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Report du Brexit : «Demain sera plus douloureux encore», avertit le sénateur Jean Bizet
Par Public Sénat
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La saga du Brexit s’allonge. Le Royaume-Uni devait rendre sa décision le 29 mars. La date butoir avait été repoussée au 12 avril. Finalement, au terme d’un sommet européen tourmenté à Bruxelles organisé dans la nuit du 10 au 11 avril, les Vingt-Sept et Londres se sont mis d’accord pour accorder un sursis de six mois maximum au gouvernement de Theresa May pour éviter un divorce sans accord. Jusqu’à présent, la Première ministre britannique avait échoué trois fois à faire adopter, par le Parlement du pays, le traité de sortie négocié avec les Européens.
Le groupe de suivi du Sénat sur le Brexit et la Refondation de l’Union européenne, qui avait recommandé la veille au président Emmanuel Macron de faire preuve de fermeté face aux demandes du Royaume-Uni, ne se satisfait pas de cette prolongation. Le sénateur Jean Bizet (LR), parle de « déception » et se dit « très ennuyé par cette affaire ». « On allonge un peu plus la période d’incertitude. Voire plus encore. On passe de l’incertitude à la paralysie potentielle de l’Europe », met-il en garde.
De l’avis du sénateur LR de la Manche, un « saut dans le vide » aurait peut-être été plus judicieux qu’un énième report, à l’heure où des « décisions clés » attendent l’Union européenne : cadre financier pluriannuel, qui fixera les grandes orientations budgétaires pour les 7 prochaines années, conflits commerciaux avec les États-Unis et la Chine ou encore les migrations. « La solution d’une rupture totale aurait été très douloureux, mais je pense que demain sera plus douloureux encore », commente ce jeudi Jean Bizet, un brin soucieux.
« Ils ont dit très clairement que de l’intérieur ils allaient perturber l’Europe »
Car ce nouveau délai de négociations et d’intenses débats politiques à Londres, qui pourra s’allonger jusqu’au 31 octobre, vient télescoper le renouvellement des institutions européennes. Le compromis trouvé à Bruxelles cette nuit ne devrait pas perturber l’installation de la future Commission européenne. En revanche, un Royaume-Uni encore présent dans l’Union en octobre signifie que des eurodéputés britanniques devront être élus en mai.
Jean Bizet redoute en quelque sorte leur capacité de nuisance dans les prochains mois. « Ils vont élire 73 parlementaires qui vont avoir à prendre des décisions importantes. Or comment peut-on s’assurer de leur esprit constructif ? » D’autant que deux leaders eurosceptiques notoires à la Chambre des communes, Mark Francois et Jacob Rees-Mogg, n’ont pas tenu un discours rassurant. « Ils ont dit très clairement que de l’intérieur ils allaient perturber l’Europe », rappelle Jean Bizet.
La période de six mois accordée aux Britanniques apparaît comme une solution d’entre-deux, entre un groupe de pays (dont la France) partisans d’une attitude intransigeante, et un autre groupe favorable à un report du divorce beaucoup plus long.
La probabilité d’un « no-deal », longtemps redoutée, se fait chaque jour de plus en plus plausible. Le groupe de travail du Sénat, qui a enchaîné les auditions et les consultations, évalue à 60 milliards d’euros le coût des barrières douanières en cas de hard Brexit. La moitié pèsera sur la Grande-Bretagne. Beaucoup anticipent ce scénario et se tiennent prêts. « Les milieux économiques, notamment Français, s’y sont préparés », déclare Jean Bizet.