Remaniement : « Rien de neuf sous le soleil » pour les sénateurs LR

Remaniement : « Rien de neuf sous le soleil » pour les sénateurs LR

Après quinze jours de suspense, le nouveau gouvernement a enfin été dévoilé ce mardi, en début de matinée. Chez les sénateurs LR, sa composition ne créé visiblement pas la surprise.
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Par Alice Bardo / vidéos : Sandra Cerqueira

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« Rien de neuf sous le soleil », lâche d’emblée François Grosdidier à propos du nouveau gouvernement, annoncé une heure plus tôt après quinze jours de suspense.

Avant de s’engouffrer dans la salle Médecis du Palais du Luxembourg pour la réunion hebdomadaire de son groupe, le sénateur LR déplore « l’inflexion à gauche du gouvernement » et regrette l’absence de ministres de droite aux portefeuilles régaliens, à commencer par celui de l’Intérieur, où Christophe Castaner succède à Gérard Collomb. « Il a été choisi parce qu’il fait partie des proches d’Emmanuel Macron » s’afflige Dominique Estrosi Sassone, sénatrice LR des Alpes-Maritimes.

« C’était important qu’il y ait un ministre plein délégué aux collectivités »

L’ex-patron de La République en marche sera remplacé au poste de secrétaire d’État chargé des relations avec le Parlement par Marc Fesneau, jusqu’alors président du groupe Modem à l’Assemblée. L’ancien député du Loir-et-Cher n’est pas le seul du parti de François Bayrou à avoir été promu : l’ancienne sénatrice Jacqueline Gourault quitte son poste de ministre auprès du ministre de l’Intérieur pour prendre la tête du ministère de la Cohésion des territoires et des relations avec les collectivités territoriales, succédant ainsi à Jacques Mézard, lui aussi ancien sénateur. Elle sera épaulée par Julien Denormandie, promu ministre chargé de la ville et du logement, et Sébastien Lecornu, en charge des collectivités territoriales. « C’était important qu’il y ait un ministre plein délégué aux collectivités territoriales » reconnaît Dominique Estrosi Sassone, qui espère toutefois que l’exécutif « prenne la mesure de la déception qui s’exprime dans les territoires » afin que « la fracture ne se creuse pas plus avec les collectivités territoriales ».

« Un remaniement très politique »

« C’est un remaniement très politique qui satisfait le Modem, la gauche macroniste et un peu la droite macroniste » analyse de son côté Jean-François Rapin. Par « droite macroniste » il entend Franck Riester, qui remplace Françoise Nyssen à la Culture. Cet ancien LR a été exclu du parti en octobre 2017, tout comme Sébastien Lecornu, Gérald Darmanin, Thierry Solère et Édouard Philippe, jugés trop « Macron-compatibles ».

Didier Guillaume « rattrapé par le col de la chemise »

Remaniement : « Rien de neuf sous le soleil » pour François Grosdidier
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Quant à la « gauche macroniste », il doit faire allusion à Didier Guillaume, nommé à l’Agriculture en remplacement de Stéphane Travert. L’ancien président du groupe socialiste au Sénat avait pourtant annoncé son intention de se retirer de la vie politique, avant de renoncer et de rejoindre le groupe RDSE. Pour Dominique Estrosi Sassone, « il a été rattrapé par le col de la chemise ». Et de confier : « Depuis qu’il était revenu au Sénat, il était étonnamment absent donc peut-être que des discussions étaient déjà engagées pour qu’il obtienne le Graal. » Reste toutefois qu’il « saura montrer que le Sénat, les territoires et la ruralité peuvent être défendus avec engouement et détermination. » D’autant plus que ce n’est « pas sûr qu’il fera moins bien que le précédent » ministre de l’Agriculture, décrié pour sa supposée proximité avec les lobbies. Ironie du sort, c’est donc une personnalité de gauche qui semble le plus avoir les faveurs de la droite parmi les nouveaux nommés dans le gouvernement Philippe III. Jacqueline Gourault, dont le portefeuille et le passé de sénatrice auraient pourtant de quoi rassurer les sénateurs, est attendue au tournant : « Jacques Mézard a une indépendance que n’a jamais eue Jacqueline Gourault. Elle est la voix de son maître », glisse Catherine Procaccia, sénatrice LR du Val-de-Marne.

« Même quand le profil des ministres correspond aux fonctions, on a le sentiment que c’est la technostructure qui dirige et pas les politiques », conclut finalement François Grosdidier. Les sénateurs républicains restent droits dans leurs bottes. D’ailleurs, le patron du parti, Laurent Wauquiez, leur a rendu une petite visite au cours de laquelle il n’a pas manqué de dénoncer « l’inanité » de ce remaniement.

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