Sanofi : « Une erreur diplomatique énorme qui en d’autres temps aurait provoqué une guerre »
Le patron du groupe pharmaceutique français Sanofi a choqué en annonçant que les États-Unis et la Chine bénéficieront en priorité d'un éventuel vaccin contre la Covid-19 parce qu'ils ont été les premiers à en financer la recherche.

Sanofi : « Une erreur diplomatique énorme qui en d’autres temps aurait provoqué une guerre »

Le patron du groupe pharmaceutique français Sanofi a choqué en annonçant que les États-Unis et la Chine bénéficieront en priorité d'un éventuel vaccin contre la Covid-19 parce qu'ils ont été les premiers à en financer la recherche.
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Par Sandra Cerqueira

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En affirmant mercredi que si le laboratoire français trouve un vaccin, les États-Unis seront prioritaires car ils ont plus investi dans la recherche, le directeur général de Sanofi a provoqué un tollé et le gouvernement n’a pas tardé à réagir. Pour la secrétaire d’État à l’Économie, Agnès Pannier-Runacher, il serait « inacceptable » que Sanofi serve en priorité les États-Unis s’il trouve un vaccin contre le Covid-19. Édouard Philippe a affirmé quant à lui que « l’égal accès de tous au vaccin n’est pas négociable ».

Sanofi a eu beau nuancer ce jeudi, en invitant l'Europe à se montrer « plus efficace , affirmant qu’en cas de découverte d’un vaccin efficace « il sera accessible à tous. » « Le mal est fait » assure Alain Milon, président de la commission des affaires sociales au Sénat. « C’est une déclaration vexante, déplacée. Une erreur diplomatique énorme qui en d’autres temps aurait provoqué une guerre. »

Sanofi a bénéficié de dizaines de millions de crédits d’impôts en France

Pour Xavier Iacovelli, c’est une déclaration « indécente » qui pose la question «  une fois de plus de ces entreprises cotées au CAC 40 recevant des subventions publiques de l’État. »  C’est le cas de Sanofi qui a bénéficié de 150 millions d'euros de crédits d'impôts ces dernières années, que ce soit sous la forme du crédit d'impôt recherche (CIR) ou du crédit d'impôt compétitivité emploi (CICE). « Sanofi a réalisé 7 milliards d’euros de profit et distribué 4 milliards d’euros de dividendes pendant la crise du Covid tout en licenciant à tour de bras, c’est scandaleux !» s’insurge le sénateur. Il réclame de revoir « une bonne fois pour toutes » les conditions d’attribution des aides publiques.

Nationaliser les entreprises pharmaceutiques comme Sanofi

Seule solution selon Fabien Gay, nationaliser les entreprises pharmaceutiques et créer un pôle public du médicament pour sortir tout ce qui touche à la santé du secteur marchant : « Sanofi dépend à 80% de la Sécurité sociale française pour son chiffre d'affaires. Le médicament ne doit pas être une marchandise ! C’est un bien commun. » Plus qu’à hausser le ton, le sénateur appelle la France à agir : « Le gouvernement a beau jeu s’indigner contre Sanofi mais il faut aller plus loin. Veut-on vraiment mettre un terme à un système où tout relève du marché, cette façon de se vendre a plus offrant ? Elle est là la question de fond.  »

« Les Américains sont efficaces »

Le patron du groupe pour la France, Olivier Bogillot a promis que théoriquement « l’objectif, c’est que le vaccin soit disponible à la fois aux États-Unis, en France et en Europe de la même manière. » Mais, dans les faits, cela sera possible « si les Européens travaillent aussi rapidement que les Américains », a-t-il précisé, renvoyant ainsi les autorités européennes à leurs responsabilités. « Les Américains sont efficaces en cette période. Il faut que l’UE soit aussi efficace, en nous aidant à mettre à disposition très vite ce vaccin », a insisté Olivier Bogillot, rapportant en être au stade des « pourparlers » avec les autorités européennes ainsi qu’avec des pays comme la France et l’Allemagne.

Un enjeu de souveraineté européenne

Mais comment faire le poids face aux États-Unis qui ont déjà promis plusieurs centaines de millions d’euros, en plus de faciliter les démarches réglementaires pour permettre les recherches ?  Le sénateur Michel Amiel est persuadé qu’il faut aller vers plus de souveraineté européenne dans le domaine de la santé même si c’est «  compliqué » car cela relève du droit des États membres. « Tout est à inventer mais c’est à ce prix qu’on évitera tous les dysfonctionnements connus pendant cette crise sanitaire avec les masques, les tests, et maintenant avec le vaccin. » Plus d’indépendance en la matière pour éviter aussi de dépendre des Chinois ou des Américains.

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