Relance du nucléaire : « Le plan de Macron, c’est faire comme Pompidou dans les années 1970 », tacle David Cormand
L’eurodéputé EELV David Cormand était l’invité jeudi de la matinale de Public Sénat. Il a déploré le revirement d’Emmanuel Macron sur le nucléaire, estimant qu’il s‘agit d’une technologie trop coûteuse et qui arrive trop tard face à l’urgence climatique.

Relance du nucléaire : « Le plan de Macron, c’est faire comme Pompidou dans les années 1970 », tacle David Cormand

L’eurodéputé EELV David Cormand était l’invité jeudi de la matinale de Public Sénat. Il a déploré le revirement d’Emmanuel Macron sur le nucléaire, estimant qu’il s‘agit d’une technologie trop coûteuse et qui arrive trop tard face à l’urgence climatique.
Romain David

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En déplacement ce jeudi à Belfort, dans le cadre du rachat de l’ancienne branche énergie d’Alstom par EDF, Emmanuel Macron devrait annoncer la construction de 14 EPR. À 60 jours de la présidentielle, le chef de l’Etat entend ainsi reprendre la main sur le dossier énergie, alors que la production d’électricité nucléaire est au plus bas dans le pays depuis 30 ans. « Je suis inquiet de voir un jeune président de la République nous dire : ‘Mon plan pour l’avenir, c’est faire comme Pompidou dans les années 1970’ », déplore au micro de « Bonjour chez Vous », la matinale de Public Sénat, l’eurodéputé EELV David Cormand. « La France vient d’être pointée comme le seul pays européen en retard sur le renouvelable. Et pourquoi nous sommes en retard ? Parce que nous mettons tous nos œufs dans le panier du nucléaire… qui est un panier percé, qui est en train de nous ruiner ! », alerte l’élu.

« Nous n’arrivons pas à fabriquer les EPR, les surcoûts sont colossaux »

« Nous ne parlons pas de n’importe quelles centrales, puisque ce sont des EPR. Ce sont des centrales dites ‘de nouvelle génération’, mais en réalité il s’agit d’une technologie assez ancienne, lancée à la fin des années 1990 », rappelle David Cormand. « Ces EPR on les connaît puisque l’on a essayé d’en construire un en Finlande, qui a pris énormément de retard et a coûté des milliards à EDF. La dette d’EDF, c’est 40 milliards d’euros. Que l’on se représente bien de quoi l’on parle ! », pointe David Cormand.

« Moi qui suis Normand, je connais bien l’EPR qu’on a voulu construire à Flamanville, qui devait coûter 3 milliards et être mis en activité en 2012. Nous sommes dix ans après, on ne sait pas quand est-ce qu’il sera mis en activité parce qu’il y a des problèmes de sécurité… d’après la Cour des comptes nous en sommes à 19 milliards d’euros. » Et de résumer : « Cette technologie ne fonctionne pas. C’est aussi simple que ça : nous n’arrivons pas à fabriquer les EPR, les surcoûts sont colossaux. »

Une réponse insatisfaisante face à l’urgence climatique

Il estime également que le calendrier de relance de la filière du nucléaire s’inscrit dans un temps long, incompatible avec l’urgence climatique. « Nous n’avons pas le temps d’attendre 20 ou 30 ans. C’est ça le délai des EPR, une génération », s’alarme David Cormand. « Mais la réponse sur le climat, c’est moins de 10 ans ! ».

» Lire aussi : Savoir-faire, mains d’œuvre, faisabilité… Les défis de la relance du nucléaire

« Il n’y a pas d’électricité magique »

En réponse, il fait valoir la nécessité d’optimiser la consommation électrique, tout en investissant massivement dans le photovoltaïque et l’éolien. « Pensez que la France, deuxième façade maritime du monde, n’a plus aucune entreprise capable de fabriquer des éoliennes offshore, alors que l’on en avait avec Alstom et Areva », rappelle David Cormand qui pointe ainsi le bilan d’Emmanuel Macron comme ministre de l’Economie, puisque la vente des activités énergie d’Alstom s’est faite lorsque le fondateur d’En Marche ! se trouvait à Bercy, sous le quinquennat de François Hollande.

« Du offshore, Il va falloir en faire, ce qui pose aussi des problèmes écologiques, il faut le dire, mais beaucoup moins qu’un accident industriel », poursuit David Cormand, qui se dit bien conscient des réticences que rencontre cette technologie auprès des élus et d’une partie du public. « Si on veut de l’électricité il faut la produire, et si on veut la produire, il faut accepter qu’il y ait des nuisances. Il n’y a pas d’électricité magique », relève-t-il.

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