Sénatoriales 2017 : Pourquoi Nicole Bricq fait marche arrière ?

Sénatoriales 2017 : Pourquoi Nicole Bricq fait marche arrière ?

Le retrait de la candidature en Seine-et-Marne de Nicole Bricq aux sénatoriales constitue un coup dur pour La République en marche, qui n’a toujours pas finalisé ses listes pour le 24 septembre.
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Le casse-tête de la République en marche (LREM) pour la préparation des élections sénatoriales n’est pas fini. Le départ soudain de Nicole Bricq ce lundi porte un coup dur au mouvement, qui est en pleine négociation des listes pour les sénatoriales. Investie tête de liste dans son département de la Seine-et-Marne en juillet, la sénatrice, et marcheuse de la première heure, a décidé de retirer sa candidature.

Dans une déclaration publiée hier, la sénatrice (ex-PS) explique avoir pris sa décision « avec gravité » et a dénoncé la formation d’une liste « s’adressant aux électeurs sénatoriaux de la droite modérée ». « Deux listes se présentant sur un espace commun électoral délimité briseraient tout objectif de succès », a-t-elle ajouté.

 «L’ambition » du colistier

Sans le nommer, l’ancienne rapporteure générale du Budget au Sénat a pointé du doigt son « colistier » issu de la droite, Arnaud de Belenet. Il avait « sans doute ayant plus d’ambition que ce qui lui accordait sa place sur notre liste », estime la sénatrice, qui dénonce une « entreprise de maquignonnage ».

Sollicitée à deux reprises par Public Sénat, Nicole Bricq n’a pas souhaité faire d’autres commentaires. En coulisses, on pointe les manœuvres d’Arnaud de Belenet. Maire (LR) de Bailly-Romainvilliers et président de Val d’Europe agglomération, il avait décidé de parrainer Emmanuel Macron à la mi-mars pour la présidentielle. Ironie de l’histoire, Nicole Bricq avait demandé elle-même qu’il figure sur sa liste.

D’après une source proche du groupe La République en marche, ce vice-président du Conseil département de Seine-et-Marne, aurait pris ces derniers jours la température sur le terrain, poussé par des élus LR constructifs. Il se serait aperçu qu’il pouvait compter sur le soutien de trois fois plus de grands électeurs que sa colistière Nicole Bricq. Toujours selon la même source, l’élu serait même prêt à constituer sa propre liste et… à en prendre la tête.

« Elle est compétente et elle travaille sur ses dossiers »

Au sein du groupe La République en marche, plusieurs sénateurs « regrettent » la décision de leur collègue Nicole Bricq, présente depuis la naissance du groupe en juin. À commencer par son président François Patriat. « Je le regrette, j’en suis un peu triste », réagit le sénateur de la Côte-d’Or, ajoutant : « La décision lui appartient. Elle mieux à même d’apprécier la situation locale que je ne le suis moi-même. »

François Patriat, « un peu triste », après le retrait Nicole Bricq de la liste sénatoriale
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Images : Aurélien Romano

Membre de la commission des Affaires sociales, la sénatrice avait défendu avec vigueur, la semaine dernière, le projet de loi d’habilitation à légiférer par ordonnances sur le Code du travail.

« Je considère que Nicole Bricq est une grande parlementaire, non seulement elle est présente mais en plus elle est compétente et elle travaille sur ses dossiers. Sa personnalité n’est pas en cause, ses compétences non plus », reconnaît François Patriat. Pour André Gattolin, sénateur des Hauts-de-Seine, issu des écologistes, Nicole Bricq représente « un apport essentiel » au groupe.

« Nous avons besoin de gens solides »

« Bien évidemment personne n’est indispensable, mais elle a des compétences évidentes à la commission des Finances. Des compétences, nous en avons besoin », insiste Bariza Khiari, l’une des autres figures du groupe LREM, qui siège à la commission d’investiture du parti.

À l’heure où des députés de la nouvelle majorité à l’Assemblée nationale se voient reprocher leur inexpérience parlementaire, LREM se préoccupe du devenir de certains postes clés à la Haute assemblée après les sénatoriales de septembre.

« Nous avons absolument besoin d’avoir des gens solides. C’est d’ailleurs pour ça que nous avons investi Nicole Bricq et Alain Richard. Parce qu’il faut tenir la commission des Finances et il faut tenir la commission des Lois », explique Bariza Khiari.

Sénatoriales : « Des compétences, nous en avons besoin », insiste Bariza Khiari
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Images : Aurélien Romano

En tout cas, Nicole Bricq « conserve toute la confiance de la commission d’investiture ». Bariza Khiari espère que sa collègue reviendra sur sa décision.

Connaissant le caractère de la sénatrice, un autre membre du groupe LREM issu du PS, croit lui que cette décision est irrévocable.

Les conclusions de la commission d’investiture se font attendre

Pendant ce temps, la commission nationale d’investiture, avec Jean-Paul Delevoye à sa tête, poursuit ses travaux. Moins de 50 personnes, pour 170 sièges renouvelables, ont pour l’heure été investies par La République en marche.

Sachant que les élections sénatoriales ne sont déjà pas jugées faciles pour le jeune parti, compte tenu du corps électoral, certains sénateurs du groupe commencent à trouver le temps long.

« Il y a parfois des tensions et une forme d’agacement aussi sur le temps qui se produit. En même temps, il y a des procédures qui sont très ouvertes », note André Gattolin, investi lors de la deuxième vague de noms, le 25 juillet.

Sénatoriales : « Il y a parfois des tensions », déclare André Gattolin
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Images : Aurélien Romano

Quant à François Patriat, qui note que les choses « restent à caler » dans quatre ou cinq départements, il juge urgent d’entrer enfin en campagne :

« Je souhaite – je viens d’en parler au chef du gouvernement – que la situation soit clarifiée tout de suite, que les décisions soient prises, que les gens puissent partir en campagne et qu’on cesse avec les polémiques. »

Investitures : « Je souhaite que la situation soit clarifiée tout de suite », déclare François Patriat
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Images : Aurélien Romano

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