Retraites : l’allongement de la durée de travail, « on ne renoncera pas à ça », assure Olivier Véran

Retraites : l’allongement de la durée de travail, « on ne renoncera pas à ça », assure Olivier Véran

Malgré l’opposition des syndicats, l’exécutif n’entend pas revenir sur le recul de l'âge de départ à la retraite, axe phare de la réforme qui sera présentée le 10 janvier. Ce mercredi, au sortir du Conseil des ministres, Olivier Véran, le porte-parole du gouvernement, a indiqué que le gouvernement espérait encore parvenir à un compromis sur la manière de parvenir à cet allongement.
Romain David

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Le gouvernement est déterminé à tenir bon sur la réforme des retraites. Alors que différentes enquêtes d’opinion confirment l’opposition des Français à un recul de l’âge légal de départ, et que les syndicats promettent à l’exécutif une mobilisation inédite, Élisabeth Borne a appelé mercredi les membres de son gouvernement, lors du premier Conseil des ministres de l’année, à « résister aux vents contraires ». Les consultations se poursuivent autour de la réforme qui devait initialement être dévoilée le 15 décembre, mais dont la présentation a été reportée au mardi 10 janvier pour laisser davantage de temps aux discussions. Le texte lui-même sera présenté en Conseil des ministres le 23 janvier, avant un examen parlementaire début février. Le gouvernement table sur une entrée en vigueur de la réforme à la fin de l’été.

« La Première ministre poursuit les concertations à son niveau avec les organisations syndicales et patronales, aujourd’hui et demain. Ce ne sont pas des concertations de façade », a assuré Olivier Véran, le porte-parole du gouvernement, lors d’un point presse. « Alors que nous sommes capables de nous entendre sur un diagnostic commun, à savoir que notre système des retraites n’est plus équilibré et qu’il faut donc le reformer, nous voulons trouver des solutions communes et partagée. » L’allongement des discussions a déjà poussé l’exécutif à revoir une partie de sa copie, a-t-il assuré, sans précision toutefois sur les points ainsi amendés.

« Il y a différentes façons d’augmenter la durée de travail »

Pas question pour autant de renoncer au recul de l’âge de départ. « Je rappelle l’objectif principal de cette réforme : sauver, adapter et conforter notre système des retraites dans la durée pour garantir aux jeunes actuels et à venir qu’ils auront bien accès à un système de retraites, et pour garantir aux moins jeunes, c’est-à-dire aux retraités, un meilleur niveau de pension de retraite, le tout sans augmenter les impôts et les cotisations, mais en allongeant la durée de travail », a expliqué le porte-parole. « On ne renoncera pas à ça », a-t-il assuré. « Ce que nous disons, c’est qu’il y a plusieurs voies et moyens, mais qui passent tous par un allongement de la durée de travail tout au long de la vie. Il y a différente façon d’augmenter cette durée qui permettent d’obtenir un équilibre. C’est ce qui est en concertation avec le ministre du Travail, la Première ministre et les organisations patronales et syndicales. »

Les grandes lignes de la réforme

Dans le détail, la question de l’âge minimum de départ reste toujours en suspens. Le programme présidentiel d’Emmanuel Macron mentionne 65 ans, un chiffre de nouveau cité lors d’un dîner organisé à l’Elysée début décembre avec les principaux représentants de la majorité. Pour autant, Élisabeth Borne, issue de l’aile gauche de la macronie, a assuré mardi matin sur franceinfo que les 65 ans n’étaient « pas un totem ». Une manière de maintenir les partenaires sociaux autour de la table ? À sa sortie de Matignon quelques heures plus tard, Laurent Berger, le secrétaire général de la CFDT, a promis une mobilisation du syndicat en cas de relèvement à 64 ou 65 ans.

Ce mercredi, Olivier Véran a également tenu à rappeler les garde-fous déjà posés par l’exécutif : la durée de cotisation ne dépassera pas les 43 années et aucun Français n’aura à travailler au-delà de 67 ans. « Si vous avez travaillé toute votre vie, vous ne pourrez plus gagner, comme c’est le cas aujourd’hui, 950 ou 1 000 euros, vous serez assuré de gagner a minima 85 % du smic, c’est-à-dire environ 1 200 euros net par mois. Si vous êtes un salarié senior, votre place dans l’entreprise sera confortée et nous investirons davantage dans votre parcours de formation », a-t-il également fait valoir.

La meilleure prise en compte du facteur de pénibilité fait partie des arguments régulièrement avancés par l’exécutif pour contrebalancer l’allongement de la durée de travail. « Si vous commencez à travailler tôt, à 18-19 ans, on ne va pas vous faire travailler jusqu’à 65 ans. Si vous avez un métier difficile, avec de la pénibilité, on ne va pas vous demander de travailler aussi longtemps que quelqu’un qui a un métier dans un bureau, qui peut être compliqué, mais pas avec les mêmes critères de pénibilité », a encore souligné Olivier Véran.

» Lire notre article : Réforme des retraites : à quoi doivent s’attendre les fonctionnaires ?

Chez LR, « une réforme qui a la couleur, l’odeur et le goût de celle que nous portons »

En retardant la présentation de la réforme, au-delà des ajustements de dernière minute, l’exécutif espère surtout parvenir à décrocher un accord avec Les Républicains, seule formation d’opposition favorable à l’allongement de l’âge de départ. Sans ce prérequis, l’examen du texte au Parlement risquerait fort de prendre des allures de chemin de croix pour l’exécutif, privé de majorité absolue à l’Assemblée nationale. Olivier Véran ne s’en est guère caché mercredi : « Ce que nous souhaitons, c’est identifier des accords, trouver les voix d’une majorité constituée [au Parlement, ndlr]. Si je regarde bien, depuis quelques années il y a des groupes politiques qui ne font pas partie de la majorité et qui portent une réforme qui a la couleur, l’odeur et le goût de celle que nous portons. », a-t-il relevé.

L’ancien ministre de la santé évoque ici le groupe LR du Sénat, qui depuis plusieurs années fait voter, lors de l’examen du projet de loi de financement de la sécurité sociale chaque automne, un allongement de l’âge de départ, à 63 ans ou 64 ans. « Je me dis qu’il ne serait pas illogique qu’une partie de l’opposition, notamment à droite de l’échiquier politique, s’associe aux voix de la majorité pour adopter une réforme que leurs électeurs attendent et qu’eux-mêmes ont promue au cours des dernières campagnes électorales, sans quoi il y aurait un problème de cohérence. » Et d’ajouter : « Je pense que c’est plutôt sur la bonne voie. »

 

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