Sénat : création du groupe «République et territoires – les indépendants» avec 11 sénateurs
Un nouveau groupe se crée au Sénat. Appelé « République et territoires – les indépendants », il rassemble 11 sénateurs, essentiellement issus des LR, qui auront une attitude constructive à l’égard d’Emmanuel Macron. Mais ils soutiennent Gérard Larcher.

Sénat : création du groupe «République et territoires – les indépendants» avec 11 sénateurs

Un nouveau groupe se crée au Sénat. Appelé « République et territoires – les indépendants », il rassemble 11 sénateurs, essentiellement issus des LR, qui auront une attitude constructive à l’égard d’Emmanuel Macron. Mais ils soutiennent Gérard Larcher.
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Faire-part de naissance au Sénat. Un nouveau groupe voit le jour à la Haute assemblée. Le sénateur LR Claude Malhuret a annoncé ce lundi, au cours d’une conférence de presse, la création du groupe « République et territoires – les indépendants », la version sénatoriale des Constructifs de l’Assemblée nationale. Mais ne les appelez pas surtout pas « Constructifs ». Le groupe ne se veut pas la copie du groupe qui rassemble 35 députés.

« Nous ne sommes ni suivistes, ni en opposition systématique »

Claude Malhuret, avec le sénateur de la Somme Jérôme Bignon, a réussi à rassembler les 10 sénateurs nécessaires pour créer un groupe au Sénat. 11 exactement. Ils ont soutenu Juppé, Le Maire ou même Fillon à la primaire. On trouve le LR Jérôme Bignon, l’UDI Joël Guerriau, les LR investis par En Marche aux sénatoriales, le nouvel élu Emmanuel Capus et Colette Mélot, déjà sénatrice et seule femme du groupe… Mais aussi Daniel Chasseing, qui était au groupe LR, tout comme Alain Fouché, Alain Marc, membre du Parti radical valoisien. On compte aussi deux nouveaux élus du département du Nord, Jean-Pierre Decool et Dany Wattebled et Jean-Louis Lagourgue, élu à La Réunion. « Ton prénom, déjà ? » demande un élu de 2014 à un nouvel élu, assis à ses côtés. Ces 11 sénateurs devront apprendre à travailler ensemble et à se connaître.

« Le positionnement du groupe, c’est d’abord l’indépendance et la liberté », explique son nouveau président, Claude Malhuret, à l’origine juppéiste. « Nous souhaitons que la France réussisse. Ce qui ira dans le bon sens, nous le voterons. Si ce n’est pas le cas, nous ne le voterons pas. Nous ne sommes ni suivistes, ni en opposition systématique. (…) Nous ne sommes pas là pour préparer 2020 (…) ou être des supplétifs, mais pour exprimer notre indépendance » ajoute l’ancien maire de Vichy (voir les images de Stephane Hamalian). Il tient particulièrement à ne pas être qualifié de Constructifs, qui sont globalement, pourtant, sur la même ligne. « Je comprends que la nuance sémantique soit réduite. On est sur la ligne de crête ». L’image des Constructifs de l’Assemblée, qui semblent avant tout dans la majorité, les a fait réfléchir. Ils sont aujourd’hui peu audibles.

« Les petits groupes ont plus de pouvoir d’influence que les grands »

Ces « Indépendants », qui défendront une ligne de centre-droit « libérale, européenne et sociale » votent ainsi tous pour Gérard Larcher à la présidence du Sénat. Ils sont donc dans la majorité sénatoriale. Et la majorité présidentielle ? Ça dépendra. Sur le budget, qui définit en général l’appartenance ou non à une majorité, ils ne se prononcent pas encore. S’ils défendent les réformes économiques d’Emmanuel Macron, ils critiquent ses mesures sur les collectivités. Quant à la réforme constitutionnelle et la réduction du nombre de parlementaires, pas de blanc-seing. Ils ne veulent pas que la représentation des zones rurales soit mise à mal et n’apprécient pas vraiment le non-cumul dans le temps. Comme… Bruno Retailleau, président du groupe LR. Pourquoi alors ne pas rester à la maison ? C’est ce que fait finalement Fabienne Keller, qui était tentée à l’origine de créer ce groupe des Constructifs. Pour Claude Malhuret, c’est la « recomposition politique » à l’œuvre depuis l’élection d’Emmanuel Macron, qui les pousse à faire bande à part. Quant à Fabienne Keller, certains affirment que la sénatrice du Bas-Rhin s’est retrouvée isolée et aurait espéré présider le groupe, à la place de Claude Malhuret.

Reste qu’à 11, il est difficile de s’organiser et de peser. Pour le premier obstacle, la présence en commission et en séance nécessitera beaucoup de temps aux 11 élus, dont un de La Réunion. Claude Malhuret le sait bien : « C’est le groupe Les indépendants et masochistes » rigole le sénateur de l’Allier, « c’est un vrai sujet » reconnaît-il. Pour ce qui est de peser, Jérôme Bignon voit au contraire une force dans le petit nombre : « Notre spécificité est d’être petit, mais notre poids intellectuel est grand. En commission mixte paritaire, il y aura besoin de notre accord par exemple. Les petits groupes ont plus de pouvoir d’influence que les grands » pense le sénateur de la Somme. Il ajoute :

« A l’intérieur des LR, on est noyé. Il y a un travail partagé qui n’est pas toujours facile, voire difficile ».

« La semaine dernière, tout le monde a eu Gérard Larcher au téléphone. Il n’y a pas de problème »

Ces LR Indépendants risquent-ils une exclusion des LR en bureau politique ? « On ne s’est pas vraiment posé la question » assure Claude Malhuret, qui n’y croit pas. Il en veut pour preuve son déjeuner avec Gérard Larcher. « Et la semaine dernière, tout le monde l’a eu au téléphone. Il n’y a pas de problème ».

Après la conférence de presse, la petite troupe immortalise le moment, sur les marches du perron de la cour d’honneur du Sénat, pour une photo de groupe. Jérôme Bignon s’en amuse : « Il vaut mieux un petit chez soi, qu’un grand chez les autres ». Le groupe espère grandir à l’avenir, notamment après l’élection probable de Laurent Wauquiez à la tête des LR. Claude Malhuret croise un juppéiste, resté pour l’heure au groupe LR : « Alors t’as lancé ton groupe ? Bon, on se cause… » Peut-être un futur collègue.

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