Sainte-Soline : les sénateurs écologistes sur place dénoncent le « fiasco » du maintien de l’ordre

Sainte-Soline : les sénateurs écologistes sur place dénoncent le « fiasco » du maintien de l’ordre

Les sénateurs écologistes, Thomas Dossus et Daniel Salmon étaient mobilisés samedi contre la construction de la mega-bassine à Sainte-Soline dans les Deux-Sèvres. Ils dénoncent l’usage excessif de la force de la part des autorités, qui selon eux, ont entravé l’arrivée des secours sur le site.
Simon Barbarit

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Avec la réforme des retraites, c’est un autre front qui a accaparé les forces de l’ordre ce week-end. Au moins trois manifestants ont été grièvement blessés samedi dans les Deux-Sèvres, après de violents affrontements à Sainte-Soline, où la construction d’une retenue d’eau, « mega-bassine », à des fins agricoles cristallise toutes les tensions. Ce lundi, le pronostic vital de deux manifestants était encore engagé. 441 policiers et gendarmes ont été blessés.

Comme en octobre dernier, lors d’une précédente manifestation contre la construction de cette mega-bassine, plusieurs élus de gauche étaient sur le site en soutien des manifestants.

« Notre prérogative est de contrôler l’action du gouvernement »

« Nous étions présents en tant qu’écologistes, mais aussi en tant que parlementaires dont la prérogative est de contrôler l’action du gouvernement. Nous étions dans le dernier cortège, là où les blessés étaient pris en charge par les médecins des collectifs. Et nous avons vu des forces de l’ordre tirer des grenades de désencerclement et des gaz lacrymogènes dans notre direction alors que cette zone ne présentait aucun danger », rapporte Thomas Dossus (écologiste) l’un des deux sénateurs avec Daniel Salmon (écologiste) présents sur le site. Thomas Dossus n’hésite pas à parler « de fiasco et de dérapages » dans le maintien de l’ordre samedi.

La présence de sénateurs et celle de députés et eurodéputés de gauche en soutien des manifestants est mal passée du côté de la majorité présidentielle et de la majorité sénatoriale de droite. La présidente de l’Assemblée nationale, Yaël Braun-Pivet a fustigé la présence d’élus à un rassemblement qui avait été interdit par la préfecture. « Cela me gêne que des élus bravent la loi, l’enfreignent et se mettent en contradiction avec le mandat qui est le leur », a-t-elle commenté lors du Grand Jury » RTL-LCI-Le Figaro.

« La présence d’élus dans les émeutes de Sainte Soline malgré l’interdiction des manifestions est une honte absolue. Ils se rendent complices des violences. Soutien total aux forces de l’ordre. L’ordre doit être rétabli, la chienlit ça suffit ! », a tancé sur Twitter, le président du groupe LR du Sénat, Bruno Retailleau.

Les mega bassines sont-elles légales ?

Le sénateur écologiste, Daniel Salmon s’interroge : « Il serait illégal de manifester contre une construction illégale ? Ça en dit long sur notre état de droit ».

En novembre dernier aux questions d’actualité au gouvernement du Sénat, la Première ministre avait assuré que le projet de construction de la retenue d’eau de Sainte-Soline « avait passé toutes les étapes de processus d’autorisation ». « Dans le respect du principe de l’état de droit, il a pu faire l’objet de recours par les opposants qui ont perdu devant la justice », avait soutenu Élisabeth Borne.

Or, comme le rappelle le journal le Monde ce lundi, la cour administrative d’appel de Bordeaux ne s’est pas encore prononcée sur le sort de la mega-bassine de Sainte-Soline. « Il y a aussi un recours auprès du tribunal administratif d’Orléans contre le financement de seize bassines de la Sèvre niortaise et le Mignon. L’instruction n’est pas close. Il y a également une pétition déposée auprès de la commission des pétitions du Parlement européen pour non-respect des directives européennes nitrate, habitat, oiseaux, cadre sur l’eau, eaux souterraines, eau potable », cite Daniel Salmon.

« Il y a un vrai problème quand la doctrine du maintien de l’ordre entrave l’arrivée des secours »

Le sénateur d’Ille-et-Vilaine dénonce lui aussi des manquements dans le maintien de l’ordre. « Nous avons été témoins de tirs tendus, sans sommation, de gaz lacrymogène sur des manifestants non hostiles. Il y avait des Black blocs qui étaient venus là pour en découdre. Et je condamne toutes violences d’où qu’elles viennent. Mais le ministère avait positionné 3 000 policiers et gendarmes autour d’un cratère comme si c’était un château à prendre. Tout était bien orchestré pour qu’il y ait affrontement », estime-t-il.

« Nous avons dû négocier des heures avec la préfecture pour permettre aux secours d’accéder à la zone et prendre en charge les blessées dont une jeune manifestante à côté de moi qui était en train de perdre son œil. Il y a un vrai problème quand la doctrine du maintien de l’ordre entrave l’arrivée des secours », insiste Thomas Dossus.

La députée de la France Insoumise, Florence Guetté a annoncé le dépôt par son groupe d’une proposition de résolution pour la mise en place d’une commission d’enquête « sur les choix opérés en matière de maintien de l’ordre durant la manifestation de Sainte-Soline ».

Une initiative saluée par Thomas Dossus. « La commission des lois du Sénat s’était dotée des prérogatives d’une commission d’enquête après les incidents qui avait émaillé la finale de la ligue des Champions au Stade de France. Ce serait bien qu’elle le fasse pour Sainte-Soline ».

Lors d’un point presse lundi en fin de journée, le ministre de l’Intérieur a fait état de 200 individus connus des services de renseignements « dont de nombreux fichés S ». Gérald Darmanin a dénoncé « une déferlante de violences » de la part de ces individus qui avait « pour but de blesser ou de tuer des gendarmes ». « Une violence qui n’est pas comparable avec ce que nous avons connu depuis des années sur le territoire national », a-t-il pointé.

 

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