Rodéos urbains : « Il faut davantage de brigades motorisées », estime Vincent Delahaye
Dans de nombreux quartiers, l’été renvoie immédiatement au bruit d’un motocross lancé à vive allure. Les rodéos urbains se multiplient durant la période estivale. Une « façon de tuer l’ennui », et un défi de taille pour les autorités.

Rodéos urbains : « Il faut davantage de brigades motorisées », estime Vincent Delahaye

Dans de nombreux quartiers, l’été renvoie immédiatement au bruit d’un motocross lancé à vive allure. Les rodéos urbains se multiplient durant la période estivale. Une « façon de tuer l’ennui », et un défi de taille pour les autorités.
Public Sénat

Par Hugo Lemonier

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Des comptes Instagram leur sont entièrement consacrés. Dans le vrombissement des moteurs, au cœur d’une cité ou sur une rocade, ils enchaînent les acrobaties, de longues roues arrière, sans casque et parfois même sans les mains.

Les rodéos urbains ont conquis les quartiers populaires français et sont devenus le marqueur de toute une génération de jeunes. Une pratique popularisée, aussi, en raison du défi lancé aux autorités.

Durant le confinement, les interventions liées aux rodéos urbains ont augmenté de 15 %, selon le ministère de l’Intérieur. Deux ans après la création d’un délit permettant de réprimer ce phénomène, 39 051 interventions ont eu lieu et 3 596 infractions relevées sur le fondement de cette loi.

Jusqu'à 5 ans d'emprisonnement

La pratique du rodéo est désormais punie par de lourdes peines, pouvant aller jusqu'à un an d'emprisonnement et 15 000 € d'amende. En cas de facteurs aggravants, les condamnations peuvent même aller jusqu'à cinq ans de prison et 75 000 euros d'amende.

La loi de 2018 permet en outre de confisquer les motos et de punir « ceux qui promeuvent et organisent des rodéos urbains ». Un délit passible de deux ans de prison et 30 000 euros d'amende.

Un enfant de 5 ans gravement blessé

Mais la loi ne fait pas tout, rappelle Vincent Delahaye, sénateur (UC) de l’Essonne, à l’origine d’une proposition de loi sur les rodéos sauvages au Sénat : « Il ne suffit pas d’un vote à l’assemblée… Encore faut-il se donner les moyens de l’appliquer. » L’élu en veut pour preuve un fait divers intervenu, à Lyon, au début de l’été.

Le 24 juin, un jeune homme lancé à toute allure sur un motocross a fauché un enfant de cinq ans, qui traversait la rue à vélo sur un passage piéton, sous la surveillance de son père. L'enfant, placé en coma artificiel, présente un traumatisme crânien et souffre d’une hémorragie cérébrale. Le suspect s'est rendu de lui-même au commissariat.

Créer de nouvelles brigades motorisées

Vincent Delahaye

Vincent Delahaye souligne la nécessité de « créer de nouvelles brigades motorisées pour intercepter ces individus ».

« Il y en a quelques-unes mais c’est encore très limité. En Essonne, il n'y en a qu’une ou deux », assure l’élu. « Il en faut davantage et leur permettre d’intervenir à des horaires qui ne sont pas les leurs. Car, entre 21 heures et 6 heures du matin, vous n’avez presque personne. »

Un travail de prévention

Le gouvernement, qui met en avant la lutte contre « ces incivilités du quotidien », est pressé d’agir. Une mission parlementaire, dirigée par les députées de la République en Marche, Natalia Pouzyreff et Catherine Osson, doit permettre l’édification d’un « plan d’action plus ambitieux et global », avec la mise en place d’un « continuum d’actions autour du rodéo urbain ».

Le ministère de l’Intérieur espère mettre en œuvre un travail de prévention en lien avec les collectivités locales et les associations.

75 % de mon temps à traiter des demandes de gens excédés

Pierre Olivier, maire du 2e arrondissement de Lyon

Mais l’exécutif se retrouve déjà poussé dans ses retranchements par certaines municipalités, comme Compiègne (Oise), qui souhaiterait utiliser les drones pour dissuader les rodéos urbains.

Excédés par les nuisances sonores et inquiets pour leurs enfants, les habitants des quartiers populaires comme des centres-villes se tournent systématiquement vers le maire. « Cela fait une semaine que je suis en fonction et j'ai passé 75 à 80 % de mon temps à traiter des demandes de gens excédés par les problèmes de sécurité dans la zone », témoigne l’édile du 2e arrondissement de Lyon, Pierre Oliver, qui a saisi Gérald Darmanin à ce sujet.

Mais la répression suffira-t-elle à venir à bout de cette pratique dangereuse ? L’été risque d’être chaud, remarque dans La Croix Anaïck Purenne, sociologue à l’université de Lyon, qui travaille avec des jeunes de Vaulx-en-Velin : « Dès qu’il fait beau, les week-ends et pendant les vacances, ils « sortent les cross ». C’est une façon de tuer l’ennui entre personnes du même quartier. »

 

 

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