Régions et État « partent sur de nouvelles bases »
Reçus à la mi-journée à la Matignon, les principaux représentants des conseils régionaux se félicitent de prendre un nouveau départ avec l’État. Ils estiment avoir été entendus sur plusieurs points mais demeurent sur leurs gardes, après des mois de relations houleuses avec Paris. Mais sur la Corse, c’est le statu quo.

Régions et État « partent sur de nouvelles bases »

Reçus à la mi-journée à la Matignon, les principaux représentants des conseils régionaux se félicitent de prendre un nouveau départ avec l’État. Ils estiment avoir été entendus sur plusieurs points mais demeurent sur leurs gardes, après des mois de relations houleuses avec Paris. Mais sur la Corse, c’est le statu quo.
Public Sénat

Temps de lecture :

5 min

Publié le

Mis à jour le

L’appel de Marseille, où un vent de révolte avait soufflé chez les trois niveaux de collectivités territoriales (communes, départements et régions), semble avoir été entendu. Ce vendredi, la plupart des présidents de conseil régionaux étaient présents à Matignon pour un déjeuner de travail avec le Premier ministre, qui veut pacifier ses relations avec les élus locaux. L’heure semble au changement de ton, des deux côtés.

Ce nouveau contact avec l’exécutif, après une première réunion à l’Élysée mardi, s’avère positif. « Ce déjeuner est le symbole de la volonté de l’exécutif de reprendre un dialogue que nous n’avions pas connu – disons-le – depuis 18 mois », réagit Hervé Morin, le président de la région Normandie et de l’association Régions de France.

Un engagement de l’État a été confirmé en direction des collectivités territoriales. Celles-ci disposeront d’un cadre financier « stabilisé » jusqu’à la fin du quinquennat, une demande de longue date de la part des élus locaux, désireux d’avoir une trajectoire claire et arrêtée pour leurs budgets.

Si les actes ne suivent pas, « la rupture serait alors définitivement consommée »

« Notre mobilisation a au moins fait l’objet d’une évolution de la position du gouvernement », se félicite l’élu centriste. Il accepte la main tendue mais reste néanmoins « vigilant », chat échaudé craignant l’eau froide. « Notre détermination reste absolument intacte. Nous n’avons pas oublié quel a été notre traitement pendant 18 mois mais nous voulons écrire une page nouvelle et nous sommes prêts à l'écrire, comme nous étions prêts à l’écrire en juillet 2017 », insiste Hervé Morin.

Et de lancer un avertissement, sans prendre de gants : « Dans l’hypothèse où tout cela ne serait que communication, la déception serait immense et la rupture serait alors définitivement consommée ».

Saluant un « changement de méthode », le président de Régions de France n’est pas mécontent d’avoir obtenu des assurances de l’État de pouvoir « co-construire » certaines politiques qui engagent les régions.

Du côté de l’Outre-mer, c’est également un satisfecit. « Le dialogue a repris », souffle Alfred Marie-Jeanne, le président du Conseil exécutif de Martinique.

Le fonctionnement de la Conférence nationale des territoires évolue

Collectivités : « Je pense que nous partons sur de nouvelles bases », déclare Gourault
02:19
« Je pense que nous partons sur de nouvelles bases », déclare Jacqueline Gourault

« Je pense que nous partons sur de nouvelles bases, sur un dialogue constructif », déclare quant à elle Jacqueline Gourault, la nouvelle ministre de la Cohésion des territoires, et des Relations avec les collectivités, devenue l’interlocutrice unique des élus locaux.

La « Madame collectivités » du gouvernement annonce que le fonctionnement de la Conférence nationale des territoires (CNT) va évoluer. Pour gagner en efficacité, les rencontres seront organisées à des formats plus resserrés. Exit les grands forums semestriels, comme ceux qui avaient réuni en 2017 gouvernement et élus locaux, au Sénat et à Cahors.

L’instance de dialogue autour de Matignon perdure en tout cas. La ministre explique qu'elle recevra chaque niveau de collectivités « à peu près tous les deux mois », et que la CNT se réunira avec le Premier ministre trois fois par an. La prochaine réunion devrait avoir lieu à mi-janvier.

Ce midi, exécutif et élus régionaux ont abordé plusieurs problèmes de fond, comme la question de la formation professionnelle et de l’apprentissage, qui avaient fait l’objet d’une levée de boucliers dans les régions. Il a aussi été question de l’avenir de la PAC et les problématiques qui arrivent en cas d’absence d’accord avec les Britanniques. « Il y a eu des premières réponses à leurs inquiétudes », affirme Jacqueline Gourault.

Malgré ces gages offerts à Hervé Morin et à ses collègues présidents de régions, le gouvernement n’a pas encore éteint tous les incendies sur le front des collectivités, à commencer par l’avenir de la Corse. « C’est toujours le même silence qui a caractérisé la réponse du Premier ministre et de son gouvernement […] On n’est malheureusement pas dans une logique de dialogue », a déclaré, mécontent, Gilles Simeoni, le président du Conseil exécutif de Corse, qui était venu sans illusions.

État-Corse : « On n’est malheureusement pas dans une logique de dialogue », regrette Gilles Simeoni
01:39
« On n’est malheureusement pas dans une logique de dialogue », regrette Gilles Simeoni, au sujet de la Corse

Selon le leader autonomiste de l’île, les réponses de l’exécutif « ne sont pas à la hauteur » du message délivré par les Corses lors des élections locales de décembre 2017.

Partager cet article

Dans la même thématique

Régions et État « partent sur de nouvelles bases »
3min

Politique

Santé mentale : « 25% des lycéennes ont déjà pensé à la mort », s’alarme la spécialiste Angèle Malâtre-Lansac

Décrété « Grande cause nationale » en 2025, les troubles de la santé mentale concernent 13 millions de français. Un enjeu de santé publique qui touche fortement la jeunesse. Si la question est au centre du débat public, les solutions tardent à être mises en place et le secteur de la psychiatrie manque de moyens. Cette semaine dans Et la Santé ça va ?, Axel De Tarlé reçoit la sénatrice Céline Brulin et Angèle Malâtre-Lansac, déléguée générale de l’Alliance pour la Santé mentale pour en débattre.

Le

Régions et État « partent sur de nouvelles bases »
4min

Politique

Armement : Kaja Kallas appelle la France à « augmenter les cadences de production »

C’est la voix de la diplomatie européenne. Au moment où le cessez le feu connait des ratés à Gaza, et où la guerre s’enlise en Ukraine, quelle place pour les Européens ? Comment peser sur les grands conflits en cours ? Guerre en Ukraine, cessez-le-feu à Gaza, ou encore traité de libre-échange avec les pays du Mercosur, la Haute représentante de l’Union européenne pour les Affaires étrangères et la Politique de sécurité Kaja Kallas défend son action et répond sans détour aux questions de Caroline de Camaret et d’Armen Georgian dans Ici l’Europe.

Le