Sénatoriales : les départements à suivre de près dimanche

Sénatoriales : les départements à suivre de près dimanche

Les élections sénatoriales de ce dimanche 24 septembre rassemblent un nombre record de candidats : 1996 candidats. 170 sièges (plus une élection partielle) sont renouvelés, soit la moitié des 348 sièges de la Haute assemblée. Malgré de nombreuses dissidences, la droite devrait conforter sa majorité, qu’elle détient avec les centristes. LREM ne devrait pas faire de […]
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Les élections sénatoriales de ce dimanche 24 septembre rassemblent un nombre record de candidats : 1996 candidats. 170 sièges (plus une élection partielle) sont renouvelés, soit la moitié des 348 sièges de la Haute assemblée. Malgré de nombreuses dissidences, la droite devrait conforter sa majorité, qu’elle détient avec les centristes. LREM ne devrait pas faire de miracle, dans une élection où le parti dispose de peu d’élus locaux et donc de grands électeurs, qui élisent les sénateurs. Le PS va mécaniquement perdre des sièges. Conséquence là aussi des municipales de 2014, remportées par la droite.

Mais chaque élection sénatoriale est une élection à part entière. Les facteurs personnels, les enjeux et rapport de force locaux jouent beaucoup. Si dans les grandes villes, où les élus sont politisés, il est plus facile de prévoir les résultats, dans les zones rurales, le vote des élus non étiquetés peut rendre le scrutin incertain. Tout comme la multiplication des listes. De quoi donner quelques surprises dimanche soir. Le point sur quelques départements à suivre.

Paris

A Paris, on ne compte pas moins de 13 listes pour 12 sièges. La gauche, qui était partie unie en 2011 avec une liste PS-EELV-PCF et avait fait élire 8 sénateurs, part en ordre dispersé, comme dans la quasi totalité des départements. La liste PS, menée par Rémi Féraud, peut espérer faire élire 4 sénateurs. Mais la tête de liste de La République En Marche est l’adjoint aux finances d’Anne Hidalgo, Julien Bargeton, à l’origine socialiste. Il devrait faire perdre des voix de grands électeurs au PS. De quoi menacer la quatrième place de la sortante Marie-Noëlle Lienemann, membre de l’aile gauche du PS. LREM espère un ou deux sénateurs. Le sortant Pierre Laurent, numéro du PCF, mène la liste communiste et devrait être réélu. Chez les écologistes, Esther Benbassa, sénatrice EELV du Val-de-Marne, tente de garder son siège en se présentant à Paris. Mais elle doit faire face à la liste d’un ancien d’EELV. Une liste PRG/écologistes est aussi sur les rangs.

Si à gauche chaque parti présente sa liste, à droite, c’est la division chez les LR. Classique. Les tensions de la droite parisienne sont toujours là et se retrouvent aux sénatoriales. Le sortant Pierre Charon, qui n’avait pas l’investiture en 2011, l’a obtenu pour ce scrutin. Ce sarkozyste devra faire avec la liste de l’autre sortant, Philippe Dominati, qui espère être réélu, et une troisième liste, celle de Catherine Dumas, sénatrice de 2007 à 2011 et soutenue par Claude Goaguen, sur fond de bisbilles avec Pierre Charon. Elle espérait avoir la seconde place de la liste officielle, synonyme d’élection. Mais impossible d’avoir deux élus du XVIIe, puisque la troisième place a été réservée à Frédéric Péchenard. Ce proche de Nicolas Sarkozy a été imposé par l’ancien Président pendant la campagne présidentielle, à un moment où François Fillon avait besoin de son appui. Et ne pouvait lui dire non. Mais avec trois listes de droite, Frédéric Péchenard risque de ne pas être élu à sa troisième place. Le sortant UDI Yves Pozzo di Borgo, élu de justesse en 2011, tentera de garder son siège.

Seine-Saint-Denis

Tension à gauche en Seine-Saint-Denis, où la liste menée par le sortant PS Gilbert Roger, ancien maire de Bondy et soutien de Valls à la primaire, a été modifiée au dernier moment pour faire de la place à l’écologiste Anne Déo, suite à un accord de dernière minute entre PS et EELV. La sortante PS Evelyne Yonnet, qui occupait la seconde place avant de se voir éjectée sans avoir son mot à dire, s’est dite « meurtrie ». Reste que l’opération n’assure pas pour autant l’union à gauche, puisqu’une liste dissidente PS est menée par Aïssata Seck, 36 ans, adjointe à la maire de Bondy et porte-parole de Benoît Hamon à la présidentielle (voir notre article).

Les listes sont nombreuses à gauche : la présidente du groupe communiste, Eliane Assassi, visera sa réélection. Le PRG Ahmed Laouedj a aussi monté une liste, sans oublier la liste citoyenne d’Anina Ciuciu, jeune femme d’origine rom. Elle a le soutien de la sénatrice écologiste sortante Aline Archimbaud.

A droite, les sortants LR Philippe Dallier et l’UDI Vincent Capo-Canellas, chacun vice-présidents de leur groupe au Sénat, mènent des listes séparées. Ils espèrent être réélus, mais LREM présente Patrick Toulmet, marcheur de la première heure. De quoi prendre des voix de grands électeurs à la droite et apporter un peu plus d’incertitude. A noter que l’ancien député-maire UMP du Raincy, Eric Raoult, présente aussi sa liste dissidente à droite.

Hauts-de-Seine

Dans le département de l’ouest parisien, la droite part divisée. Pas moins de 5 listes concourent. Le sortant Roger Karoutchi mène la liste officielle, suivi de la vice-présidente LR du Sénat Isabelle Debré et Jacques Gautier, sénateur jusqu’en décembre 2016. Le sénateur-maire UDI de Meudon, Hervé Marseille, devrait être réélu. André Gattolin, sénateur ex-EELV qui a rejoint le groupe LREM, va tenter de conserver son siège.

Essonne

En Essonne, situation rocambolesque à gauche. L’ancien député vallsiste Carlos Da Silva mène la liste officielle PS. Mais il a face à lui une liste estampillée… vallsiste, avec à sa tête un ex-PS, Olivier Léonhardt, et en troisième place Francis Chouat, maire d’Evry. Le communiste Bernard Vera mène une liste PCF/Hamoniste/MRC. A droite, Serge Dassault ne se représente pas. C’est Jean-Raymond Hugonet qui mène la liste LR, devant Laure Darcos, l'épouse de l'ancien ministre de l'Education nationale, Xavier Darcos.

Yvelines

Le président LR du Sénat, Gérard Larcher, se représente dans les Yvelines. S’il sera réélu, il doit faire face à 3 autres listes de droite. Ce n’est pas anodin. L’ancien député Jacques Myard a notamment décidé de se lancer. Il reproche à Gérard Larcher une ligne trop conciliante à l’égard du chef de l’Etat et d’avoir voulu nommer au Conseil constitutionnel le Modem Michel Mercier, « un activiste pro-Macron de la première heure ».

Nord

La multiplication des listes de droite est un phénomène qui touche aussi le Nord. Pas moins de cinq listes sont sur les rangs pour onze sièges. L'ancien ministre et maire de Lambersart Marc-Philippe Daubresse mène la liste LR. La sortante UDI et ex-secrétaire d’Etat Valérie Létard, mène aussi sa propre liste.

Les choses ne sont pas évidentes pour la gauche, après les pertes des municipales 2014. L’ancien ministre des Sports, Patrick Kanner, tête de liste PS, peut cependant espérer être élu.

Pour LREM, c’est Frédéric Marchand, maire d’Hellemmes et proche de Martine Aubry, qui conduit la liste, après que Pierre Mathiot, ancien directeur de Sc Po Lille, a retiré sa candidature pour raisons personnelles. Mais En Marche part divisé. L’ex-sénatrice PS, Delphine Bataille, qui a rejoint le groupe LREM à sa création n’a pas eu l’investiture qu’elle demandait. En cause : des bisbilles passées et tenaces entre Jean-Paul Delevoye, ancien chiraquien qui a présidé la commission d’investiture de LREM, et Christian Bataille, député PS du Nord de 1988 à 2017 et père de Delphine Bataille. Pour compliquer le tout, la sénatrice sortante a le soutien du président du groupe LREM du Sénat, François Patriat.

Pas-de-Calais

Avec 4 sortants PS et un communiste, la gauche ne devrait pas se retrouver avec autant d’élus dimanche prochain dans le Pas-de-Calais. La faute là aussi à ses reculs aux élections locales. Les socialistes locaux se sont divisés durant l’été. Le président sortant du conseil départemental, Michel Dagbert, mène la liste avec le soutien de la fédération. Mais il doit faire face à Jean-Pierre Corbisez.

C’est sur la terre d’élection de Marine Le Pen que le FN dispose de sa plus forte chance – et elles sont minces globalement – de faire élire un sénateur. Christopher Szczurek, adjoint de Steeve Briois, maire FN d’Hénin-Beaumont, est tête de liste. Mais deux autres listes d’extrême droite sont en course.

Dans le département, LREM a préféré donner l’investiture au sénateur sortant Modem Jean-Marie Vanlerenberghe, qui soutient le chef de l’Etat. Une stratégie qui se retrouve dans plusieurs départements, avec des têtes de liste LR, UDI ou PS, qui ne siégeront pas nécessairement au groupe LREM. Les soutiens de Macron seront à trouver (et additionner) dans plusieurs groupes.

Maine-et-Loire

Dans le Maine-et-Loire, LREM a fait là aussi confiance à un élu venu de « l’ancien monde ». C’est un LR qui a reçu l’investiture d’En Marche. Il s’agit d’Emmanuel Capus, adjoint aux finances du sénateur-maire LR d’Angers, le juppéiste Christophe Béchu, qui ne se représente pas. Mais sa désignation a fait des vagues chez les « marcheurs historiques », ceux qui ont rejoint le mouvement dès le début et non après la présidentielle. Certains lui ont notamment reproché d’avoir relayé des tweets anti-Macron pendant la campagne. Emmanuel Capus devra donc faire face à une liste dissidente En Marche, celle de Jean-Charles Prono, avec en seconde place une autre adjointe de Christophe Béchu, la Modem Françoise Le Goff. S’il est élu, Emmanuel Capus a annoncé à publicsenat.fr qu’il siégerait au sein du groupe des Constructifs LR, que cherche à monter Fabienne Keller, et non au groupe LREM.

Isère

L’ancien secrétaire d’Etat André Vallini se représente et mène la liste PS. Mais à sa gauche, il doit faire face à Guillaume Gontard, maire proche des écologistes, à la tête d’une liste qui mêle PCF, proches de Benoît Hamon et EELV. Le genre de nouvelle union de la gauche déjà expérimentée à la mairie de Grenoble. Quant à la sortante PCF Annie David, elle passe la main. La droite part divisée avec 5 listes, mais elle peut espérer remporter au moins deux sièges.

Morbihan

Le Morbihan avait été l’une des surprises du scrutin de 2011. Les trois sièges avaient été remportés par la gauche, participant à la bascule de la Haute assemblée. Six ans après, le sénateur LR Roger Karoutchi n’en revient toujours pas. « On espérait conserver le Sénat avec 3 ou 4 voix de majorité. Mais du fait des divisions, le Morbihan, qui devait nous apporter 3 sièges, nous en a apporté 0… Résultat des courses, on a fini avec 6 sièges de retard » comme l’a raconté le sénateur à publicsenat.fr. Cette fois, la gauche part divisée avec 4 listes, tout comme la droite, en comptant la liste UDI. Mais la gauche a perdu plusieurs villes lors des municipales de 2014. De quoi arranger les affaires de la droite.

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