Sénatoriales : ce qu’il faut retenir du scrutin, parti par parti

Sénatoriales : ce qu’il faut retenir du scrutin, parti par parti

La droite et le centre sont confortés par les élections sénatoriales. Les résultats sont en revanche décevants pour la République en marche, dont le nombre de sénateurs recule.
Public Sénat

Par Guillaume Jacquot et François Vignal

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  • La majorité de droite renforcée après le renouvellement

Logiquement, la droite sénatoriale sort renforcée du scrutin et progresse dans plusieurs départements, malgré des dissidences. De 142 membres, il passerait à près de 160 membres.

Il faut dire que les grands électeurs étaient le fruit d’élections locales largement remportées par la droite pendant le quinquennat Hollande, et que le groupe LR était le moins exposé par le renouvellement de 2017 : seuls 37% de ses membres remettaient leur siège en jeu.

En fin d’après-midi, au Sénat, la salle des conférences s’anime, rompant son calme habituel. En apprenant la contre-performance d’En Marche et les bons résultats de la droite, Pierre Charon, réélu à Paris, ne peut qu’apprécier : « C’est du miel à mes oreilles » lâche le sarkozyste, dont la liste n’a fait qu’un siège dans la Capitale, face aux deux autres listes de droite de Philippe Dominati (deux sièges) et de Catherine Dumas (un siège).

Pour Gérard Larcher, le président du Sénat qui devrait être reconduit dans cette fonction le 2 octobre, les grands électeurs ont « clairement affiché la volonté de voir exister un contre-pouvoir parlementaire », face à une Assemblée nationale dominée par LREM. Dans sa lecture des résultats, le sénateur réélu dans les Yvelines estime que les élus locaux « ont besoin d’une relation de confiance et de respect avec l’exécutif ».

  • Le groupe Union centriste en progression également

Les élus de l’UDI, du MoDem et de la famille radicale sont les autres gagnants de la journée. Le président actuel du groupe François Zocchetto, qui va se consacrer à la mairie de Laval, va transmettre un groupe agrandi. Selon lui, le groupe UC pourrait dépasser les 50 membres. À la fin de la dernière session parlementaire, ils étaient, rappelons-le, 42. « On a connu pire soirée pour nous » sourit l’UDI Hervey Maurey.

Le groupe s’imagine plus que jamais comme un groupe pivot dans la Haute-Assemblée. « Nous n’avons ni vocation à être des supplétifs d’En Marche, nous n’avons pas non plus vocation à être les clones des Républicains. Nous avons une démarche centrale », a déclaré Jean-Marie Bockel (UDI). Le groupe devrait voter à nouveau sur la ligne à tenir à l’égard d’Emmanuel Macron. En juillet, il se plaçait aux côtés du chef de l’Etat. Mais certains sénateurs préféreraient prendre un peu leurs distances.

  • La République en Marche rate son pari et perd des sénateurs

Douche froide en revanche pour le parti présidentiel. Certes, le groupe LREM, qui partait de 29 membres cet été, était loin de doubler son importance, comme l’envisageait François Patriat, le président du groupe, il y a encore deux mois. Durant la dernière semaine de campagne, le parti tablait plutôt entre 30 et 40 sénateurs. Selon des résultats encore incomplets, le groupe LREM pourrait ne pas dépasser 27 sénateurs.

Pour François Patriat, « ce n’est pas un succès ». Mais le sénateur minimise le résultat : « L’élection de ce soir est un épiphénomène dans la vie politique ». L’ancien socialiste, qui considère que ces premières élections sénatoriales ne pouvaient pas être favorables au jeune parti, se dit optimiste sur une croissance de l’effectif dans le futur.

Affirmant que « ce n’était pas le rôle du Sénat d’être un contre-pouvoir », le sénateur de la Côte-d’Or anticipe des majorités qui se constitueront « texte par texte ».

  • Les socialistes limitent leur recul

Le groupe socialiste et républicain s’attendait à un recul, après ses défaites lors des municipales de 2014 et des départementales de 2015. Parti de 86 sénateurs avant l’élection, son nombre est ramené à environ 79 membres à l’issue de ce renouvellement. Le sénateur de Paris David Assouline, réélu ce dimanche, s’est dit sur notre antenne convaincue que les socialistes resteraient la deuxième force politique du Sénat. « Cela va nous donner un poids important dans l’institution », assure Laurence Rossignol, réélue dans l’Oise. « Le Sénat va être un contre-pouvoir important », affirme-t-elle.

« On limite la casse » lâche une sénatrice PS, élue de longue date. Mais elle s’inquiète du nouvel équilibre chez les socialistes : « La tendance frondeuse monte. Ça va changer l’équilibre au groupe ». Deux lignes bien distinctes se dessinent : l’une qui se veut clairement dans l’opposition et l’autre, défendue par le président de groupe Didier Guillaume, qui se veut constructive à l’égard du pouvoir.

  • Le groupe communiste survit au renouvellement

Des inquiétudes pesaient sur la survie du groupe communiste, républicain et citoyen au début de l’été. Finalement, le groupe CRC est parvenu à sauver un minimum de dix sièges nécessaires à sa survie. « Mathématiquement, ce n’était pas acquis, donc il s’est passé quelque chose parmi les électeurs de gauche qui ont souhaité l’entrée de notre groupe », a déclaré sur notre antenne Pierre Laurent, réélu à Paris. Le groupe, dans lequel 16 membres sur 18 étaient concernés par le renouvellement, est abaissé à au moins 12 sénateurs.

  • Réélus, des sénateurs écologistes espèrent une renaissance de leur groupe

Créé avec 10 sénateurs en 2011, le groupe écologiste avait disparu en juin après le départ d’André Gattolin pour le groupe LREM. Ce dimanche, plusieurs figures de l’ancien groupe ont été réélues alors qu'elles étaient menacées : comme Esther Benbassa à Paris, Ronan Dantec en Loire-Atlantique ou encore Joël Labbé dans le Morbihan. Guillaume Gontard (soutenu par les communistes et EELV) a également été élu dans l’Isère.

Ronan Dantec espère néanmoins constituer un groupe : « Il y a au moins quatre ou cinq écologistes, ainsi que des divers gauche qui ne se retrouvent pas dans les autres offres (…) Je crois que c’est faisable. C’est déjà un peu un appel.»

  • Le Front national reste à deux sénateurs

Le Front national n’a pas réussi à progresser, notamment dans les Hauts-de-France, et restera à deux sénateurs. Le parti de Marine Le Pen sera représenté à la Haute Assemblée par Stéphane Ravier, et le successeur de David Rachline, qui a fait le choix de la mairie de Fréjus, en vertu de la loi sur le non-cumul des mandats. Ces deux élus sont actuellement à mi-mandat.

Marine Le Pen souligne néanmoins que son parti progresse en nombre de voix. « Nous avons progressé grâce à nos bons scores aux différents scrutins. Tout ceci me renforce dans l'idée que l'implantation locale est une absolue priorité. »

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