Régionales : sondage « glaçant », situation « catastrophique » … En Paca, Mariani fait jeu égal avec Muselier

Régionales : sondage « glaçant », situation « catastrophique » … En Paca, Mariani fait jeu égal avec Muselier

Après des semaines de psychodrame, un sondage vient sanctionner l’alliance entre le président sortant de la région Paca, Renaud Muselier, et la majorité présidentielle. Le candidat du RN, Thierry Mariani vire nettement en tête. Les élus locaux élaborent tous les scénarios possibles.
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Par Pierre Maurer

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A croire que le Sénat a ses pythies politiques. « Je doute en permanence dans la vie, mais je l’avais prévu ! C’était gros comme une maison », peste un sénateur en sortant de séance. Son oracle ? Le dernier sondage Elabe en PACA pour BFMTV, donnant le chef de file du RN, Thierry Mariani (43 %), 10 points devant le président LR sortant, Renaud Muselier (33 %), au premier tour des élections régionales inquiètent les élus locaux. La gauche complète le tableau, loin derrière, avec la liste de l’écologiste Jean-Laurent Felizia (12 %) et celle du dissident écolo Jean-Marc Governatori donné à 6 % des voix. Pire pour les LR, en cas de second tour, et même avec le retrait de la liste de gauche, Renaud Muselier et Thierry Mariani seraient au coude-à-coude, à 50 % des intentions de vote chacun.

Résultat, Renaud Muselier s’est tourné vers son parti mercredi soir sur BFMTV, pour tenter de remobiliser son électorat, confus par ses multiples revirements et son alliance avec LREM. « J’invite mon parti à me soutenir, me resoutenir très clairement », a-t-il lancé après des semaines de psychodrame. Le président LR du Sénat, Gérard Larcher, a répondu à l’appel sur RTL, signe que les voix sont comptées dans la région Sud. « Je soutiens Renaud Muselier en Paca. Nous aurions pu nous passer de cette séquence ubuesque. La vie politique a besoin de clarté. Aujourd’hui, l’enjeu est d’empêcher la région sud de tomber entre les mains du RN », a déclaré le ténor de la droite, garant de l’unité de son parti.

« Ce sondage confirme nos craintes »

Au Sénat, certains alertaient de longue date sur ce risque de marasme pour la droite. A l’image du sénateur LR des Alpes-Maritimes Philippe Tabarot, longtemps proche de Muselier mais éjecté de la liste au prix de l’alliance avec LREM. « Ce sondage confirme nos craintes. Nous étions un certain nombre à être intimement persuadés qu’une alliance dès le premier tour avec LREM ferait monter le RN à des niveaux particulièrement importants. On a parlé de la fameuse journée où Jean Castex a annoncé cet accord. En une journée, Thierry Mariani avait gagné au moins 6 % d’intentions de vote. Ça continue », analyse-t-il. « C’est un gâchis extraordinaire ! Dans les premiers sondages, LR étaient donnés gagnant dans tous les cas de figure et après cette alliance on se retrouve dans cette situation assez catastrophique », poursuit celui qui continue de soutenir Muselier, malgré tout. La prise de la région constituerait pour Marine Le Pen, la présidente du RN, un marchepied pour la présidentielle.

Philippe Tabarot : "C’est un gâchis extraordinaire !"
04:05

Un autre, à mots couverts, observe démuni l’envolée galopante du RN. « Dans le Var et les Alpes-Maritimes, la gauche sera balayée dès le premier tour. Dans les Bouches-du-Rhône, elle est mieux implantée. Mais est-ce que les électeurs de gauche se lèveront un dimanche matin au second tour pour aller mettre un bulletin Muselier ? Non », prédit un LR.

C’est en effet à gauche que Renaud Muselier peut désormais fonder ses espoirs et répéter le coup de 2015. Le Front national, alors emmené par Marion Maréchal-Le Pen, était arrivé largement en tête avec 40,6 % des suffrages exprimés, contre 26,5 % pour la liste LR de Christian Estrosi et 16,6 % pour la liste de gauche menée par Christophe Castaner, alors au PS. Le retrait de la liste PS avait permis à l’actuel maire de Nice, qui a quitté LR, de l’emporter au second tour, avec 54,8 % des voix. « Ils peuvent fusionner au second tour. Ça m’étonnerait que la gauche accepte d’être en dehors du Conseil régional six années de plus », observe un parlementaire LR.

« Hors de question qu’il y ait une quelconque fusion avec Renaud Muselier »

Mais les cadres de la gauche régionale ne l’entendent pas de cette oreille et comptent bien jouer leur partition. Du moins, micros ouverts. « Même si j’ai du mal à imaginer que Mariani puisse gagner 10 points en une semaine, ce sondage est malgré tout glaçant. Il peut donner la possibilité que notre région passe au RN. Les multiples rétropédalages et les accords entre amis de Muselier en sont responsables », réagit le sénateur communiste Jérémy Bacchi, figure du « Printemps Marseillais ». « Pour moi il est hors de question qu’il y ait une quelconque fusion avec Renaud Muselier », ajoute-t-il d’un ton ferme. Et il ne manque pas de souligner que « même le retrait de liste de Felizia ne garantirait pas l’élection de Renaud Muselier. »

Même son de cloche du côté Guy Benarroche, sénateur écologiste et soutien de liste de Jean-Laurent Felizia. « Aujourd’hui il faut aller jusqu’au bout. Je suis intimement persuadé que Mariani ne gagnera pas la région. » L’écologiste veut faire entendre le programme de sa liste après avoir « souffert du focus » sur les bisbilles entre Muselier et LR. « Nous devrons montrer qu’il y a une alternative très claire aux programmes de Renaud Muselier et Thierry Mariani qui sont très similaires. Il y a une grande porosité entre la droite et l’extrême droite. C’est une sorte de magma assez confus où peu de diversité se manifeste. Le bilan de Muselier peut nous donner une idée de ce qui va se passer dans les années à venir dans cette région Paca, que ce soit lui ou Mariani. »

Mais en off, les langues se délient. Un écologiste local de premier plan, moins certain de la défaite de Mariani, échafaude déjà un plan qu’il n’a pas encore proposé à ses camarades. « Au second tour, il faut passer un accord avec Muselier, on fusionne à 50-50 : 50 % d’écologistes, 50 % de sa liste. Mais allez parler de ça à la gauche… » La tâche est ardue. « S’il y a un accord avec Muselier, ça sera sans nous ! », prévient Jérémy Bacchi. Côté LR, rien n’est impossible. Une fusion avec la gauche ? « C’est son problème, ce n’est plus le mien. Renaud Muselier s’est mis dans cette situation, qu’il s’en sorte comme il le souhaite. Je n’appelle à rien du tout. Je lui apporterai ma voix, pour le reste ses combinaisons politiques m’intéressent peu. J’espère désormais qu’il va pouvoir parler de l’action qui a été menée », rétorque Philippe Tabarot.

Dissidence à gauche

Un quatrième homme s’est invité dans la course et obtient des voix convoitées : Jean-Marc Governatori, crédité de 6 %. Début mai, cet ancien proche du chanteur complotiste Francis Lalanne a quitté la liste écologiste de Felizia pour défendre une « écologie centriste ». « Beaucoup d’électeurs de la région, qu’ils soient du centre ou de la droite, aimeraient voter pour l’écologie, mais ils ne veulent pas voter pour la gauche », a-t-il expliqué au Figaro.

Guy Benarroche « respecte » l’homme et le connaît bien. « Il n’a pas de stratégie politique sur le long terme. Ça fait plusieurs années qu’il hésite à chaque élection, se laissant tenter par son côté humain. Il pense toujours qu’il arrivera à trouver un accord avec le sortant. La dernière fois c’était avec Estrosi, là c’est avec Muselier. Il croit que cela va lui permettre de mettre en œuvre deux ou trois mesures phares qui sont dans sa tête. Il fait erreur. Ses électeurs voteront pour nous au second tour », croit savoir le sénateur. Derrière cette dissidence, un élu écolo ne peut s’empêcher de voir la patte de Renaud Muselier : « Il a pu lui proposer des postes, des moyens, pour s’allier au second tour ». Pour l’heure, Thierry Mariani salive et la majorité présidentielle a déjà obtenu une victoire : l’explosion de la droite.

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