nous ne leur laissons aucun terrain pour prospérer ». On le voit, les trois cherchent ce dimanche soir à cocher la case « barrage contre le RN », alors qu’Emmanuel Macron se présente justement comme le seul sérieusement capable de battre Marine Le Pen.

Laurent Wauquiez jette au passage quelques mots-clefs sur son positionnement à droite : « Le travail plutôt que l’assistanat, la défense de notre mode vie plutôt que les compromis avec le communautarisme, la bonne gestion plutôt que l’argent magique ». On est (très) loin des compétences des régions…

Trois présidents de régions présidentiables, c’est deux de trop

Trois présidents de régions présidentiables, c’est deux de trop. C’est le revers de la médaille des bons résultats de la droite aux régionales. Xavier Bertrand s’imagine renforcé par le scrutin, mais les autres peuvent légitimement dire la même chose. Et alors que le président des LR, Christian Jacob, espérait faire des régionales le moyen de trouver le candidat idéal, personne ne plie encore le match.

Mais Xavier Bertrand a quand même une longueur d’avance, pour le moment. Selon notre sondage Ipsos/Sopra Steria pour France Télévisions, Radio France et LCP-Assemblée nationale/Public Sénat, l’ancien ministre sort même renforcé du scrutin à droite. Pour les intentions de vote au premier tour, il paraît le mieux placé. Il réaliserait un score de 18 %, contre 13 % si Valérie Pécresse ou Laurent Wauquiez était la ou le candidat de la droite (voir notre article pour plus de détails). Une avance qui n’est pas encore déterminante et qui devra être confirmée et amplifiée.

« Si on fait une belle équipe de France, alors on peut l’emporter », prévient Bruno Retailleau

Il y en a un qui ne veut pas tirer de conclusions hâtives du scrutin. C’est Bruno Retailleau. Le patron des sénateurs LR, qui vise 2022 depuis des mois mais sans percer dans les sondages, demande une primaire ouverte à droite. Il n’a pas eu gain de cause, et ça ne devrait pas changer. Il salue bien sûr « l’excellent score » de Xavier Bertrand, « tout comme la victoire de Laurent Wauquiez et celle de Valérie Pécresse ». Mais il ajoute aussitôt :

On voit bien que ce ne sont pas les régionales qui peuvent départager les uns et les autres.

« Je pense qu’on doit se parler. C’est ce que je ferai demain avec Michel Barnier, après-demain avec Valérie Pécresse et Laurent Wauquiez, d’autres aussi », prévient le sénateur de Vendée, interrogé par Public Sénat. Bruno Retailleau va aussi échanger avec Xavier Bertrand.

Bruno Retailleau: "Seule la droite peut faire turbuler le face à face Le Pen Macron"
05:47

Conscient que la droite a un coup à jouer en 2022, il appelle à l’unité : « Si on fait une belle équipe de France – et on a vraiment de très beaux talents – alors on peut l’emporter ». En revanche, « dispersés, si les uns et les autres, chacun dans son couloir, fait une course séparée, alors ce sera l’échec assuré ».

Demain, les LR tiennent un nouveau comité stratégique. Ils pourront se réjouir de leurs bons résultats, de leurs présidents réélus. Mais en réalité, la question du leadership n’est pas réglée et reste devant eux. Christian Jacob a annoncé un grand sondage et à défaut, ce sera un départage aux règles encore floues. Mais pour créer la dynamique pour 2022, le temps presse pour la droite qui devra vite se trouve un candidat ou une candidate, si elle espère l’emporter.

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