Régionales, une campagne avec la présidentielle de 2022 dans le viseur

Régionales, une campagne avec la présidentielle de 2022 dans le viseur

Ces dernières semaines, la campagne des régionales s’est accélérée pour tous les partis politiques. Entre alliances, disputes, accusations de traîtrise et communication clivante, Hélène Risser et ses invités analysent, cette semaine dans Hashtag, les stratégies de com' mises en œuvre pour remporter en juin prochain ces élections… avec la présidentielle de 2022 en ligne de mire.
Public Sénat

Par Nils Buchsbaum

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Publié le

Des portraits sur fond vert de personnalités comme Éric Zemmour, Alain Finkielkraut ou Gérald Darmanin, ou encore des personnes aux cheveux gris, heureux sur une plage avec ces mots : « Les boomers iront voter ».
Cette campagne de communication digitale d’Europe Ecologie les Verts incitant les plus jeunes à s’inscrire sur les listes électorales n’est pas passée inaperçue. Certains ont largement protesté sur les réseaux sociaux se sentant stigmatisés, comme le déclare Véronique Reille-Soult : « Peu de monde a soutenu la campagne d’ailleurs elle a été retirée rapidement par EELV et les Boomers en question n’ont pas trop apprécié… »

Le sociologue et consultant Erwan Lecoeur rappelle cependant que « l’expression « boomer » s’est démocratisée en 2018-2019 pour railler un certain nombre de gens qui ont en effet l’âge des babyboomers (nés après la Seconde guerre mondiale) mais qui sont ceux surtout montrés du doigt pour avoir accusé et agressé Greta Thunberg et toute cette « génération climat » ».
Il ajoute : « Il y aurait donc un malentendu générationnel puisqu’un babyboomer et un boomer ce n’est pas la même chose pour ces jeunes de moins de trente ans ».

Au-delà de ce phénomène qui peut paraître à première vue anecdotique, pour le sociologue « il y a un vrai clivage générationnel qui est en train de prendre place dans notre société et on voit que les politiques n’hésitent pas à en jouer. Ce clivage est aussi un clivage pour ou contre l’écologie, le vrai clivage est peut-être même là désormais ».


« Les dirigeants des Républicains ont perçu le rapprochement entre Muselier et LREM comme une manœuvre du parti présidentiel pour les écraser dans la perspective de 2022 »

Plus à droite sur l’échiquier politique, on a pu assister ces dernières semaines aux disputes et invectives de plusieurs cadres du parti Les Républicains suite au rapprochement en Paca entre Renaud Muselier et La République en marche. Pour Marc Abélès, anthropologue de la vie politique, « l’affaire était compliquée car c’est le chef du gouvernement lui-même qui a annoncé que cette liste serait quelque chose d’exemplaire, comme une sorte de ralliement de LR à LREM. Ça a été posé tout d’un coup d’un point de vue national alors que Renaud Muselier se plaçait plutôt au niveau du régional. Mais ça n’a pas du tout pris parce que les dirigeants de la famille LR ont perçu cette manœuvre comme une manière de les écraser dans la perspective de la présidentielle ».

Pour l’anthropologue, ce genre de disputes est loin d’être exceptionnel : « Finalement les réactions telles que celles de Nadine Morano et Éric Ciotti, qui parlent de trahison, sont très typiques du fonctionnement de ce qu’on appelle une famille politique en France. Une famille politique se définit toujours par l’extérieur, toujours cernée par des ennemis. Donc à partir du moment où quelqu’un se prête au jeu des supposés ennemis, il faut le dénoncer, voire l’exclure ».
 

Pour Erwan Lecoeur, « un certain nombre de gens à droite se préparent à passer avec armes et bagages au Rassemblement National au moment de la présidentielle »

Marc Abélès pense d’ailleurs que pour comprendre le véritable enjeu de cet épisode, il faut comprendre l’importance du cas Thierry Mariani. « La liste actuellement en tête c’est celle de l’extrême droite avec le Rassemblement National dirigée par Thierry Mariani, ex-Les Républicains donc ex-frère dans la famille de Muselier. Il y a ça en toile de fond ». Ainsi, en prenant durement position contre Renaud Muselier, Nadine Morano ou Éric Ciotti, laisseraient ouverte une perspective pour échapper au traître et pour assurer le triomphe de la famille, même élargie. Marc Abélès ajoute, « on peut penser qu’à terme, au deuxième tour, ils vont finir par se rallier à l’autre liste, celle de quelqu’un qui a longtemps fait partie de la famille. Cela permet à terme d’imputer à Muselier la tentation qu’auront un certain nombre d’électeurs d’aller carrément de l’autre côté ».

Une hypothèse que partage Erwan Lecoeur pour qui « un certain nombre de gens à droite chez les Républicains se préparent d’une certaine façon à passer avec armes et bagages au Rassemblement National au moment de la présidentielle, ou en tout cas dans quelque chose que Marine Le Pen leur permettrait de composer ».

Retrouvez l’intégralité de cette émission en replay ici.

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