Le candidat Emmanuel Macron veut porter progressivement l’âge de départ à la retraite à 65 ans. Un seuil qui pourrait toutefois ne pas s’appliquer à tous les travailleurs, le président de la République a en effet indiqué vouloir « repenser les carrières longues » et « regarder la réalité des métiers et des tâches de la façon la plus individuelle possible ». Il n’empêche, la proposition soulève l’opposition de la gauche. « Il faut revenir à 60 ans », a plaidé le député France insoumise Éric Coquerel lundi matin, dans « Bonjour chez Vous » sur Public Sénat. « Nous sommes pour revenir à ce qui a été l’une des grandes conquêtes du début des années 1980 », explique cet élu, alors que l’âge légal de départ a été fixé à 62 ans après la réforme de 2011.
« Il n’est pas réaliste de continuer à vouloir faire travailler des gens plus longtemps, alors que beaucoup sont au chômage », poursuit Éric Coquerel. « Il n’est pas réaliste, quand vous avez encore 6 millions de chômeurs dans ce pays, de forcer les gens à travailler jusqu’à un âge souvent beaucoup trop avancé pour les métiers qui sont les leurs, et d’avoir des jeunes au chômage », s’agace-t-il. « En rallongeant l’âge du travail, progressivement, l’espérance de vie est en train de diminuer », pointe encore ce proche de Jean-Luc Mélenchon. « Ce sont les statistiques qui le disent ».
Equilibrer les comptes
La réforme des retraites faisait partie des promesses de campagne du candidat Macron en 2017. À l’époque, il s’était engagé à supprimer les régimes spéciaux sans toucher à l’âge de départ. Finalement, la réforme a été interrompue par la pandémie de covid-19. Désormais, l’exécutif défend un report de l’âge l’égal, arguant de la dégradation des perspectives financières du système de retraites après deux ans de crise. Un argument que conteste Éric Coquerel. « Le Conseil d’orientation des retraites dit qu’il va y avoir un problème jusqu’en 2042, après les choses s’équilibrent. D’ici là, y aura un déficit de trois milliards d’euros à trouver par an », admet l’élu.
« Vous faites une loi d’égalité salariale homme-femme, rien que ça, ça vous fait 5 milliards de cotisations plus », plaide-t-il. « Il y a 52 milliards d’exonérations chaque année pour les cotisations imposées par l’Etat. On va peut-être en récupérer un peu, et vous allez voir que les cotisations vont vite s’équilibrer ! », ajoute-t-il.