Sénatoriales : ce que vous n’avez pas vu dans les listes

Sénatoriales : ce que vous n’avez pas vu dans les listes

On compte 1.996 candidats aux sénatoriales du 24 septembre, un nouveau record qui se traduit par de nombreuses dissidences, surtout à droite mais aussi à gauche. Le point sur les listes, avec quelques invités de marque…
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Parfois critiqué, le Sénat attire pourtant les convoitises. Les candidats avaient jusqu’à vendredi, 18 heures, pour présenter leur liste aux sénatoriales. Un nouveau record a été battu. Pas moins de 1.996 candidats vont se présenter le 24 septembre prochain (voir le détail sur le site du Sénat). La moitié des sièges de la Haute assemblée sont remis en jeu dans la moitié des départements. Le scrutin concerne exactement 171 sièges. En 2014, lors du dernier scrutin, 1.733 candidats avaient tenté leur chance. Un record déjà .En 2011, ils avaient été 1.374 candidats et 754 en 2008.

La République En Marche revoit ses ambitions à la baisse

Pour les départements les plus peuplés, élisant 3 sénateurs ou plus, l’élection se fait par scrutin de liste, à la proportionnelle. Les départements moins peuplés élisent 1 ou 2 sénateurs au scrutin uninominal majoritaire à deux tours. Dans ces départements, on ne présente donc pas de listes mais un seul candidat (et un suppléant).

Globalement, La République En Marche, qui présente des candidats partout, a revu ses ambitions à la baisse pour ce scrutin (lire notre article). Les LR devraient remporter l’élection et conserver leur majorité, qu’elle détient avec le groupe UDI, même si les dissidences lui feront perdre des sièges. Les socialistes perdront des sénateurs. « Le moins possible » espère le président de groupe Didier Guillaume. Les communistes pensent pouvoir conserver leur groupe. Le FN, qui n’a que deux sénateurs, espère simplement doubler ce nombre.

Paris illustre cette inflation de candidats. 13 listes sont enregistrées, dont trois de droite, une UDI, une PS, une PRG, une EELV, une PCF et une divers gauche et une du Parti animaliste.

5 listes de droites dans les Hauts-de-Seine et en Isère

Les dissidences frappent surtout la droite. C’est habituel. Dans les Hauts-de-Seine, le sortant LR Roger Karoutchi se retrouve face à 4 autres listes de droite (et une UDI). Dans les Yvelines, le président LR du Sénat, Gérard Larcher, est lui-même confronté à 3 listes de droite, dont celle de l’ex-député LR Jacques Myard. En Isère, 5 listes de droite également. Dans la Manche, on compte deux listes officiellement investies par LR. Dans ce département au scrutin proportionnel, c’est une manière de contourner la parité et espérer faire réélire les deux sortants Philippe Bas, président de la commission des lois, et Jean Bizet, président de la commission des affaires européennes.

Côté personnalités, un seul membre du gouvernement est candidat à une place éligible. Il s’agit de Jacqueline Gourault, ministre auprès du ministre de l’Intérieur Gérard Collomb. Cette proche de François Bayrou était déjà sénatrice Modem du Loir-et-Cher, où elle se représente. Gerald Darmanin, ministre des Comptes publics, est lui sur la liste LREM du Nord, en place non éligible.

Brice Hortefeux candidat dans le Puy-de-Dôme

Dans le Puy-de-Dôme, Brice Hortefeux est candidat aux sénatoriales sur la liste LR. L’ancien ministre de l’Intérieur, proche de Nicolas Sarkozy, occupe cependant la troisième place, non éligible. Une manière de soutenir la liste.

De la même manière, Steeve Briois, maire FN d’Hénin-Beaumont, occupe la dernière place de la liste FN du Pas-de-Calais, menée par son adjoint Christopher Szczurek. C’est l’une des meilleures chances du FN de remporter un siège de plus. Mais le FN doit faire face à deux listes dissidentes avec celle d’Hugues Sion (Rassemblement bleu mine) et la liste du Parti de la France, fondé en 2009 par Carl Lang, et menée par Monique Delevallet.

LREM retoque la liste soutenue par Manuel Valls en Essonne

Situation particulière en Essonne, où une liste soutenue par Manuel Valls a été retoquée par LREM, selon L’Opinion. L’ex-PS Olivier Léonhardt a quand même déposé sa liste, avec Francis Chouat, un proche de l’ancien premier ministre. Mais comme rien n’est jamais simple, c’est Carlos Da Silva, l’ancien suppléant de Manuel Valls à l’Assemblée, qui mène la liste socialiste.

En Seine-Saint-Denis, la liste PS a été au dernier moment modifiée. Un accord de dernière minute a été passé entre le PS et EELV. Conséquence : la sénatrice PS sortante, Evelyne Yonnet, qui devait occuper la seconde position, s’est retrouvée évincée au profit d’une élue EELV. Mise devant le fait accompli, elle n’a pas eu son mot à dire. Sur Public Sénat, elle s’est dite « meurtrie ». « Les partis politiques ont malheureusement tendance à oublier l’humain et à ne s’occuper que de la politique » regrette Evelyne Yonnet, pour le moins amer. Regarder :

Sénatoriales : Evelyne Yonnet « meurtrie » par son éviction de la liste PS en Seine-Saint-Denis
03:14

Une candidate Rom en Seine-Saint-Denis

Toujours en Seine-Saint-Denis, une candidate au profil atypique se présente. Anina Ciuciu est d’origine Rom et le revendique, sans vouloir jouer la « Rom de service ». Cette future avocate est âgée de 27 ans.

En Isère, face à l’ex-ministre et sortant socialiste André Vallini, la gauche de la gauche a déposé une liste d’union, menée par Guillaume Gontard, maire de sensibilité écologique. La liste mêle PCF, membre du nouveau parti de Benoît Hamon et EELV.

Laurent Baumel candidat en Indre-et-Loire

En Indre-et-Loire, les habitués de l’Assemblée nationale reconnaîtront Laurent Baumel, l’un des principaux frondeurs PS sous le quinquennat Hollande. Le PS lui a cependant accordé l’investiture comme tête de liste. A noter qu’en Maine-et-Loire, PS et EELV ont fait là aussi un accord pour une liste commune. Mais un dissident PS a déposé aussi sa liste. Dans le Morbihan, on compte carrément quatre listes de gauche.

Dans le Val-de-Marne, c’est en revanche l’union de la gauche. C’est même la communiste sortante Laurence Cohen qui mène la liste, suivi d’un PCF, une PS et un EELV. Deux listes écolos sont cependant également déposées. Si cette liste d’union aux couleurs de la gauche plurielle constitue une exception, elle est due à des particularités locales dans le département de l’ancien sénateur PS Luc Carvounas (devenu député) et détenu par le sénateur communiste Christian Favier, qui ne se représente pas.

14 candidats dans les Pyrénées-Orientales et seulement 39 grands électeurs à Saint-Pierre-et-Miquelon

Enfin, c’est dans les Pyrénées-Orientales qu’on trouve le plus de candidats, avec 14 noms dans ce département où seuls deux sièges sont à pouvoir. A l’inverse, à Saint-Pierre-et-Miquelon, on ne compte que 3 candidats. Dont la sortante ex-PS Karine Claireaux, qui a rejoint le groupe LREM. L’île située au large de Terre-Neuve a une particularité : elle n’a que 39 grands électeurs pour représenter ses 6.000 habitants. Chaque candidat peut ainsi – réellement – rencontrer tous ses électeurs avant le scrutin. Encore une particularité des sénatoriales, élection pas comme les autres.

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