Sénatoriales : le RDSE à l’heure du rapprochement entre radicaux de gauche et de droite

Sénatoriales : le RDSE à l’heure du rapprochement entre radicaux de gauche et de droite

Le groupe RDSE, à majorité Radicale de gauche, devrait pouvoir se maintenir après les sénatoriales. Il pourrait même élargir sa famille, en accueillant des Radicaux de droite, à la faveur du rapprochement avec le PRG.
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Ce n’est pas le groupe politique du Sénat le plus connu du grand public. C’est pourtant le plus ancien. Le groupe du Rassemblement démocratique et social européen (RDSE) est typique de la Haute assemblée. Il rassemble des élus de gauche, essentiellement du Parti radical de gauche, mais aussi de droite et soutient majoritairement Emmanuel Macron, sans jouer les godillots. Il va peut-être vivre une mutation après les sénatoriales du 24 septembre, où 171 sièges sont en jeu. Une conséquence du bouleversement politique dû à la victoire d’Emmanuel Macron.

Sur les 16 sénateurs que compte le groupe RDSE, 7 sièges sont renouvelés (soit 44%). Théoriquement le groupe peut disparaître s’il perd ses 7 sièges, la limite se situant à 10 au Sénat pour former un groupe. D’autant que deux sénateurs ne se représentent pas et leur siège devraient être perdus. Il s’agit du président du groupe Gilbert Barbier (Jura), qui « en sage » a pris l’intérim jusqu’aux sénatoriales, après la nomination du PRG Jacques Mézard au gouvernement, et de Robert Hue (Val d’Oise), président du Mouvement des progressistes et ancien numéro 1 du PCF.

Mais Gilbert Barbier, seul membre des LR au sein du groupe, est confiant. « Le groupe sera au minimum à 11 sénateurs » selon son président. Françoise Laborde, sénatrice PRG de la Haute-Garonne, département non renouvelable, « sent bien les choses. On aura un groupe RDSE au Sénat après les sénatoriales ».

Estimation de 12 à 25 sénateurs après les sénatoriales

Selon les estimations, il y a un scenario du pire où le groupe se retrouverait à 12 ou 13 sénateurs. Un scénario très optimiste autour de 25 sénateurs. Du simple au double. Probablement que la vérité sera quelque part entre les deux.

Le groupe est pluriel. C’est même sa caractéristique. Il compte une majorité (relative) de Radicaux de gauche avec 7 sénateurs PRG (8 si on compte Yvon Collin qui n’est plus encarté au PRG), mais aussi l’ex-PS Jean-Noël Guerini (Force du 13) et Mireille Jouve, élue avec son soutien, des PS ou ex-PS comme Hermeline Malherbe ou Alain Bertrand, qui a reçu l’investiture d’En Marche en Lozère, ou encore Pierre-Yves Collombat, ancien du PS qui regarde du côté de la gauche radicale. Jean-Pierre Chevènement était aussi membre du RDSE.

« Il y a Pierre-Yves Collombat qui a soutenu Jean-Luc Mélenchon et moi j’ai soutenu François Fillon »

« Il y a Pierre-Yves Collombat qui a soutenu Jean-Luc Mélenchon et moi j’ai soutenu François Fillon » s’amuse presque Gilbert Barbier. « L’esprit du RDSE, c’est pas de sectarisme, les valeurs républicaines traditionnelles, avec bien sûr la laïcité, et la liberté de vote en fonction des textes. C’est un peu un groupe d’électrons libres mais avec un noyau de Radicaux de gauche » résume le président de groupe.

Presque un OVNI politique. « Oui, c’est très particulier » reconnaît Pierre-Yves Collombat, « c’est aussi parfaitement conforme à la Constitution. L’article 27 dit que tout mandat impératif est nul ». Autrement dit, la liberté devrait être consubstantielle de la fonction de parlementaire. Ce qui est loin d’être le cas, surtout au groupe LREM de l’Assemblée en ce moment. Le RDSE cultive lui cette différence. « Dans le fonctionnement du groupe En Marche, pendant la session extraordinaire, ça a été le doigt sur la couture du pantalon. Le RDSE, ça n’a jamais été ça » se réjouit un sénateur RDSE. « Le groupe a toujours été un groupe multiple. C’est le plus vieux groupe du Sénat. Il a été plus à droite ou plus à gauche selon les périodes. Il a toujours réuni des gens différents avec des valeurs communes. Mais les jours où on vote tous pareil, c’est assez rare » sourit François Laborde.

Le groupe RDSE ne serait-il pas finalement davantage un groupe technique, ce qui permet à des parlementaires de couleurs politiques différentes de former un groupe malgré un faible nombre ? « Oui et non » lâche un membre du groupe RDSE. « C’est vrai en un sens, car cela donne la possibilité de faire du travail comme un groupe. Mais non, car on a de vraies discussions. On est un petit groupe avec une quinzaine de personnes qui apprennent à se connaître et se respecter. Quand vous avez le temps de discuter, ce n’est pas que de la technique ».

Grande famille recomposée

Cette grande famille recomposée devrait accueillir de nouveaux membres, après les sénatoriales. Car la grande réunification des radicaux de gauche et de droite, avec le Parti radical valoisien, est en cours. La scission date de 1972. Du côté du groupe UDI, Jean-Marc Gabouty est à la manœuvre. Il est prêt à rejoindre le groupe RDSE et tente d’en convaincre quelques autres (lire notre article sur le groupe Union centriste). On compte 8 membres du Parti radical au groupe centriste et 3 au groupe LR. Si l’opération aboutie, tous ne sont cependant pas prêts à suivre.

Il y a déjà un groupe de travail au niveau de la direction des deux partis et des rencontres se sont faites au niveau des fédérations. Mais la difficulté vient du niveau local. Pas simple de demander à des militants PRG qui ont toujours été proches du PS de se tourner vers ceux qui étaient les alliés de l’UMP puis des LR, autrement dit leurs ennemis politiques. Et inversement. La socialiste Hermeline Malherbe, membre du groupe RDSE et candidate dans les Pyrénées-Orientales, confirme : « Ça peut-être très compliqué effectivement ». Ce rapprochement des radicaux ne la laisse pas elle-même indifférente : « Je ne dis pas que ça ne me questionne pas. Ce n’est pas si simple ».

On en saura déjà plus très vite. « On aura une bonne idée de l’envie et la capacité de chacun à s’écouter ce week-end » souligne Françoise Laborde. PRG et Parti radical tiennent en effet leur première université d’été commune à Montpellier. Si les retrouvailles se passent bien, les possibles pertes du groupe RDSE aux sénatoriales pourraient ainsi être compensées par l’arrivée de quelques Radicaux valoisiens. Il n’est pas impossible que le groupe se retrouve avec un nombre similaire de sénateurs, tout en renouvelant sa composition.

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